La théorie économique enseigne que toute perturbation réglementaire d'un marché, développe des effets contraires aux intentions qui présidaient à la prise de décisions. Taxer les bonus serait oeuvre de justice, puisque ce serait l'aidedes Etats, qui engendre aujourd'hui les profits de banques encore sous capitalisées. La taxation serait ainsi un juste retour des choses. Et du même coup, il est espéré que les banques, qui devront payer elles mêmes la taxe sur les bonus distribués, préféreront augmenter leurs capitaux propres.
Les effets probables risquent de décevoir le populisme des entrepreneurs politiques.
Les banques ne chercheront pas à dilluer le capital, tant que le floue existera sur la définition des capitaux propres, et tant que la liquidité procurée par les banques centrales sera quasi-illimitée, et surtout quasi-gratuite. l'argument selon lequel la taxation vaudrait la "fuite des meilleurs" , notamment vers Singapour, est sans doute plus discutable. Il est en effet de nombreux outils juridiques d'évaporation de la taxation. Celle-çi étant apparemment un tir à un seul coup (seule l'année 2009 serait concernée) , la possibilité de retarder le versement des bonus vient immédiatement à l'esprit. Mais surtout des aménagements juridiques peuvent être envisagées, comme par exemple le passage d'une partie des bonus dans la partie fixe des salaires, ou mieux encore, l'externalisation des activités de trading, faisant du trader un entrepreneur indépendant vendant ses services.
Plutôt que de s'attaquer aux effets, (Le bonus de ceux qui sont le facile bouc -émissaire) Il serait plus sérieux de s'attaquer aux causes du phénomène: les surprenants profits bancaires dans un contexte de crise économique grave. Et la cause ultime de ceux-çi, est bien dans le triangle relationnel entre banques centrales, banques, et Trésors publics.
La fort généreuse politique des banques centrales, vient gonfler sans limite les bilans des banques ,et fait remonter le prix de certains actifs que la crise considérait toxiques. En même temps, cette création de monnaie centrale devient endettement public par l'intermédiaire des banques,grosses acheteuses de cette dette, qui aujourd'hui encore sert à soutenir une demande globale de biens et de services très insuffisante partout dans le monde. Et tant que la demande privée ne prend pas le relai , il en sera ainsi. Les banques deviennent ainsi un intermédiare, prélevant, comme tous les intermédiaires, une marge au titre de l'achat de la dette publique. Comme le coût de la matière première monétaire est - en raison de la générosité des banques centrales- proches de Zéro, la marge ou valeur ajoutée est pratiquement égale au coût de l'endettement public. Oui, les banques gagnent beaucoup d'argent sur le dos des Etats.
Une mesure plus sérieuse ,que celle de la populaire et populiste taxation des bonus, consisterait à se passer des banques, et demander aux banques centrales de "ravitailler" les Etats- qui, il faut le rappeler, empêchent la demande globale de s'effondrer. Et de les ravitailler sans discriminations, c'est à dire aux prix pratiqués aujourd'hui au bénéfice des banques, soit un prix proche de la gratuité.
Evidemment le coût psychologique serait élevé: mettre les banques centrales sous l'autorité des Etats est une révolution Copernicienne.La violence de la crise mettra peut-être bientôt la rupture épistémologique à la portée de tous.