La prévision budgétaire de la France pour 2014 avait pour cadre des paramétres de croissance et d'inflation respectivement de 1 et 1,2%. Il en découlait compte tenu de la loi de finances adoptée un déficit public de 3,8 points de PIB.
La stratégie gouvernementale est un échec inscrit dans la réalité des chiffres
les chiffres viennent d'être corrigés en raison d'une hausse de prix de seulement 0,5% et d'une croissance plafonnant à 0,4%. Sans toucher à la dépense publique, les recettes fiscales adossées au PIB seront inférieures aux prévisions.
Et le calcul à mener est fort simple:
la croissance nominale passant de 2,2 ( 1% de croissance en volume +1,2% de hausse des prix) à 0,9 ( 0,5+ 0,4), il en résulte une assiette fiscale se réduisant de 1,3% (2,2 - 0,9 . Sachant que 1% de croisance en moins entraine une détérioration budgétaire de près de 0,5 point de PIB ( les prèvements publics représentent un peu moins de la moitié du PIB), il résulte de la nouvelle situation une aggravation du déficit budgétaire de 0,65 point de PIB, soit environ 13 milliards d'euros.
Globalement le deficit public prévu (3,8) sera réellement d'un peu plus de 4,4 points de PIB.
Il serait aisé de reprendre ce raisonnement, pour aborder la question du Budget 2015 en cours d'élaboration et constater l'énormé difficulté à venir. L'année 2015 s'annonçait avec une croissance nominale de 3,2 points, elle ne sera au mieux que de 1,9 point. Il en résultera là encore mécaniquement un accroissement du déficit de 0,65 points.
La stratégie des "réformes structurelles" aboutirait à un échec plus retentissant encore.
Bien évidemment les tenants des réformes structurelles diront qu'il fallait diminuer les dépenses publiques en volume.
Une telle hypothèse aurait entrainée pour 2014 les résultats suivants:
En considérant les chiffres de l'INSEE sur l'évolution du total de la dépense publique depuis 2009, il apparait que le glissement moyen fut, depuis cette date, de 26 milliards d'euros (total de 1100,6 en 2009 et de 1207,5 pour 2013). Sans même réduire le volume de la dépense, et en se bornant à son seul maintien nominal, cela signifierait pour 2014 une diminution probable de la dépense publique de 26 milliards d'euros par rapport à la réalité qui sera probablement constatée début janvier 2015.
Sur la base d'un multiplicateur budgétaire de 1,2 (FMI) et non de 0,7 (MESANGE), cela signifie une contraction de croissance de 31,2 milliards d'euros soit 1,5 point de PIB. C'est dire que l'année 2014 serait autrement plus difficile sur le terrain de l'emploi: une élévation considérable du chomage serait constatée.
Quand serait-il du solde public? Au delà du financement du chomage supplémentaire et autres dépenses de guichet associés, désormais gelés par la politique de blocage de la dépense, il resterait pourtant à enregistrer les baisses de recettes fiscales engendrées par la chute de l'activité. Les estimations sont difficiles, mais compte tenu du taux de prélèvement obligatoire, les 31,2 milliards de croissance en moins se traduisent mécaniquement par une diminution de 15 milliards de recettes publiques .
Si l'on fait le bilan, le solde budgétaire est travaillé par moins de dépenses (26 milliards) et moins de recttes (15 milliards), soit une réduction du déficit d'environ 11 milliards, ou un peu plus de 0,5 points de PIB.
Que conclure?
la stratégie gouvernementale de relative non austérité empêche la baisse du PIB avec toutes ses conséquences, y compris en terme d'aggravation du poids de la dette (passage selon Bercy de 91,8 points én 2013 à 95 en 2014), mais elle aggrave un solde budgétaire déjà très déficitaire (passage de 3,8 à 4,4 points de PIB).
L'autre stratégie, celle des réformes structurelles, produit l'effondrement du PIB avec toutes ses conséquences, y compris en termes d'aggravation du poids de la dette, mais réduit le déficit budgétaire ( passage de 3,8 à 3,3 points de PIB). Cette stratégie, accroit moins la dette en terme de flux, mais autant en terme de poids que la première.
Si approximativement équivalentes en termes d'évolution du poids de la dette, la présente stratégie gouvernementale de relative non austérité, domine celle des réformes structurelles, puisque la "casse économique et sociale" se trouve davantage contenue. Elle n'est pourtant pas une solution perenne en raison de l'accroissement de la dette
La conclusion est qu'il n'existe pas de solution - dans le cadre du paradigmen ordo-libéral que s'est imposée la France- à la résolution de la crise.
Les deux stratégies qui sont, de plus près ou de plus loin, celle de la servitude volontaire au regard de l'organisation monétaire et financière en place, entrainent l'effondrement du modèle économique et social du pays.