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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 09:07

Depuis de nombreuses années les crises s’empilent et révèlent de plus en plus clairement l’extrême fragilité de l’édifice européen. A la crise des subprime vont ainsi succéder, une crise de l’euro, puis une crise sanitaire, puis aujourd’hui une crise énergétique. Au-delà de leur spécificité voire de leurs différences de nature existe un ingrédient commun : une émission monétaire incontrôlée, contrepartie d’une dette elle-même hors de contrôle. Cette émission est, au final, le fait d’une banque centrale dite indépendante et sa réalité matérielle se lit directement dans son bilan : à chaque crise, ce dernier grossit et finit par atteindre des proportions jusqu’ici jamais vues dans l’histoire. Naguère, la croissance économique, beaucoup plus puissante, s’accompagnait d’une sobriété de la croissance de la dette et de la monnaie. L’impression est aujourd’hui toute autre : une  croissance  très handicapée par des crises s’accompagne d’une avalanche  de dettes et de monnaie. Et une rencontre qui ne développe que l’inflation/spéculation sur les seuls actifs tant le prix des autres biens était jusqu’ici cadenassé par la mondialisation. Ce phénomène de sous production réelle et de surproduction de dette et de monnaie spéculative est assez largement planétaire mais il est beaucoup plus prégnant dans l’Union européenne. D’où l’idée de château de cartes en danger.

Sous production d’un côté et surproduction de l’autre semblent aujourd’hui faire l’objet d’une grande attention et se matérialisent -par exemple aux USA- par une politique monétaire restrictive : La FED augmente les taux et tente d’amaigrir son bilan comptable. La BCE aimerait faire de même mais se trouve hélas handicapée par l’existence de la monnaie unique et la gestion passée des diverses crises. La monnaie unique était déjà un lourd objet dans le  château de cartes : émission monétaire et dette devaient  se déployer à un rythme commun entre les divers pays à peine de voir le déchaînement d’une incontrôlable spéculation. Nous avons là la première grande crise européenne, celle de l’euro elle-même contre-coup de la crise américaine des supprime. Parce que des pays, notamment la Grèce ou l’Italie, semblent s’autonomiser par rapport à une règle commune, l’euro se trouve violemment attaqué. Sans le dire l’Allemagne aimait  ces « cigales du sud » qui permettait un flux croissant de ses exportations industrielles. Hélas, il faudra qu’au nom de la monnaie unique elle s’insurge contre ses propres clients si gourmands.

Ainsi le château de cartes sera renforcé par des règles de plus en plus contraignantes concernant les politiques budgétaires. On tente de contrôler les émissions de dettes et de monnaie, hélas en étant brutal vis-à-vis de la production. La croissance des cigales opportunistes est bloquée avec effets contreproductifs sur les fourmis. C’est ainsi que la croissance européenne deviendra, longtemps avant l’éclatement de la crise sanitaire, l’une des plus faibles de la planète.

La crise sanitaire va à nouveau fragiliser le château de cartes… avec pour solution son agrandissement.

Dès le printemps 2020, les autorités décident de brider gravement la production matérielle sans toucher à ses contreparties en termes de revenus. Nous avons là le « quoi qu’il en coûte » qui va aggraver sans limite la vieille tendance de la sous-production matérielle et de la surproduction de monnaie et de dette. Et cette fois, il n’est pas question de laisser la spéculation s’enclencher sur des spreads de taux entre les diverses dettes publiques de la zone euro. Désormais, la création monétaire sera massive, et presque sans le dire, la BCE sera plus généreuse avec les pays les plus cigales

. Au -delà on va inventer une dette publique commune avec des effets redistributifs. Les choses ne sont pourtant pas simples pour le château de cartes devenu plus grand : si la masse monétaire mondiale devient disproportionnée, et si une inflation généralisée s’invite dans le débat, comment lutter contre cette dernière ?

Quand on est américain, l’augmentation des taux à effets contre inflationnistes, touche l’ensemble des acteurs de façon relativement homogène. Quand on est européen l’augmentation des taux par une BCE scrupuleuse ne touche pas l’Allemagne comme elle touche l’Italie ou la France. La première peut supporter tandis que les derniers peuvent vite rencontrer l’effet « boule de neige » : comment budgéter des remboursements de dette publique subitement devenus colossaux en raison de taux d’intérêts devenus lourds ? La BCE qui se trouve au sommet du château de cartes ne peut se permettre de lutter sérieusement contre l’inflation à peine de disloquer un équilibre si fragile. D’où une augmentation bien plus modérée de ses taux directeurs que la pratique moins nuancée de sa consœur FED. D’où en conséquence un affaiblissement de l’euro, lui -même porteur de hausse de prix de toutes les importations en dollars.

Dans ce contexte, la crise énergétique peut devenir le croche-pied inamical pouvant entraîner l’effondrement du château…à moins d’accepter de tout reconstruire sur de toutes autres bases….

¨Parce que, contre toute logique, il  fut historiquement décidé que l’électricité devait faire l’objet d’un marché ; parce qu’à ce titre il fallait briser l’entreprise française d’électricité la plus importante et la plus  performante de la planète ; parce qu’il fallait créer de toute pièce des concurrents à EDF ; parce que ce marché devait déboucher sur un prix correspondant au coût marginal de l’électron, cout marginal possiblement exposé à une prime de risque sur les marchés à terme ; parce qu’à ce titre il fallait abandonner toute volonté d’indépendance et de souveraineté ; parce qu’il fallait satisfaire des lobbys misant sur des énergies non renouvelables, intermittentes, déstabilisatrices du réseau car prioritaires et gourmandes en fonds publics ; etc.…nous avons rencontré la présente situation. Cette dernière est une nouvelle crise de sous production réelle, d’abord d’électricité nucléaire, mais aussi d’entreprises énergétivores qui ne peuvent plus fonctionner avec des coûts devenus hors de portée et qui seront condamnées à délocaliser vers des zones plus accueillantes. Mais elle est aussi, malgré les craintes de la BCE une crise de surproduction de monnaie et de dette : il faut en revenir au « quoi qu’il en coûte » de la crise sanitaire et les Etats endettés doivent à nouveau faire confiance au tapis d’argent magique que ladite BCE ne peut réellement produire alors que sa vocation reste de lutter contre l’inflation…. Toujours plus de nouvelles béquilles aux effets multiples pour le château de cartes que l’on veut voir grossir et s’agrandir…. Il est des moments où l’insurmontabilité des contradictions qui résulte des règles du jeu que les humains se sont fixées, doit être clairement exposée par les autorités.

Dans ce contexte, le gouvernement français doit devenir courageux et s’honorer de réelles décisions :

  • Envisager toutes mesures utiles avec l’Allemagne pour mettre fin au faux marché de l’électricité.
  •  Rétablir les prérogatives d’EDF : en mettant fin à l’ARENH , en mettant fin aux privilèges léonins des lobbys, en proposant un monopole européen de transport et de distribution permettant d’uniformiser les bases d’une compétitivité commune , en élargissant l’interconnexion des réseaux aux fins d’une solidarité européenne large.
  • Faciliter la perspective de la « boucle nucléaire » (neutrons rapides) aux fins de l’utilisation productive des déchets. Cela passe par la remobilisation des scientifiques perdus par les abandons de jadis (Superphénix et Astrid).
  • Mettre fin aux bureaucraties, à la spéculation, et à la volatilité des prix et tarifs de l’énergie. Cela passe par le retour rapide d’une maîtrise de la finance par le politique et la réorientation des compétences humaines depuis l’inutile et le nuisible vers le travail productif.
  • Placer les questions énergétiques en « économie de guerre » afin de quitter rapidement la dangereuse situation présente. (Il fallait naguère 5 ans pour construire une centrale, comment expliquer les 15 années requises aujourd’hui ?).
  • Mettre à profit ce moment historique pour construire un système énergétique fertilisant la réindustrialisation du pays (tant qu’il n’y aura pas eu découplage ente PIB et consommation énergétique l’économie ne restera, au fond, que de l’énergie transformée). Cela passe par le retour d’une planification réelle soucieuse des dangers du seul productivisme sur les impacts environnementaux. Cela passe aussi par la mise en place d’un outil financier qui, cessant de s’orienter vers des créations monétaires à des fins spéculatives, s’oriente vers de la création aux seules fins de l’investissement réellement productif. Pour une très large part, la monnaie ne doit plus avoir comme contrepartie une dette financière mais une production matérielle de biens générateurs d’efficience collective.
  •  De quoi mettre fin au couple diabolique de sous production matérielle/surproduction de dettes et de monnaie. De quoi restaurer les conditions nécessaires à la reconstruction du pays sur des bases nouvelles.

 

 

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commentaires

L
Bonsoir Jean-Claude, il serait bon de rappeler que la dette publique ne pose pas de problème en soi. Pour cela, il me semble qu’il suffit de revenir à la comptabilité. Soit un monde où seules deux entreprises existent, si la première est bénéficiaire la seconde est nécessairement déficitaire car les deux bilans doivent balancer ! Si l’une de ces entreprises est l’Etat, chacun peut comprendre ce qui en résulte comptablement : les déficits publics sont comptablement et nécessairement des bénéfices privés ! La seule question est à qui profitent ces déficits publics ? Vu l’appauvrissement voulu de l’Etat et le creusement des inégalités, il est normal que nous constations une sous-production de biens et services et une sur-production de produits spéculatifs (immobilier, bourse)… Vu la dévotion religieuse au dogme du tout marché, tout privatiser, de l’UE, ceci n’est pas prêt de changer. Il faudrait également parler de thermodynamique, d’entropie et de biodiversité pour avoir une vision complète. Mais les économistes dominants se prenant pour des dieux, cela non plus n’arrivera pas de si tôt. Nul besoin d’être prophète pour deviner que 2023 sera pire que 2022 pour beaucoup de Français !
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A
Tout notre système est fondé sur de la fausse monnaie....
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