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Les décisions récentes: stratégie de remise en ordre des finances publiques avec les programmes sectoriels correspondants, notamment au niveau de la fonction publique; placement du pays sous la tutelle de l'union; lancement d'une procédure en infraction; changement du statut d'Eurostat; etc, donnent lieu aux analyses les plus diverses qui pour autant renouent presque toutes avec la vieille idée du complot.


Bien évidemment ces analyses, partent de l'idée peu contestable, que le plan de rétablissement est irréaliste. Il est vrai qu'en Grèce plus qu'ailleurs les entrepreneurs politiques fonctionnent sur la base d'un clientélisme gourmand en déficit public, l'achat de voix se faisant plus facilement qu'ailleurs en termes de créations d'emplois publics. le plan est simplement politiquement irréaliste. Ce fait n'est guère contestable.
Par contre les analyses qui évoquent l'idée d'un complot financier ou d'un complot bruxellois ne semblent guère résister à l'analyse.


Complot financier tout d'abord. On entend que les marchés se seraient attaqués à la dette grecque en sous entendant que derrière ces marchés il y aurait de gros acteurs décideurs...les quels seraient en connivence avec les agences de notation qui auraient données le signal de l'attaque. Ces attaques permettant aussi à certains de tirer avantage de la montée du spread. Pour être juste, cette thèse devrait aussi devoir démontrer que ces quelques gros décideurs (mégabanques ou mégahedge funds) disposeraient d'un bilan coûts/avantages très favorables à la sortie de la Grèce de l'eurozone, voire à l'implosion de la zone elle-même. Or ce bilan est impossible à réaliser tant les externalités issues de la stratégie de l'attaque, sont nombreuses et surtout inconnues. C'est que la sortie de la Grèce ressemblerait fort à l'insolvabilité des ménages américains qui dès 2007 vont - sans le vouloir- par le jeu de la titrisation, contaminer nombre d'actifs et déboucher, par mimétisme, sur la crise financière. La dette grecque se trouve comme les crédits hypothécaires, partout dans les produits financiers. Les méga banques américaines ont d'autres soucis aujourd'hui, et vont éviter l'histoire de l'arroseur arrosé.


Complot bruxellois ensuite.
On entend ici une affaire plus complexe, certains pays souhaitant la sortie de la Grèce, ou d'autres souhaitant donner l'exemple par la contemplation du supplicié. Là aussi, il faudrait apporter des démonstrations convaincantes. Bruxelles n'est pas une entité homogène. Si tous les pays bénéficient d'un affaissement de l'euro vis à vis du dollar, aucun ne souhaite sérieusement voire la Grèce quitter la zone. Non pas par solidarité avec la Grèce, mais tout simplement par peur de voir redémarrer une crise financière de grande ampleur qui sonnerait aussi le glas de l'euro, et probablement de nombre d'entrepreneurs politiques. Et même si aujourd'hui, les coûts associés au statut si enviable de passager clandestin, sont devenus très élevés, le temps n'est pas encore venu, chez les entrepreneurs politiques, de prendre la décision de quitter le navire. Le navire prend l'eau, mais il vaut mieux encore colmater les fissures et déchirures. D'où la création du statut de supplicié, que l'on met en place, tout en le redoutant, en ce qu'il pourrait entrainer la mort de celui que l'on veut conserver en vie, au moins pour quelque temps encore.


La Grèce n'est pas victime d'un complot clairement organisé.
L'attaque, celle des marchés, est le fait de comportements individuels- bien sûrs intéressés- mais très probablement sans cartellisation. Le statut présent de la grèce, en proie avec le spread considérable de sa dette douveraine est un fait social émergent qui n'est voulu par aucun acteur.
La mise sous tutelle par Bruxelles, n'est pas un complot, mais bien plutôt le produit d'une panique- non pas pour quitter le navire- mais pout tenter de le maintenir à flot, tant que cela est encore politiquement jouable. Les acteurs de l'eurogroupe et de la BCE marchent ainsi sur la pointe des pieds.

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