La remontée des taux depuis quelques jours semble apporter de nouvelles inquiétudes. A cet égard nous republions un texte en date du 27 octobre 2014, texte concernant à l'époque les tests de résistance. Cet article s'intitulait: "Tests de résistance positifs mais bilans bancaires fragilisés' et évoquait déjà le risque des taux trés bas.
Résumé: Les tests de résistances bancaires publiés le 26 octobre rassurent la zone euro. Pourtant les taux très faibles organisés par la BCE développent le risque d'un tsunami financier alors même qu'ils sont censés lui faire barrage.
La BCE rassure sur l'état de santé global des banques européennes. Il est vrai que l'examen de la méthodologie retenue est sérieux. Au delà d'une revue rigoureuse de la qualité des actifs (AQR), les tests de résistances ont intégré 5 grands risques (crédit, marché, titrisation, taux, souverain), dans deux scénarios ( actuel et adverse ou stressé), d'états macro-économiques ( croissance, chômage, taux longs, situation de l'immobilier, inflation).
Pour autant,il apparait que le risque de valeur des actifs est fort mal apprécié dans le modèle retenu, en raison de la politique de taux anormalement bas, développée par une BCE en grande difficulté dans sa volonté de relancer le crédit. C'est cette insuffisance qui fait l'objet de ce très bref billet.
Partons de la relation inverse entre taux et cours, propriété qui fait partie de l'outillage de base propre à la compréhension du fonctionnement des marchés financiers.
Prenons le cas de la dette publique en général.
Une émission de bons du Trésor à 5% signifie que si le titre bénéficie d'une valeur inscrite de 100, son acquéreur se verra octroyer un rendement de 5. Si le marché secondaire n'accorde pas sa confiance au titre, sa valeur boursière va se détacher de la valeur inscrite. Si l'on suppose que le cours passe ainsi de 100 à 50, cela signifie que l'acheteur sur le dit marché secondaire bénéficiera d'un coupon de 5 sur un titre qui ne vaut que 50, soit parconséquent une rentabilité de 10%. Un marché qui boude ainsi une dette publique, obligera l'Etat correspondant à offrir - au titre de ses nouvelles émissions- un taux de 10% et non plus de 5%, pour continuer à alimenter son Trésor. La conclusion figure dans tous les manuels d'économie : lorsque les taux baissent les cours montent et inversement, lorsque les taux augmentent les cours baissent.
Bien évidemment les actifs des bilans bancaires sont affectés par une montée des taux et, si par hypothèse extrême ils sont gorgés de dettes publiques, leur insolvabilité est vite assurée. D'où une crise systémique. D'où aussi l'utilité de stress-tests commençant par l'évaluation des actifs pondérés des banques, la célèbre AQR.
Tentons de reproduire le raisonnement dans la situation, encore présente aujourd'hui, où les taux sont durablement et depuis plusieurs années très faibles. Une défiance des marchés, par exemple concernant les dettes publiques de la zone sud de l'Europe, peut entrainer un passage de 1 à 2% des taux. Cela signifie que la valeur inscrite qui était par exemple de 100 ne vaut plus que 50, d'où la difficulté de recourir à des émissions nouvelles.
Pour autant, dans ce nouvel exemple la chute des cours (division par 2) ne résulte que d'une variation de seulement 100 points de base (1%) alors que dans l'exemple précédent la variation se montait à 500 points de base (passage de 5 à 10%.
La conclusion de ce petit exemple est simple : la sensibilité de la valeur des actifs bancaires est beaucoup plus importante dans les périodes où les taux sont durablement faibles. Corrélativement, elle l'est beaucoup moins lorsque les taux sont élevés. Cette sensibilité ne semble pas avoir été prise en compte dans l'évaluation des risques de taux par les organisateurs des stress-tests dont la publication vient d'intervenir.
C'est dire que, malgré les efforts passés de recapitalisation, et efforts à venir pour les banques mauvaises élèves, qui ne respectent pas encore les ratios CETI de 8% pour l'AQR et de 5% pour le stress test , la probabilité de risque systémique est beaucoup plus importante aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a 10 ans.