La crise est aussi celle des savoirs. Tel est le propos de Bernard Stiegler qui dans un long entretien sur Quartier Libre tente d'expliquer que les situations de blocage tant politiques que sociaux ou économiques relèvent largement d'une véritable crise de la pensée, une pensée aujourd'hui morcelée, émiettée dans de multiples champs disciplinaires qui interdisent une vision globale de notre monde. La crise est ainsi une question épistémologique pour laquelle tous les apprentis intellectuels devraient se mobiliser et ce dans une démarche collective. A cet égard il serait possible de prendre pour point de départ la forte position d'Aristote que notre ami Henri Temple vient de nous suggérer: ''Cette obsession de la réduction en parcelles présumées simples, de la séparation, de la décomposition en longues chaînes de raison toutes simples, qui semble caractériser toutes les manifestations de la science moderne, ne nous incite-t-elle pas à former nos jugements par une myopie déraisonnable ? '' Les propos de Bernard Stiegler sont parfois un peu long et connaissent des circonvolutions que l'on pourrait alléger. Pour autant ils méritent d'être médités tant il est vrai que nous avons l'impression, par exemple du point de vue de la crise du politique à l'échelle planétaire, que l'humanité semble connaitre une véritable impasse.