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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 10:37

 

Le Monde du 11 février publie un texte d’appel à un changement de politique économique en Europe . Ce texte est signé par 80 économistes.

La tribune ne traite pas de la crise en général et de ses remèdes possibles mais de la seule impasse européenne. Bien sûr, il est question d’abandonner le néolibéralisme au profit d’un keynésianisme classique.

Tout y est :

- Constatation que les politiques de rigueur notamment dans le sud sont porteuses d’un affaissement de la demande globale et de stratégies de moins en moins coopératives, avec de fait une scission croissante entre pays ;

- Constatation que la faiblesse de l’investissement global se trouve n’être que la conséquence d’une absence durable de débouchés ;

- Constatation qu’un excédent extérieur global de 3% de PIB pour la zone est l’indice d’une absorption trop faible ;

-Constatation de déséquilibres majeurs à l’intérieur de la zone euro, avec  plus de 8% de PIB d’excédent pour l’Allemagne, et des déficits de 4 à 5% de PIB pour certains pays du sud ;

- Constatation d’un coût social et humain désastreux pour une bonne partie des populations concernées.

Face à ces constatations il est proposé des solutions :

- Un nouveau pacte productif à la fois écologique et social ;

- un programme de soutien à l’activité.

Très classiques, ces programmes ne sont pas chiffrés et  la question de leur financement est abordée de façon fort allusive :

- Augmentation de la demande intérieure allemande permettant de gommer progressivement les déséquilibres intra-zone ;

- Plan d’investissement européen centré sur la transition écologique en insistant sur la priorité qu’il faudrait accorder à la zone sud ;

En cas de refus de l’Allemagne, proposition de la France en vue de constituer un pacte avec les pays du sud (50% du PIB de la zone) aux fins d’en finir avec le néolibéralisme.

Les auteurs ne proposent pas les clés de l’édification d’un tel pacte…..

Ils n’évoquent pas non plus la question centrale de l’euro comme cause ultime des déséquilibres constatés, car beaucoup, à l’instar de Michel Aglietta, sont fermement attachés au maintien de l’euro.

Les auteurs n’abordent pas clairement la question des transferts gigantesques - et de fait de plus en plus gigantesques avec l’approfondissement continu de soins palliatifs prodigués- entre le nord et le sud.

Les auteurs, parce qu’économistes sérieux savent parfaitement qu’une monnaie unique suppose un principe d’homogénéisation, lequel passe  notamment par des abandons de souveraineté. Les Allemands ne sont évidemment pas prêts à voir leur facture fiscale s’alourdir au profit de ceux qu’ils considèrent comme des étrangers…. qui, par ailleurs, seraient cigales quand ils sont fourmis. Ils ne sont pas non plus prêts à accepter un quelconque « quantitative easing for the people » complètement étrangers à leur profonde culture ordo-libérale et à leur « croyance » selon laquelle il faudrait dans cette hypothèse recapitaliser la BCE avec de l’argent public allemand.

Les  allemands vont donc s’opposer avec radicalité à un tel projet.

Proposer un pacte aux pays du sud en dehors de l’Allemagne n’est pas non plus suffisant, car une fois encore des déséquilibres extérieurs devront être maitrisés et cela pose la question de leur financement public : La France  (ou l’Italie ou l’Espagne) peut-elle envisager des transferts publics vers la Grèce ?

Parce que l’on ne veut pas aborder la question des taux de change, laquelle est la solution pour éviter soit les déséquilibres soit les irresponsables dévaluations internes, résultants des transferts impensables entre pays qui ne peuvent accepter que les impôts des uns servent le déficit des autres, les 80 signataires restent dans l’idéologie propre au post-souverainisme.

Et puisqu’il est exact que l’euro relève de la « religion commune », ce que certains d’entre eux admettent en silence, il n’est d’autre solution que de réclamer le retour à la simple souveraineté monétaire. La réorganisation drastique des banques qu’ils souhaitent se doit d’être envisagée à l’ombre d’une banque centrale contrôlée par le souverain.

La vraie déclaration à émettre auprès de nos amis allemands est d’annoncer notre volonté de rétablir la pleine autorité de l’Etat sur sa banque centrale. Un tel projet doit être la pièce centrale de la prochaine élection présidentielle.

Bien évidemment chacun connait la suite de l’histoire : les allemands n’accepteront pas et les marchés  s’enflammeront immédiatement ….ce qui justifiera du plein retour à la souveraineté monétaire. L’Euro périra ainsi en mode panique comme nous l’avons si souvent écrit… mais c’est l’Allemagne qui en portera la responsabilité historique.

A partir de là, et seulement à partir de là,  OUI  tout deviendra possible et les propos des 80 signataires de la tribune du « Monde » entreront en pleine cohérence.

Les économistes qu’ils soient de gauche ou de droite sont toujours enfermés dans la contradiction fondamentale : parce que l’euro est affaire de religion , il est impossible de proposer un discours sérieux sur l’impasse économique majeure que la zone traverse.

 

 

 

 

 

 

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B
Dimanche 21 février 2016 :<br /> <br /> Le maire de Londres annonce qu'il fera campagne pour une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.<br /> <br /> Le maire de Londres, le conservateur Boris Johnson, a annoncé aujourd’hui qu'il fera campagne en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. <br /> <br /> http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/02/21/97001-20160221FILWWW00132-le-maire-de-londres-annonce-qu-il-fera-campagne-pour-une-sortie-du-royaume-uni-de-l-union-europeenne.php<br /> <br /> Vendredi 19 février 2016 :<br /> <br /> Grande-Bretagne. Les partisans du Brexit en tête des sondages.<br /> <br /> Si le référendum pour le maintien de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne se tenait aujourd'hui, les partisans du "non" l'emporterait avec 36 % des suffrages.<br /> <br /> Les Britanniques favorables à une sortie de l'Union européenne ont deux points d'avance sur les partisans du maintien, selon un sondage de l'institut TNS publié vendredi. Dans le cadre du référendum promis par le Premier ministre David Cameron, 36 % voteraient « No » et 34 %, « Yes ». Les indécis représentent 23 % et 7 % n'ont pas l'intention d'aller voter.<br /> <br /> Sans tenir compte des abstentions, le rapport de force, encore plus favorable au Brexit, passe à 39 % pour la sortie, contre 36 % pour le maintien.<br /> <br /> http://www.ouest-france.fr/europe/ue/grande-bretagne-les-partisans-du-brexit-en-tete-des-sondages-4045183
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B
Il ne faut pas confondre une construction démocratique et une construction anti-démocratique.<br /> <br /> Le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne se tiendra le jeudi 23 juin 2016, a annoncé samedi le Premier ministre David Cameron à l'issue d'un conseil des ministres, le qualifiant de « l'une des plus grandes décisions d'une génération. »<br /> <br /> Et en France ?<br /> <br /> Nous allons avoir un référendum sur l'appartenance de la France à l'Union européenne ?<br /> <br /> Ou alors, en France, il n'y aura plus jamais de référendum sur la construction européenne ?<br /> <br /> Et aux Pays-Bas ?<br /> <br /> Ils vont avoir un référendum sur l'appartenance des Pays-Bas à l'Union Européenne ?<br /> <br /> Ou alors, aux Pays-Bas, il n'y aura plus jamais de référendum sur la construction européenne ?<br /> <br /> Le suspens est insoutenable.<br /> <br /> Si la construction européenne était démocratique, il y aurait 28 référendums, dans les 28 pays membres de l'Union européenne, le jeudi 23 juin 2016.<br /> <br /> Je dis bien : « Si la construction européenne était démocratique ... »<br /> <br /> Malheureusement, dans le monde réel, la construction européenne est anti-sociale, anti-populaire, anti-démocratique.
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B
Depuis septembre 2008, pour éviter l’effondrement, toutes les banques centrales du monde injectent des centaines de milliards dans le secteur financier. Mais ces liquidités ne descendent pas en bas, dans l’économie réelle.<br /> <br /> Ces liquidités vont s’investir en haut : dans les actions, dans les obligations d’Etat, etc.<br /> <br /> En clair : ces centaines de milliards ont formé des gigantesques bulles boursières, des gigantesques bulles obligataires, etc, qui continuent de gonfler. <br /> <br /> Depuis septembre 2008, toute l’économie mondiale repose sur ces gigantesques bulles.<br /> <br /> Exemple : la bulle obligataire française.<br /> <br /> - Jeudi 18 février 2016, la France a lancé un emprunt à 3 ans. Résultat : la France va payer un taux d'intérêt négatif ! C'est – 0,31 % ! Les prêteurs vont payer la France sur cet emprunt !<br /> <br /> - La France a lancé un emprunt à 4 ans. Résultat : taux d'intérêt négatif ! C'est – 0,15 % ! La France gagne de l'argent quand elle emprunte !<br /> <br /> - La France a lancé un emprunt à 11 ans. Résultat : taux d'intérêt négatif ! C'est – 0,20 % !<br /> <br /> - La France a lancé un emprunt à 24 ans. Résultat : taux d'intérêt de 0,16 %.<br /> <br /> Source :<br /> <br /> http://www.romandie.com/news/Bonds-la-France-a-emprunte-un-total-de-8496-mrd-EUR-a-moyenlong-terme-jeudi/677806.rom<br /> <br /> En France, plus l'économie réelle s'effondre, plus la France s'endette … plus les taux d'intérêt baissent !<br /> <br /> En France, il y a une différence énorme entre la valeur théorique d'une obligation d'Etat et sa valeur réelle.<br /> <br /> Cette différence énorme, c'est une bulle.<br /> <br /> Quand cette bulle obligataire éclatera, la France tremblera.
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B
A propos des bulles de dette :<br /> <br /> Arrivées à ce niveau, les bulles de dette vont finir par éclater. Ou alors elles vont finir par être effacées.<br /> <br /> Que va-t-il se passer ? Le Plop ? Ou le Jubilé ?<br /> <br /> On va voir.<br /> <br /> En l'an 2000 :<br /> Dette des ménages : 19 000 milliards de dollars.<br /> Dette des entreprises : 26 000 milliards de dollars.<br /> Dette publique : 22 000 milliards de dollars.<br /> Dette des banques : 20 000 milliards de dollars.<br /> Total : dette mondiale de 87 000 milliards de dollars.<br /> <br /> En juin 2014 :<br /> Dette des ménages : 40 000 milliards de dollars.<br /> Dette des entreprises : 56 000 milliards de dollars.<br /> Dette publique : 58 000 milliards de dollars.<br /> Dette des banques : 45 000 milliards de dollars.<br /> Total : dette mondiale de 199 000 milliards de dollars.<br /> <br /> Vous avez bien lu : en juin 2014, la dette mondiale totale était de 199 000 milliards de dollars !<br /> <br /> Source : rapport McKinsey de février 2015 « Debt and (not much) deleveraging. »<br /> <br /> http://www.mckinsey.com/~/media/McKinsey/Global%20Themes/Employment%20and%20Growth/Debt%20and%20not%20much%20deleveraging/MGI%20Debt%20and%20not%20much%20deleveragingFullreportFebruary2015.ashx<br /> <br /> William White est l'ancien économiste en chef de la BRI, la Banque des Règlements Internationaux. Aujourd’hui, il est président du Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement (Comité EDR) de l’OCDE à Paris. Lors du forum de Davos, il a déclaré :<br /> <br /> « La dette a continué de s’accumuler durant les huit dernières années. La dette a atteint des niveaux si élevés dans chaque région du monde qu’elle risque de déboucher sur des conséquences déplaisantes. (…) Il deviendra évident durant la prochaine récession qu’une grande partie de cette dette ne sera jamais remboursée. Ce sera très inconfortable pour des tas de gens qui pensent détenir des actifs valant quelque chose. (…) La seule question est de savoir si nous sommes en mesure de voir la réalité en face et de nous préparer à ce qui nous attend, ou si nous gérerons la crise de façon désordonnée. Les effacements de dette [ jubilé ] remontent à 5000 ans, depuis le temps des Sumériens. »<br /> <br /> http://www.telegraph.co.uk/finance/financetopics/davos/12108569/World-faces-wave-of-epic-debt-defaults-fears-central-bank-veteran.html
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B
Il n'y a pas qu'en Grèce que les banques sont en faillite.<br /> <br /> Il n'y a pas qu'en Italie que les banques sont en faillite.<br /> <br /> Il n'y a pas qu'en Espagne que les banques sont en faillite.<br /> <br /> Il n'y a pas qu'au Portugal que les banques sont en faillite.<br /> <br /> Il n'y a pas qu'à Chypre que les banques sont en faillite.<br /> <br /> Il n'y a pas qu'en France que les banques sont en faillite.<br /> <br /> Il n'y a pas qu'en Allemagne que les banques sont en faillite.<br /> <br /> En Inde aussi.<br /> <br /> Vendredi 12 février 2016 :<br /> <br /> Inde : "chirurgie profonde" des créances des banques (gouverneur RBI).<br /> <br /> Le gouverneur de la banque centrale indienne (RBI), Raghuram Rajan, a estimé que les banques et autres prêteurs en Inde pourraient avoir besoin d'une "chirurgie profonde" pour venir à bout des prêts douteux et nettoyer leur bilan.<br /> <br /> M. Rajan, qui s'est fait connaître en particulier en anticipant l'éclatement d'une crise financière en 2008, a donné jusqu'en mars 2017 aux banques indiennes pour faire le ménage dans leur portefeuille d'actifs non performants.<br /> <br /> Il a prévenu jeudi, devant un parterre de dirigeants de banques à Bombay, que ce nettoyage "pourrait nécessiter une chirurgie profonde" et non des "pansements".<br /> <br /> "Les prêts en cours pourraient devoir être dépréciés en raison des changements de circonstances depuis qu'ils ont été accordés", a dit Raghuram Rajan. <br /> <br /> http://www.romandie.com/news/Inde-chirurgie-profonde-des-creances-des-banques-gouverneur-RBI/675978.rom
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B
Février 2016 ressemble à septembre 2008.<br /> <br /> Un spectre hante le monde.<br /> <br /> Ce spectre, c'est le spectre de la crise financière.<br /> <br /> Jeudi 11 février 2016 :<br /> <br /> Le spectre de la crise financière plane sur les marchés et l'économie mondiale.<br /> <br /> L'effondrement des marchés depuis le début de l'année ravive le spectre d'une crise financière, avec le risque que cette angoisse se répercute sur l'économie et plombe les espoirs de reprise économique.<br /> <br /> "Si ce n'est pas une crise, c'est tout du moins des mouvements extrêmement violents", résume René Defossez, stratégiste chez Natixis.<br /> <br /> Les marchés craignent "un risque systémique imminent à l'instar de celui causé par la faillite de Lehman Brothers en 2008", note Sylvain Loganadin, analyste du courtier britannique FXMC.<br /> <br /> Et "plus les marchés font faire baisser les prix des actifs, plus les risques économiques vont s'accroître", prévient M. Defossez.<br /> <br /> Aucun marché n'est épargné par ces secousses qui affectent particulièrement les places boursières et les marchés des matières premières. <br /> <br /> "La volatilité est à des niveaux très élevés, ce qui entraîne souvent des mouvements de panique assez importants", relève Aymeric Diday, gérant de Skylar Group.<br /> <br /> "Le spectre de 2008 est là. Il est difficile de se positionner face à de tels flux vendeurs", selon lui.<br /> <br /> Le ralentissement chinois, la fragilité de certaines banques européennes, les doutes sur la croissance américaine, la chute des matières premières, tout concourt à nourrir la peur des investisseurs.<br /> <br /> "Jamais depuis 2011 le marché n'avait montré de tels signes de nervosité", préviennent les gérants chez Oddo Meriten AM, en référence à la crise de la dette en zone euro.<br /> <br /> Le patron d'un fonds spéculatif américain Hayman Capital Management a notamment mis le feu aux poudres, dans une lettre dévoilée par Bloomberg mercredi 10 février, en indiquant que le secteur bancaire chinois pourrait subir des pertes quatre fois supérieures à celles essuyées par les banques américaines pendant la crise de Lehman Brothers.
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  • : Analyse de la crise économique, financière, politique et sociale par le dépassement des paradigmes traditionnels
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