Nous publions ci-dessous une vidéo consacrée à un entretien avec l'essayiste David Baverez. Au delà des critiques de formes et probablement des remarques inappropriées de la part de l'organisatrice de l'entretien, il nous faut retenir les idées originales suivantes:
- La volonté américaine de dominer la nouvelle révolution industrielle (IA+semi-conducteurs+ quantique) se matérialise par des investissements gigantesques et probablement irrattrapables par le reste du monde.
- La valorisation financière du secteur de la nouvelle révolution industrielle américaine représente plus que les PIB additionnés de la France et de l'Allemagne . Les moyens financiers accordés à ladite industrie mobilisent une épargne planétaire assurant un dollar élevé et une confiance dans un déficit public américain durablement colossal. La confiance dans la dette publique américaine s'enracine aussi dans la nouvelle révolution industrielle. Les gains de productivité de demain seront beaucoup plus élevés aux USA que dans le reste du monde. Situation durable et facilement mesurable au vu des entreprises déposantes de brevets de recherche: entre 2005 et 2023 le décrochage de l'UE par rapport aux USA est spectculaire. La vidéo n'aborde pas cette question mais on sait aujourd'hui que les principales entreprises déposntes aux USA relèvent toutes du numérique et que celles de l'UE sont en dehors de ce champ dactivité.
Voilà pour les USA.
- La Chine maintiendra sa spécialisation dans les industries classiques en restant leader de la modernisation : électricité entièrement renouvelable par couplage de l'éolien, du solaire et des batteries, automobile électrique, Machines,Chimie et pharmacies ancrées sur des coûts énergétiques très faibles.
- La Chine connaîtra beaucoup de difficultés à gérer son déclin démographique et sa situation de pays à revenus intermédiaires l'empêchera de passer aisément aux économies de services. La difficulté est renforcée par le couplage naturel des services et d'une démocratie refusée.
- La crise immobilière chinoise engendre une longue déflation avec blocage de la consommation et probable récession rendue invisible par des statistiques de croissance manipulées.
- La démocratie refusée en Chine se paie par la rupture entre capital privé et parti communiste, par le recul de l'investissement privé, par le maintien de subventions autorisant et oxygénant encore une industrie classique devenue trop importante. La crise de surproduction est probablement durable..
Voilà pour la Chine.
- La Chine tentera de faire payer sa déflation, non pas à une Amérique qui se protège mais à l'Union Européenne. Ses surplus subventionnés devraient se déverser sur tous les pays européens. Une façon de sauver ce qui reste d'industries en Europe passe par le rétablissement des frontières avec la Chine et la taxation de toutes les importations. La question du Carbone entre la Chine et l'Europe peut devenir centrale.
- En attendant, les forces centripêtes jouant en Europe seront difficilement contenues. Pour des raisons de calendrier l'entretien n'évoque pas centralement la question des droits de douanes européens sur les voitures électriques chinoises. Depuis, l'Allemagne a voté contre les droits et s'est trouvée remerciée par un déplacement de projet (usine Stellantis/Leapmotor) depuis la Pologne (qui a voté pour les droits) vers l'Allemagne. Beau geste de docilité,de la part du secteur privé,chinois, et pied de nez de la part d'une Allemagne qui se comporte en passager clandestin de l'UE.
Il y a sans doute beaucoup de points à éclaircir, voire des erreurs dans cet entretien. En particulier la coupure privé/public en Chine nous semble exagérée. Le capital privé cherche effectivement à échapper au totalitarisme en rusant sur des implantations nouvelles censées contourner la rupture aves les USA. Toutefois il reste complètement tenu par le contrôle des changes et obéira scrupuleusement aux injonctions du pouvoir. Ce qu'il vient de faire en remerciant l'amabilité de l'Allemagne dans l'affaire des droits de doaunes. Le capital privé chinois obéira à son marionnetiste public et cherchera à développer les conflits à l'intérieur de l'UE. On notera aussi le relatif oubli des pays du sud qui seront handicapés par une épargne mondiale se dirigeant vers les USA et les,avantages,disparus d'un taux de salaire bas devenus largment inutile face aux aux installations industrielles imprégnées de robotique. L'industrialisation du sud ne sera pas aisée.
Nous recommandons toutefois une écoute qui permet aussi de voir le conflit en Ukraine sous un angle nouveau.
Bonne réflexion.
Jean Claude Werrebrouck