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10 juin 2024 1 10 /06 /juin /2024 16:29

La précipitation avec laquelle le président a enclenché le calendrier électoral est probablement une ultime tentative pour empêcher l’accès au pouvoir du RN. Parier  sur les difficultés  organisationnelles engendrées par un calendrier très serré est probablement d’une efficience fort limitée et le scénario d’une victoire complète du RN est envisageable.

D’où le commencement des difficultés d’un parti parvenu au pouvoir. C’est qu’en effet la voie de la cohabitation difficile est la plus probable et le président choisira d’empêcher son adversaire de gouverner en utilisant l’ensemble des pouvoirs qui restent à sa portée. L’objectif présidentiel sera en effet de préserver son ambition de présidence européenne pour l’après 2027. En organisant l’échec d’un parti mal préparé pour le pouvoir, Il lui sera facile de montrer qu’il est le seul homme capable d’éloigner ce qu’il appelle « l’extrême droite », non seulement du sol français mais, par contagion, du sol européen. L’autre stratégie qui consisterait à démissionner serait à l’inverse fort mal perçue au regard d’une carrière future. Le scénario est donc bien celui d’une cohabitation difficile assurant le futur d’une UE par essence engoncée dans une bureaucratie porteuse du déclassement constaté par rapport aux USA et la Chine.

Dans ces conditions le RN doit refuser une cohabitation classique, voire refuser le pouvoir lui-même si le président, trop attaché à ses perspectives de  carrière personnelle, se montre rebelle. La question devient donc - avant même les échéances du 30 juin et du 7 juillet-  de voir dans quelle mesure il faut lier le résultat des élections législatives à la question des outils de pouvoir dont la maitrise est indispensable au projet de reconstruction de la France. A ce titre une liste de ces outils devrait logiquement être publiée afin d’assurer la complète transparence aux électeurs.

Bien évidemment cette liste dépend du programme de transformation du pays que le RN doit présenter. Les articles récemment publiés sur le Blog[1] permettent de se faire une idée de l’immense travail à déployer. Ces mêmes articles permettent de mettre en évidence la grande incohérence programmatique du RN sur les questions économiques. De façon résumée on ne peut  résoudre les questions de rémunération, de prix de l’énergie, de retraites , etc. sans mettre en cause la dette publique dans ses modalités actuelles, le fonctionnement du système financier, le taux de change, l’indépendance de la banque centrale, la liberté de circulation du capital, etc. Toutes questions qui mettent en cause celles  du respect des traités et de leur possible contournement par des moyens juridiques à mettre en place, et moyens qui supposent au moins la signature du chef de l’Etat (promulgation de la loi) voire même des décisions qui ne relèvent que de sa seule volonté ( Référendum).

Clairement la liste des outils que le nouveau pouvoir doit maitriser devrait être publiée et proposée durant la campagne électorale qui s’ouvre. Et la liste est sans doute assez longue voire difficile si par exemple le RN prend cosncience que la haute administration lui restera fondamentalement hostile. Comment en effet licencier les cadres de Bercy?  Le  prix d’une telle publication serait bien évidemment une hausse de la difficulté  d'accéder  au pouvoir : le RN n’en veut-il pas trop ? penserons les électeurs. Et tout aussi évidemment les exigences du RN jugées inacceptables deviendraient des munitions utiles pour un président qui pourrait ainsi affirmer bruyamment, durant la brève campagne, son rôle de garant des institutions et barrer la perspective du succès électoral. La campagne électorale sera peut-être houleuse mais va probablement évacuer les grands thèmes qui pourraient apporter un minimum de cohérence programmatique. De quoi sécuriser le président et garantir l’échec d’un RN parvenu au pouvoir. Incapable d’assurer une cohérence programmatique qui ne sera même pas évoquée durant la campagne et qui ne pourra pas être mise en œuvre, l’échec est quasiment assuré. Monsieur Macron a  donc peut-être trouvé dans la décision de dissoudre les moyens d’assurer sa future carrière de patron d’une grande Europe protégée de « l’extrême droite ». La dissolution est probablement le dernier piège tendu par Monsieur Macron à ses adversaires. L'histoire retiendra que ce président est le meilleur représentant de ce qu'est "l'entrepreneuriat  politique": la capacité à  mobiliser  les outiles et instruments de la puissance publique à des fins strictment privées. Les prochains jours révèleront clairement une réalité où l'on verra un président devenir l'organisateur actif  d'un chaos à des fins strictement personnelles. 

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