On trouvera dans le présent abrégé, un résumé des principaux problèmes et les solutions apportées aux grands risques provoqués par le démantèlement de la zone euro lorsque celui çi sera décidé ou tout simplement sera imposé par les évènements. Les habitués du blog retrouveront beaucoup de points souvent défendus.
1) Autour du chantier une coopération très difficile entre les Etats.
- Par ce que le diagnostic de la crise n’est pas le même pour tous. Beaucoup imaginent que la crise est simple crise de l’euro zone et peu d'observateurs découvrent un lien entre les 3 crises : euro- Finances - déséquilibres économiques globaux issus de la mondialisation. Or si la crise est aussi celle de la mondialisation on ne pourra faire l’économie d’un chamboulement beaucoup plus global.
- Parce que tous les Etats ne sont pas au même niveau de difficultés.
- Parce que le statut de « passager clandestin » veut être maintenu le plus longtemps possible : on va jusqu’à la rupture et le principe de précaution n’est pas de rigueur.
- Parce qu’il existe fondamentalement, y compris chez les dirigeants, une grande méconnaissance de la théorie économique et au-delà, des sciences sociales en général.
- Parce que le démontage suppose un énorme travail de préparation sur de très nombreux dossiers (périmètre du démontage, taux et régime de change , conséquences sur les institutions financières et l’euro système) qui ne peut être mené à l’abri d’une forte pression des acteurs financiers en recherche de protection ou de gains spéculatifs gigantesques. Enormes risques de délits d’initiés et de conflits d’intérêts (cf famille du président Anastasiades à Chypre).
2) Les effets immédiats du démontage et la liste des problèmes à régler
- Les perturbations bilantaires à maitriser : fuite gigantesque vers la qualité au niveau de
toutes les institutions financières (Banques, Assurances, fonds de pension, Hedge-funds).
- Veiller au gigantesque effet "aile de papillon" partant d'un bilan bancaire
petit, pour infecter un plus important et de proche en proche d'énormes bilans (l'exposition des banques allemandes est respectivement de 9% des bilans
sur les banques du sud et de 19% sur celles des paradis fiscaux de la zone).
- Règlement du problème de la disparition de la liquidité et des marchés interbancaires.
- Règlement des dettes publiques considérablement déformées : certes diminuées pour certains (nord) mais considérablement accrues pour les pays le plus en difficultés (sud)).
- Quelle autorité sur les banques centrales et le système bancaire ?(si l'euro se
perennise sous la forme d'une monnaie commune, il faudra bien que le BCE soit armée
pour participer à la guerre des banques centrales participant elles mêmes à la
guerre des taux de change entre dollar, Yuan, Yen, et Livre Sterling.
- Question du contrôle des réserves de change : euro monnaie commune, ou autres monnaies ?
3) La solution aux problèmes liés au démontage : moderniser - dans le sens d’un Etat
de droit - la vieille loi Mésopotamienne d’effacement généralisé des dettes.
- La solution chypriote d’effacement des dettes n’est pas celle d’un Etat de droit :
* Les conséquences juridiques de non respect des droits de propriété ne sont pas gérables (risque parrallèle à celui des Etats harcelés par des fonds "vautours").
* L’anomie engendrée risque d’être contagieuse à l’échelle de la zone euro (principe général d’une fiscalité aux fins des seules dépenses publiques + principe général d’équité de la répartition des charges publiques avec contrôle de constitutionalité).
* Il existe un risque géopolitique
- Respect de l’Etat de droit et principe général du respect des contrats :
* Garantir tous les actifs en déclarant l’intangibilité de leur valeur nominale pour tous les acteurs touchés par les modifications de taux de change (principe d'un effet neutre sur tous les bilans malgré le démontage, et donc principe bloquant tout mouvement spéculatif, tout effet aile de papillon).
* L’outil du maintien de l’Etat de droit : les banques centrales qui monétisent et « obéissent » aux Etats au moins durant toute la durée du démontage. (Principe inspiré par l’Emergency Banking Act du 9 mars 1933 décidé par le président Roosevelt). Les Etats assurent le principe d'effet neutre sur tous les bilans de tous les agents en utilisant la création monétaire propre aux banques centrales.
4) Les conséquences indirectes du démontage
- L’apparition de nouveaux coûts de couverture du change et de nouveaux taux de change milite pour la réduction de l’émiettement des entreprises de l’économie réelle : démondialisation, réindustrialisation et rééquilibrage des comptes extérieurs .
- L’apparition de taux de change politiques milite pour la réduction du poids des systèmes financiers :
* les activités de tenue de marché deviennent plus couteuses (cf la taxe Tobin européenne dont le coût serait estimé à 17milliards d'euros pour le seul Crédit Agricole) et plus risquées : avenir devenu incertain (parce que politique) et non plus probabilisable (cf la célèbre distinction de Keynes)
* la disparition de la monnaie unique fait disparaitre le dogme de l’impérative libre circulation des capitaux.
* le choix possible de taux de change fixes assèche les jeux financiers qui se nourrissent de l’instabilité. (retour à une version type Bretton -Woods et abandon des accords de la Jamaïque du 8 janvier 1976).
Conclusions :
- Système financier balkanisé , démondialisé et de taille plus réduite.
- Début de dé financiarisation du monde
- Rétablissement de la souveraineté monétaire
- Dette publique renationalisée.