Selon un sondage de la SSR, une majorité relative s’est déclarée en faveur de l’initiative Monnaie pleine en Suisse romande et au Tessin . La Suisse italienne a obtenu 45% pour et 36% contre ; la Suisse romande 42% pour et 27% contre.
Le sondage confirme clairement la revendication de l’initiative Monnaie pleine : 59% des personnes interrogées veulent que seule la Banque nationale crée le franc suisse. En outre, 62% sont d’avis que la création monétaire des banques commerciales conduit à des bulles risquées. Toutefois, sur l’ensemble de la Suisse, seul 35% des sondés sont pour l’initiative Monnaie pleine.
Les commentateurs de l'initiative Monnaie pleine expliquent les différences de résultats par le fait que la Suisse alémanique a fait l’objet d’une campagne d’opposition plus agressive que dans les autres régions. Il est difficile de juger mais d'autres paramètres peuvent intervenir. Parmi ces derniers, il nous semble que le facteur culturel est important. Il est très probable que les électeurs de la Suisse alémanique soient équipés du logiciel du peuple allemand, c'est à dire les principes de "l'ordo-libéralisme" qui font de la monnaie un objet qui ne peut être manipulé par l'Etat. La Suisse doit ainsi être régie par des règles procédurales. Cette approche complémentaire peut aussi expliquer pourquoi la campagne électorale est si rude dans cette partie du pays : il doit y avoir, vis à vis de l'Etat, une indépendance complète de la gestion monétaire comme il y a une indépendance complète dans les affaires de justice. Mais cette même approche est elle-même insuffisante car on sait que l'initiative "Monnaie pleine" ne met pas en cause l'indépendance des banques centrales, ce qui est la pierre angulaire de l'ordo-libéralisme. Il est difficile, dans ces conditions, de ne pas penser que le logiciel allemand si bien théorisé par Habermas et les principes qu'il en retire ne sont pas une magnifique opportunité pour les intérêts supérieurs du système monétaro-financier.
Mais, beaucoup plus important est le fait de constater que le débat en Suisse est aujourd'hui "bruyant", ce qui est un gage de démocratie, même "procédurale", pour reprendre l'expression d'Olivier Mongin. En France, nous sommes informés de beaucoup de choses mais les questions de fond sont savamment mises sur le côté.
Pour conclure, le thème de notre colloque du 24 mai prochain est en pleine actualité. Le colloque est évidemment gratuit mais l'inscription est obligatoire. Pour vous inscrire, retournez à l'article ci-dessous et respectez- bien la procédure.
Je rappelle que, pour les étudiants des écoles doctorales, une attestation de présence sera fournie à tous les intéressés. Je rappelle enfin que les hommes politiques, députés, sénateurs, etc. respecteront "l'esprit colloque" c'est-à-dire un échange d'idées sur une question qui dépasse largement les appartenances.
http://www.lacrisedesannees2010.com/2018/05/un-referendum-d-initiative-populaire-sur-la-monnaie.html