Il y a peu, La Voix du Nord, rappelait son passé de "Journal né de la Résistance".
N'y aurait-il plus aujourd'hui de raisons pour que ce passé soit toujours vivant ? N'y a t- il aucune raison, aucun motif, aujourd'hui, pour résister et appeler à Résister. Et pourtant, nous pourrions évoquer la désinformation généralisée, l'abrutissement télévisuel et tant d'autres...
Prenons un exemple chez notre "Journal né de la Résistance".
Le samedi 19 mars, paraissait sur une pleine page (43) un article qui permettait à des économistes d'une école de commerce nordiste, l’EDHEC, d'asséner sans aucune démonstration leurs vérités.
La situation économique de notre pays plonge dans la paupérisation, pas seulement financière, une part de plus en plus grande de la population. Un "Journal né de la Résistance" se devrait de publier différents points de vue pour permettre à chaque citoyen de se faire une opinion et peut être de résister ou non d'ailleurs, aux choix politico-économiques actuels.
Toujours se reposer sur un comportement passé ne peut en aucune manière justifier la passivité d'aujourd'hui. Pire encore, se référer à un passé pour influencer les esprits est difficilement qualifiable.
RÉSISTER AUJOURD'HUi c'est faire connaître les différents points de vue, c'est expliquer de façon non partisane, c'est INFORMER . Alors Chiche La Voix du Nord........
Et d’abord informer c’est expliquer de quoi l’on parle…
L’ensemble de l’article du 19 mars tourne autour des résultats chiffrés d’un « modèle nouveau ».
Qu’est-ce que ce « premier modèle français de simulation économique sur les conséquences d’une dévaluation du nouveau franc en cas de sortie de l’euro » qui démontre en toute rigueur mathématique des effets catastrophiques : une baisse du pouvoir d’achat, une forte augmentation des prix, une croissance nulle, une chute de compétitivité, etc?
Les lecteurs de la « Voix du Nord » sont en droit de savoir qu’un modèle, pour les économistes, est un ensemble d’équations comportant des paramètres et des variables. Les équations reposent sur des hypothèses théoriques, des à priori en termes de relation entre croissance et emploi, entre production et exportation, entre salaires et demande, etc. Ces relations elles- mêmes introduisent d’autres relations, d’autres paramètres fort complexes et toujours discutables. Le tout dépend ensuite du point de vue du chef du modèle qui, tel un chef de cuisine, en combine les innombrables ingrédients. L’ensemble structuré est ensuite « avalé » par un ordinateur qui en fonction des paramètres introduits « crache » les résultats.
Les modèles sont d’autant plus nombreux que l’on est affamés de chiffres, mais ils sont comme dans la gastronomie un ensemble d’ingrédients dont les proportions, qualités et façon de les combiner font la réalité du met : agréable ou détestable.
Le modèle des économistes de l’EDHEC produit un résultat détestable : toute sortie de l’Euro est une catastrophe. Si les journalistes de la Voix du Nord s'étaient donné la peine d’aller voir d’autres chefs de modèles, et ils sont nombreux, ils apprendraient que la sortie, sans être agréable, est pourtant une nécessité quasi vitale….Pourquoi ne pas laisser parler les 11 prix Nobels d’économie dont certains, disparus, ont pourtant laissé des traces : M Allais, M Friedman,F Hayek, P Kruugman, J Mirrlees, R Mundell, C Pissarides, T Sargent, A Sen, C Sims, J Stiglitz. ? Et si la Voix du Nord les trouve trop savants pourquoi ne pas consulter les centaines d’économistes universitaires, voire d’entreprises et même de banques qui aimeraient aussi s’exprimer, mais qui se heurtent au mur du système politico-médiatique ?
Mais le problème n’est pas là. Il est plutôt dans le fait qu’une posture disons scientifique aurait d’abord exigé de comprendre dans le détail pourquoi l’Euro ne fonctionne pas, pourquoi il disloque et crée une hétérogénéité croissante entre les nations, pourquoi il commence à introduire de la méfiance dans la construction européenne, pourquoi - plus grave encore- il produit de la suspicion voire de la haine entre les peuples. Mais les économistes de l’EDHEC invités par la Voix du Nord, plutôt que de produire une analyse sérieuse, fouillée et argumentée de la réalité, préfèrent dire que l’Euro ne marche pas à cause de l’absence de réformes structurelles….C’est tellement évident !
Philippe Pétain en visitant Paris en Avril 1944 ne disait-il pas, en bon connaisseur, et devant un peuple apparemment soudé derrière lui, que les malheurs venaient de ces bombardements génocidaires de la part des alliés ?
Allons messieurs les journalistes de la Voix du Nord, ressaisissez-vous !