Le tableau que l'on trouvera ci-dessous a déjà été publié sur le blog et offre une synthèse de notre ouvrage publié en 2012 (Banques Centrales, Indépendance ou soumission, chez Yves Michel).
Il reste un bon outil pour les candidats souverainistes sérieux. Un souverainiste sérieux doit avoir le courage d'expliquer qu'une banque centrale ne saurait être une autorité indépendante, et qu'elle doit obéir au pouvoir politique régulièrement désigné par le peuple. C'est ce que nous avons appelé le "mode hiérarchique de gestion de la dette", mode à l'opposé de celui d'aujourd'hui où le souverain doit passer par le marché pour financer sa trésorerie et sa dette. Quand une banque centrale est autorité indépendante et qu'au surplus il lui est interdit de financer le Trésor, l'Etat correspondant cesse d'être souverain. Si les candidats souverainistes connaissaient l'histoire des Etats et la place déterminante qu'ils ont toujours accordée à la monnaie, ils comprendraient que le "mode marché de gestion de la dette" est une anomalie historique menant à une catastrophe planétaire.
La fin de cette anomalie permettrait de régler nombre de problèmes : boursoufflure de la finance dans le paysage de la société avec des banques anormalement grosses, avec un endettement de plus en plus massif pour produire de moins en moins de valeur ajoutée réelle, un détournement massif de l'économie réelle au profit des jeux financiers, un abandon des taux de change fixes au profit d'un marché près de 100 fois plus important que ce qui est nécessaire au commerce international, une totale liberté de circulation des capitaux autorisant des chaines de la valeur optimisées pour bénéficier de coûts du travail mondialement plus faibles, des incohérences et contradictions de statuts avec des sujets devenus déboussolés et incapables de se repérer dans des cadres cohérents, une compétition entre nations se transformant doucement en agressivité et rancœur, une montée du nationalisme voire du communautarisme pour les plus éloignés du marché compétitif, un retour aux formes les plus barbares de la religion, une dégradation de l'environnement, etc.
Que les candidats classiques des partis traditionnels soient incapables de proposer des solutions sérieuses est assez logique: ils sont issus des groupes d'acteurs qui sont à l'origine de la grande transformation menant à notre anomalie historique. Que les candidats souverainistes n'aient pas pris conscience de la radicalité des mesures à prendre est plus grave et témoigne d'une grande ignorance de l'histoire de la monnaie et des Etats. Ainsi nous continuerons au cours de la campagne à être les spectateurs de cette gravissime inculture.