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9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 15:08

 

Il est maintenant unanimement accepté qu’il existe sur l’ensemble du monde une offre d’épargne largement supérieure à la demande d’investissements[1]. Cet excédent récurrent depuis le début du siècle est la première cause d’un affaissement progressif des taux de l’intérêt. Mais il est aussi la marque d’un déséquilibre plus fondamental entre offre globale et demande globale, et si l’incitation à investir est devenue si faible, c’est en raison de débouchés limités par le freinage des salaires.

Une hausse coordonnée et planétaire des salaires est pourtant impensable en mondialisation en raison de la liberté de circulation des marchandises et des capitaux qui font que les salaires ne sont plus un débouché fondamental mais seulement un coût[2]. La mondialisation se nourrissant de différences, la régulation d’ensemble s’est dans un premier temps manifestée par une hausse de l’endettement privé et public : ce fut le cas américain avec un achat de dette publique par une Chine excédentaire, mais aussi le cas français qui va par endettement venir combler les charges sur salaires devenues inadaptées au nouvel ordre du monde. Et ce fut aussi le cas de nombreux pays où la spéculation immobilière est venue nourrir une dette privée censée abonder des rémunérations jugées insuffisantes.

Plus on mondialise et plus le divorce fondamental entre offre et demande se renforce, et plus un excédent d’épargne viendra nourrir une dette publique ne passant plus par un investissement croissant, lequel venant nourrir une croissance qui ne sera plus celle des trente glorieuses. Le maintien relatif de cette dernière se fera sur la base de l’explosion des dettes publiques : la croissance très rapide de la Chine suppose celle des dettes publiques occidentales. Et à l’intérieur de ce modèle réduit de mondialisation que sera la zone euro, les croissances des pays périphériques seront le produit d’une véritable explosion des dettes privées et publiques (Espagne, France, Grèce, etc.)

C’est cette explosion qui a fait naitre en Europe ce que l’on a appelé la crise de la dette avec en particulier la montée des taux d’intérêt.

Les modalité concrêtes de construction de l’Euro ont interdit et interdisent encore toute forme de fédéralisme et ont débouché sous la houlette de l’Allemagne vers le développement de politiques de rigueur.

Les effets dépressifs de ces politiques se devaient d’être compensés par des politiques monétaires d’un type nouveau ce qu’on a appelé le QE déjà utilisé aux USA. De fait, l’objectif n’était pas une compensation de la rigueur économique mais un soutien au système bancaire et aux Etats victimes de taux insupportables, soutien permettant lui-même de renouer avec le financement des investissements.

Le bilan des QE se révèle aujourd’hui très limité[3]. Si l’explosion des dettes privées et publiques compensaient plus ou moins des salaires qui ne suivaient pas la croissance (cas américain) elles semblaient plus efficaces en Europe du sud où les salaires ont rapidement augmenté aves la naissance de la zone euro. D’où des forces dépressives plus importantes avec l’irruption des politiques d’austérité. D’où un QE bienvenu mais seulement compensateur des effets dépressifs, et donc ne venant pas résoudre durablement la question des débouchés des investissements potentiels.

Parce que le QE ne vient pas directement impacter l’équilibre macro-économique par une hausse directe de la demande globale , il n’augmente pas l’incitation à investir malgré des taux directeurs historiquement très faibles. De ce point de vue, la zone euro ne peut que stagner  sur un parking à l’écart de la croissance. Le QE ne fait que calmer la spéculation sur les spreads de taux , il ne débouche pas sur une dynamique d’investissements et de salaires. Le QE n’est donc pas en prise directe sur l’économie réelle.

« L’Helicopter money » (HM) évoqué par le président de la BCE sera-t-il en prise directe et si oui à quel prix ?[4]

Au-delà de sa répartition entre pays, la question est de savoir quelle est la modalité la plus efficiente : Investissements, ou « for the people » c’est-à-dire la consommation des ménages ?

Si effectivement les banques centrales deviennent organisatrices, directement ou indirectement,  de la distribution des dons ou crédits, nous nous heurtons à la question de l’éloignement du marché quant à la sélection et le périmètre  des projets. Très vaste débat que l’ultralibéralisme avait cru pouvoir régler  il y a bien longtemps. Rappelons les antiques polémiques entre Lerner, Lange et Dickinson d’un côté et Mises et Hayek de l’autre : Même si l’on est favorable à une économie de marché , ce dernier n’est pas un lieu d’ajustement passif (ce que pensaient les premiers) , mais un processus de création, lieu de toutes les innovations (ce que pensaient les seconds). Et de ce point de vue il est vrai que le choix loin du marché (règlement) brise l’innovation[5] On peut aussi se poser des questions plus juridiques : que devient le droit de la concurrence sur lequel s’appuie nombre de décisions européennes ?

Si maintenant, les banques centrales distribuent directement ou indirectement des revenus complémentaires aux ménages, il n’est pas sûr que l’on aboutisse à un schéma macroéconomique vertueux : Les ménages grecs importeront davantage et l’effet sur l’investissement porteur d’emplois se fera attendre….sauf si l’on renonce à la concurrence libre et non faussée…..ce qui réintroduit le règlement au détriment du marché….

Investissement ou consommation,  le HM est porteur d’un changement de paradigme.

Et si l’on raisonne aux limites, on peut très bien imaginer un HM « portant » l’intégralité de la masse salariale : A la banque centrale de supporter le coût du travail et à l’entreprise de bénéficier d’un surprofit équivalent à la masse salariale. Cela signifierait probablement une hausse des prix mais surtout une inflation sur les actifs car la masse salariale n’ayant pas augmenté les débouchés, les profits se trouvent moins dans l’investissement que dans la spéculation. D’où là aussi une question concernant la justification d’une intervention publique.

Le raisonnement aux limites ne fait que confirmer le changement de paradigme. Parce que la mondialisation qualifiée probablement à tort d’ultralibérale débouche sur la vieille question de l’incitation à investir, elle se heurte au mur de la tendance mondiale à la stagnation[6]. Sans doute faudra-il un jour passer par le HM, particulièrement en Europe, mais il faut se rendre compte qu’un tel passage se fera dans la douleur des résistants du libéralisme en vigueur. Et pas simplement dans la seule zone euro.

 


 

[1] Ce que Mario Draghi vient de rappeler le 2 mai dernier dans son discours à Francfort.

[2] Cf http://www.lacrisedesannees2010.com/2015/08/l-intensification-de-la-crise-planetaire-de-surproduction.html. Cf également : http://www.lacrisedesannees2010.com/article-mir-acles-de-l-offre-competitive-et-aggravation-de-la-crise-planetaire-de-surproduction-123382311.html

[3] Cf : http://www.lacrisedesannees2010.com/2016/04/questions-autour-de-l-euro-qe-helicopter-money-ou-reconstruire-le-circuit-du-tresor.html

[4] On aura une vue globale du HM en consultant : http://www.lacrisedesannees2010.com/2016/04/gestion-de-l-euro-l-helicopter-money-peut-il-remplacer-le-necessaire-deversement-des-excedents-allemands-vers-le-sud-il-est-inutile

[5] Sans revenir aux fondamentaux de la théorie on pourra lire le très court article de Sofiane Aboura dans les Echos du 9 mai : « Gouvernement ou marché : qui gère le mieux l’économie ? ». l’auteur s’amuse ainsi à montrer que la cigarette électronique est une innovation de marché autrement efficace que la lutte contre le tabagisme…..il reste à démontrer que la gestion  d’EDF est plus satisfaisante depuis son immersion dans le marché… ce que beaucoup récusent ( cf Notamment Rémy Prudhomme)

[6] Keynes s’est longuement penché sur la question de l’incitation à investir. Il pensait toutefois que la répression financière, l’euthanasie des rentiers et des taux faibles permettraient de restaurer l’incitation à investir. C’était vrai dans un monde plus ou moins fermé. Ce n’est plus le cas dans la présente forme de mondialisation.

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B
Les Etats-Unis, un modèle à suivre.<br /> <br /> Les Etats-Unis, un modèle pour tous les pays de la planète.<br /> <br /> Les Etats-Unis nous montrent ce que sera le XXIe siècle.<br /> <br /> Le XXIe siècle verra le retour des esclaves, qui resteront debout dans leurs usines pendant des heures, qui pisseront et qui chieront dans leurs couche-culottes.<br /> <br /> Vendredi 13 mai 2016 :<br /> <br /> Etats-Unis : privés de pause-toilettes, des employés portent des couches.<br /> <br /> Les employés du secteur volailler aux Etats-Unis travaillent dans un tel climat de peur qu'ils n'osent pas demander de pause pour aller aux toilettes et portent des couches au travail, affirme l'ONG britannique Oxfam dans une étude.<br /> <br /> D'après ce rapport publié mardi 10 mai, «la grande majorité» des 250.000 ouvriers du secteur avicole américain «dit ne pas bénéficier de pauses-toilettes adéquates», en «claire violation des lois américaines de sécurité au travail». <br /> <br /> Ils «luttent pour s'adapter à ce déni d'un besoin humain de base. Ils urinent et défèquent debout face à la ligne d'assemblage, portent des couches au travail, réduisent leurs prises de liquides et fluides à des niveaux dangereux» et risquent «de graves problèmes de santé», martèle l'étude.<br /> <br /> Les chefs de ligne refusent aux ouvriers ces pauses «parce qu'ils sont sous pression pour maintenir la vitesse de production», fait valoir Oxfam. «Le secteur volailler affiche aujourd'hui des bénéfices records» tandis que «les ouvriers gagnent de faibles salaires, souffrent de taux élevés de blessures et maladies, évoluent dans des conditions difficiles» et «un climat de peur», dénonce l'étude. <br /> <br /> http://www.leparisien.fr/economie/etats-unis-prives-de-pause-toilettes-des-employes-portent-des-couches-13-05-2016-5791913.php
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B
Quoi qu’il arrive, la BCE ne pourra pas, pendant très longtemps, sortir du Quantitative Easing. La croissance de la zone euro s’est améliorée (graphique 3 plus haut, graphique 10) ; la remontée du prix du pétrole (graphique 11a) pourra entraîner en 2017 une nette remontée de l’inflation de la zone euro (graphique 11b). <br /> <br /> Mais quelles que soient ces évolutions, la BCE devra continuer le Quantitative Easing si son objectif est bien d’éviter la divergence des taux d’intérêt entre les pays de la zone euro et en conséquence éviter l’explosion de l’euro.<br /> <br /> En effet, les causes de la divergence des taux d’intérêt entre les pays de la zone euro sont durables : segmentation des marchés de capitaux entre les pays de la zone euro, hétérogénéité croissante des économies de la zone euro.<br /> <br /> http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=91192<br /> <br /> La base monétaire, ou « monnaie de banque centrale », désigne la monnaie qui a été créée directement par la banque centrale. <br /> <br /> Deux graphiques sont terrifiants :<br /> <br /> - Le graphique 1b montre que la base monétaire est en train d'exploser dans la zone euro.<br /> <br /> - Le graphique 7 montre que cette explosion de création de monnaie par la Banque Centrale Européenne sert à racheter la dette publique des Etats européens.<br /> <br /> La Banque Centrale Européenne a créé sans le vouloir une gigantesque bulle obligataire : elle rachète des centaines de milliards d'euros d'obligations d'Etat. <br /> <br /> Cette fuite en avant de la BCE est suicidaire.<br /> <br /> Malheureusement, une bulle ne peut pas gonfler jusqu'au ciel.<br /> <br /> Quand la bulle obligataire éclatera, le monde tremblera.
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