Redressement de la France : Les moyens économiques et les fins sociétales
Les Objectifs fondamentaux
1 - Le but de l’action politique est sa contribution à la qualité du « vivre ensemble » dans la société.
2- Parmi les facteurs fondamentaux du bien vivre ensemble, il y a l’importance de la classe moyenne. Plus cette dernière est large et plus l’ensemble est apaisé : confiance entre agents, confiance en l’avenir, confiance et respect dans la démocratie, émancipation visible, etc. (Ce qui ne veut pas dire bien sûr que tout soit réglé).
3 - Le dirigeant politique doit donc se servir des outils de la puissance publique pour reconstruire une classe moyenne aujourd’hui en déshérence. (Cela concerne la France et au-delà l’ensemble de l’Occident, mais aussi ce qu’on appelle aujourd’hui l’impossible « moyennisation » dans les pays « émergés »).
4 - L’immense classe moyenne à reconstruire n’est pas celle d’hier. Celle-ci doit pouvoir ancrer ses nouvelles aspirations d’autonomie, d’inventivité et de dynamisme sur une sécurité sociale retrouvée.
Les moyens principaux
1 - Les outils de la puissance publique doivent être maitrisables ce qui passe par le retour de la pleine souveraineté, sans laquelle le « Démos » se trouve contesté et emprisonné.
2 - Considérant que la valeur travail - même revisitée par des aspirations nouvelles (autonomie, réalisation de soi, etc.) - reste l’instrument fondamental de la socialisation, la reconstruction d’une immense classe moyenne passe par le rétablissement d’un plein emploi productif de qualité, autorisant une croissance inclusive forte et la fin du déséquilibre extérieur.
3 - Dans une réalité qui confirme que le monde restera celui de la cohabitation concurrentielle entre Etats nations, l’arme monétaire est un outil indispensable au rétablissement du plein emploi : elle est un filtre entre un dedans maitrisable et un dehors à maitriser.
4 - Parce que la cohabitation entre Etats nations est fondamentalement concurrentielle, l’arme monétaire est aussi une arme de compétitivité. (Dénoncer le caractère catastrophique des actuelles dévaluations internes).
5 - La compétitivité porteuse du rétablissement des classes moyennes et du bien vivre ensemble passe aussi par des choix privilégiés en termes de branches d’activité : d’abord l’industrie, mais aussi l’agriculture, l’écologie, les technologies numériques. Les activités non porteuses de rendements potentiellement croissants (celles imaginées aux fins du soulagement du poids de la crise, non susceptibles de contribuer à l’équilibre extérieur) ne sont plus à privilégier.
6 - Le rétablissement de la souveraineté monétaire est d’abord un coût élevé pesant sur les classes moyennes dont on veut, pourtant, rétablir la place centrale. Le maintien de la confiance durant la difficile phase de reconstruction suppose donc la promptitude et la non-limitation des moyens de l’investissement.
7 - Cette non-limitation passe par la mise sous tutelle de l’ensemble des outils monétaires et financiers et, en particulier la fin de l’indépendance de la Banque de France.
8 - Une arme privilégiée de la non-limitation de l’investissement est le rachat de dette publique à échéance par la Banque de France.
Les moyens correspondants sont redistribués :
- aux banques chargées d’une mission de service public,
- aux agents économiques sous la forme d’une baisse des prélèvements publics obligatoires,
- à la puissance publique elle-même,
- aux éventuels litiges avec les victimes (non-résidents) de la perte de change.
9 - La mission de service public du système bancaire concerne notamment l’aide au rétablissement de l’équilibre extérieur : relocalisations, investissements substitutifs d’importations, agriculture de proximité privilégiant l’autosuffisance alimentaire, dé-carbonisation etc.
10 - Les moyens nouveaux de la puissance publique doivent privilégier l’avenir : formation, recherche, coopération interétatique - en particulier européenne- sur grands projets, investissements stratégiques, etc.
11 - La méthodologie du retour à la souveraineté monétaire passe par une habile négociation ne portant au départ que sur le questionnement du caractère non approprié de l’ordo-libéralisme allemand : la responsabilité de la fin de l’euro doit reposer sur l’Allemagne et non sur la France.
Conclusion : La fin du QE de l’actuelle BCE - qui augmente la base monétaire et non le crédit et donc l’investissement - et son remplacement par l’achat direct de dette publique participe à une véritable économie de l’offre rétablissant la confiance : l’aisance monétaire renoue avec le multiplicateur du crédit, lui-même encouragé par la baisse des prélèvements publics obligatoires. Parallèlement, les banques et en particulier, celles dites « Spécialistes en Valeurs du Trésors » (« SVT »), sont mécaniquement invitées à construire des produits financiers dont la contrepartie correspond à un investissement réel. (et non plus une dette publique dont la contrepartie est une dépense publique courante). Une croissance forte reconstructrice d’une classe moyenne large est ainsi enclenchée.