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14 novembre 2019 4 14 /11 /novembre /2019 14:53

 

Les Echos du mercredi 13 novembre dernier laissent à la chronique de Jean Daniel une large place à  la « politique confuse de Donald Trump ». L’expression est sans appel. Le choix historique de laisser la chine devenir un atelier peu couteux, et les USA un débouché, a effectivement construit de grands déséquilibres avec un déficit commercial américain de 620 milliards de dollars en 2018, dont 420 issus du commerce bilatéral entre les deux pays. Toujours selon Jean Daniel, une telle situation a créé 2 sacrifices : celui du consommateur Chinois ne disposant pas des revenus de son juste travail pour maintenir la compétitivité chinoise, et celui des producteurs américains victimes de cette même compétitivité. Le gagnant de cette relation asymétrique serait le consommateur américain bénéficiant des prix dont la faiblesse était engendrée par celle des salaires chinois.

 La situation, souligne Jean Daniel, va évoluer avec la revalorisation salariale en Chine, revalorisation débouchant sur une modification de l’équilibre extérieur du pays : les exportations vont certes encore progresser de 75% depuis 2009, mais les importations vont croitre depuis cette même date de  125%. Et ce serait là une conséquence de l’émergence d’une classe moyenne soucieuse de consommer selon des standards occidentaux. De quoi engendrer tendanciellement  un équilibre du commerce extérieur chinois, alors même que les USA vont continuer à connaitre un déséquilibre massif.

Le président des Etats-Unis n’aurait pas compris que le déséquilibre est en fait d’abord celui de son budget fédéral avec probablement un déficit de plus de 1000 milliards de dollars pour l’année 2019…le fameux « déficit jumeau » américain. Fort de cette incompréhension le président Trump aurait déclaré la guerre commerciale à la Chine par le biais d’une élévation des barrières douanières.

Jean Daniel nos explique alors que le déficit public contribue à alimenter une demande élevée, en particulier un excès de consommation américain lui-même entretenu par des baisses d’impôts et des dépenses militaires en forte hausse (750 milliards de dollars programmés pour 2020). Pour Jean Daniel il n’y aurait donc pas d’agressivité commerciale chinoise et consécutivement de menace de destruction de l’outil industriel américain… qu’il faudrait protéger par des barrières tarifaires. Il y a simplement un keynésianisme donc une politique de demande catastrophique qui sécurise trop les entreprises américaines lesquelles perdent leur incitation à l’innovation. Une politique qui inquièterait le citoyen américain lequel commencerait à épargner….par peur du « populisme politique » du président américain.

Jean Daniel contribue ainsi au raisonnement classique des « experts » lesquels concluent tous aux bienfaits du libre-échange. Il n’est pas ici question de nier la réalité empirique et les chiffres avancés par Jean Daniel sont exacts. Par contre l’interprétation peut être discutée et une toute autre lecture des faits peut-être proposée.

Si donc la réduction du déficit budgétaire devait être une mesure de politique économique préférable à la taxation des importations issues de Chine, tentons d’en évaluer les effets.

Le premier serait une formidable diminution de la demande américaine globale : des impôts plus élevés venant comprimer la dépense des consommateurs et /ou des dépenses publiques plus faibles ne venant plus nourrir les entreprises et les citoyens. Rigoureusement, la demande américaine diminuerait du montant du déficit budgétaire (environ 1000 milliards de dollars), soit plus de 5% du PIB américain. De quoi plonger le pays dans une crise générale de débouchés…donc de surproduction… Il y a moins d’acheteurs pour la colossale production militaire (L’Etat) et moins d’acheteurs dans les magasins ( le groupe des consommateurs disposant globalement d’un revenu plus faible).

L’économie américaine dans ce cas n’aurait pas finie de se désindustrialiser. Dans le même temps, et c’est un second effet,  l’économie Chinoise verrait ses exportations vers l’Amérique se contracter, de quoi poser des problèmes d’emploi dans ce pays.

Certes, on pourrait stimuler la demande américaine en augmentant les salaires d’un montant égal au déficit budgétaire que l’on aurait fait disparaitre. Mais qui va décider ? Et par ailleurs cela suppose une baisse des profits américains à la hauteur du déficit budgétaire disparu ? De quoi convaincre les investisseurs américains d’exporter leurs  profits amaigris vers des cieux plus cléments.

Il est des expertises faciles qu’il convient d’éviter afin de respecter un minimum de rigueur dans les raisonnements.

Pour aller plus loin on pourra se référer à :

http://www.lacrisedesannees2010.com/article-la-nouvelle-euthanasie-des-rentiers-ne-peut-effacer-la-crise-123599630.html

http://www.lacrisedesannees2010.com/article-la-grande-crise-les-8-fondamentaux-pour-conclure-54153801.html

 

 

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