François Hollande ne peut briguer un nouveau mandat car la constitution le lui interdit : Sur référendum d’initiative populaire, les français ont décidé en Juillet 2012 qu’ aucun mandat de la République ne serait renouvelable. Avec le temps, on se dit aujourd’hui que c’est peut -être la mesure qui a permis le terrassement de la crise, tant en France que dans biens des pays, qui ont adopté la même législation dans la foulée. Car, curieusement, et furieusement, les français qui étaient si pessimistes, ont commencé à croire en l’avenir : ils savent désormais que leurs dirigeants ne sont plus aliénés, par les contraintes de leur reconduction au pouvoir, lesquels peuvent désormais, librement, et de façon apaisée, réfléchir à l’idée d’un bien commun à construire.
François Hollande – sa réélection ne faisant aucun doute tant les résultats sont brillants - est sans doute malheureux de ne pouvoir briguer un second mandat. En revanche, il peut être fier des changements qu’il a contribué à développer. La fin de l’indépendance de la Banque centrale (20mai 2012) et ses avances massives et gratuites au Trésor et à la banque publique d’investissement (25 mai 2012) ont permis des investissements autrement importants que ceux escomptés par Mario Draghi avec les « facilités » offertes aux banques en décembre 2011 et Février 2012 - Plus de 1000 milliards d’euros de « création monétaire », soit la moitié du PIB de la France- pour simplement maintenir, dans des limites convenables, les spreads de taux des dettes souveraines en perdition. C’est que depuis prés de 5 années, les investissements ont été massifs dans les infrastructures : voies ferrées, fluviales, transports collectifs, etc. Mais aussi dans la dé -carbonisation de toutes les activités : logements à énergie positive, solaire, éolien etc. Mais aussi et surtout dans les investissements des PME qui ont largement bénéficié des crédits à taux Zéro et surtout de l’abolition de toutes charges sociales sur les « productions nouvelles substitutives d’importations » (loi du 7 juillet 2012). On voit même la transformation de l’auto-entrepreneuriat crée en 2008 comme « pansement au chômage » : des auto-entrepreneurs deviennent dirigeants de PME et commencent à vendre à la Distribution ce qu’elle ne peut plus acheter aussi facilement en Chine en raison de la protection européenne que François Hollande a su proposer à nombre de pays européens. Mais il est vrai que sur ce sujet essentiel, il avait été beaucoup stimulé par les militants de "l'initiative citoyenne européenne sur le libre échange" qui avait rendu si populaire, le retour au tarif extérieur commun.
l’automatisation des grandes entreprises industrielles est aussi devenue un grand chantier : elles aussi obtiennent des crédits à taux zéro sur une longue période. Beaucoup relocalisent en raison de la protection européenne, mais aussi en raison des gains de productivité offerts par l’automatisation. Et Allemands et Italiens ne s’en plaignent pas, eux qui dans le secteur des machines automatiques ont une compétence reconnue. N’oublions pas non plus l’agriculture dont la reconversion est maintenant bien enclenchée.
La nouvelle croissance réelle n’est pas encore très élevée, mais la croissance potentielle augmente tous les jours : probablement près de 4% aujourd’hui. Tout n’est pas réglé, car de fait, beaucoup d’emplois sont crées, mais d’autres sont détruits : dans la Distribution qui profitait largement, par ses centaines de milliers de containers en provenance d’Asie, de la grande dislocation des productions ; dans la banque aujourd’hui totalement repositionnée et amaigrie du fait de la disparition de ses activité spéculatives, dans les métiers de l’épargne avec la disparition de la dette publique, matière première de produits financiers magiques ; dans les activités de type « casino » avec la réforme élargie du code monétaire et financier.
Cette dernière réforme fût obtenue en quelques semaines, là où l’on butait à Bruxelles, ou ailleurs, depuis 5ans. Et pour accélérer les Choses, le président Hollande fit comme Bonaparte avec le code Civil : il a lui-même présidé plusieurs séances d’arbitrage. Avec les résultats que l’on sait : abandon de la cotation en continu, interdiction de la vente à découvert, séparation des activités, limite à la taille des bilans, interdictions des paris sur fluctuations de prix et réduction du périmètre des marchés à termes, interdiction des CDS, fermeture de l’AMF et rétablissement de l’autorité administrative, retrait de licence bancaire sur non fermeture des relations avec paradis fiscaux, etc. Curieusement, presque tous les gouvernements européens, en cela encouragés par leur population, ont suivi le dynamisme français. Et la bureacratie bruxelloise a bien du suivre le mouvement des peuples : c’était cela ou la disparition de leur emploi. Et presque toutes les banques centrales sont aujourd’hui soumises à leur Trésor.
Evidement, la réforme bancaire fût le plus gros chantier de l’été 2012. Il est désormais interdit aux banques de créer de la monnaie, et seul l’Etat par le canal de la banque centrale, peut vendre de la monnaie- évidemment avec profit - aux banques, et ce à des fins d’investissement. Il s’en suit la disparition de l’Agence France Trésor (fermée le 20 septembre 2012), agence créée par Laurent Fabius, qui empruntait de l’argent aux banques, pour couvrir le déficit budgétaire. Le monde est ainsi renversé…ou remis sur ses pieds : l’Etat n’a pas à dépendre de la finance, c’est plutôt à la finance de dépendre de l’Etat.
Bien évidemment, ce chambardement n’a pas fait plaisir à tout le monde : il se trouvait très défavorable aux rentiers. Et les fonds de pension anglo -saxons, mais aussi les assureurs, ont beaucoup souffert .Mais comme le disait François Hollande : « entre le casino et l’entreprise, il faut choisir ». Le président expliquait ainsi qu’il était le vrai sauveur du capitalisme. Au 20ième siècle, le socialisme avait menacé gravement le capitalisme ; au 21ième, c’était le financiarisme qui menaçait l’entrepreneur schumpeterien. Le capitalisme, la libre entreprise débarrassée du cancer de la finance, redevenait selon lui un « choix éthique de vie en société » : un vrai libéral ce président qui va nous quitter.
Tout ce changement a pu être initié très vite et presque sans résistance, exactement comme le fit Roosevelt en 1933 aux USA. Et, le plus curieux, avec une contagion internationale bénéfique.
Mais soyons juste , François Hollande ne peut partir sans rendre un hommage appuyé à son prédécesseur : c’est ce dernier qui a ouvert la voie, et a empêché – fort heureusement –l’application de cet irréel programme socialiste, construit sur une croissance inatteignable . De quelle façon ? Rappelons nous, quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle 2012, Le président se sentant perdu, a cherché à se sauver en renversant la table : en mobilisant l’arme absolue qu’est l’article 16 de la Constitution – seul président des nations démocratiques à disposer d’une telle arme - il a mis fin, par Ordonnance, à l’indépendance de la Banque de France. Dans le même geste, il ordonnait la réquisition du gouverneur de l’époque, Christian Noyer, lequel était invité à rembourser toutes les dettes du Trésor, bien évidemment dans la seule monnaie disponible : l’euro. De quoi libérer le Trésor, mais aussi de quoi obtenir une baisse massive et durable de l’euro sur le marché des changes. A la veille du premier tour de l’élection présidentielle, l’euro ne valait plus que O,96 dollars contre 1 ,34 quelques jours auparavant. Le tumulte qui devait s’en suivre fût grand, mais l’idée de passer de l’euro, monnaie unique à l’euro monnaie commune fût acceptée, Y compris par les pays du nord de la zone. Y compris par les USA et la Chine qui préféraient – malgré tout- une telle solution, plutôt que de voir dollar et Yuan sans bouclier. L’ancien président n’a pu se sauver, mais son échec a ouvert la voie au grand chambardement.
François Hollande, dès le 7 mai 2012, a fait savoir que la monnaie commune, ne pouvait pas être le retour de l’antique serpent monétaire européen, antique serpent que l’on avait fait mourir dans la piscine de la spéculation. La spéculation est désormais interdite, puisque les « euro monnaies » ne sont convertibles qu’en euro, sur la base d’un taux de change fixe, arrêté par chaque Etat. Et Chaque année, des taux fixes sont renégociés lors d’une conférence au sommet bruxelloise : les moins bons dévaluent et les meilleurs réévaluent, chacun faisant obligatoirement la moitié du chemin . Aujourd’hui, en février 2017, l’euro franc vaut un euro, et la gamme des parités européennes va de 0,55 pour l’euro drachme à 1,2 pour l’euro mark. A cette gamme de prix correspond des soldes extérieurs qui sans être totalement équilibrés suppriment les comportements de « passagers clandestins » : l’euro n’est plus une drogue, et la zone euro n’est plus une machine à détruire le projet européen. Sur la seule base d’une réduction du déficit extérieur de 70 milliards d’euro en 5 années, la France a ainsi pu créer plus de 500 000 emplois.
Bien sûr, le PIB / tête exprimé en euro a diminué, et les français disposent d’un revenu globalement plus faible. Bien sûr les importations sont beaucoup plus couteuses et le périmètre de la Grande Distribution s’est réduit. Les coûts de transport ont beaucoup augmenté, d’où un plan massif de développement des transports en commun. Mais les français, désendettés par refus politique de la financiarisation, renouent avec le futur et construisent l’avenir de façon plus solidaire, les métiers et rémunérations scandaleusement parasitaires, devenant marginalisés. Globalement, moins de biens, et plus de liens, autant à l’intérieur d’une génération, qu’entre générations. Décidément la grande nation est de retour.
Le nouveau président ne sera désigné que dans quelques mois, mais il a de la chance : le terrain est bien débroussaillé, et surtout il ne sera pas perturbé par l’angoisse d’une réélection. Et ce d’autant que le nouveau statut de l’élu, voté en Avril 2013, sécurise tous les engagements citoyens.