Avec le temps acheté par les banquiers centraux qui maintiennent en vie la machine à fabriquer de la dette pour empêcher l'effondrement financier et économique planétaire, beaucoup d'experts persistent dans l'erreur et concluent des raisonnements que le simple bon sens peut aisément récuser.
Ainsi il est aujourd'hui affirmé haut et fort que si l'austérité est difficilement supportable, les premiers dividendes commencent à se manifester. Le cas de La Grèce, du Portugal de l'Irlande, de l'Espagne, mais aussi de la Lettonie sont ainsi évoqués pour vanter les mérites d'une compétitivité en voie de restauration.
Le moteur de cette compétitivité n'est évidemment pas la hausse de la productivité physique des facteurs de la production, il est plus simplement la baisse sur la période 2009/2012 du coût salarial unitaire : plus de 20% pour la Lettonie, 12% pour la Grèce, 9,9% pour l'Irlande, 7,9% pour le Portugal, 7,4% pour l'Espagne.
Bien évidemment, il en résulte une baisse de la demande intérieure, elle même favorisée par la baisse de la dépense publique (santé, éducation, etc.). Cette baisse en volume depuis 2009, et calculée à partir d'une base 100 en 1999, correspond à 30 points pour la Grèce et la Lettonie, et approximativement 12 points pour l'Espagne et le Portugal.
Il n'est guère besoin d'être expert, pour comprendre que cette baisse de la demande intérieure, procure des effets bénéfiques en termes de recul des importations: la baisse est le produit de la propension à importer par la variation de la demande intérieure. A l'inverse, la baisse du coût du travail rend les exportations plus aisées, ce qui se manifeste de façon assez spectaculaire. Ainsi entre Janvier 2009 et octobre 2012, l'Espagne voit le volume de ses exportations mensuelles doubler, Grèce et Portugal augmentent de 80% leurs exportations, tandis que l'Irlande, pays déjà très exportateur avant 2008 ne fait que retrouver la situation d'avant la crise.
Cette embellie due à la compétitivité, est évidemment un choc pour les autres pays fournisseurs et clients , essentiellement le reste de la zone euro, qui doivent encaisser en termes de recul d'activité, aussi bien la chute de la demande intérieure, que le regain des exportations de l'Espagne, du Portugal, de l'Irlande, du Portugal, etc. L'Italie est du reste sur le même chemin. Bien évidemment, les experts en raisonnement erronés risquent de répondre en disant que tous doivent prendre ce chemin difficile mais vertueux. Mais alors, si tous doivent davantage exporter et si tous doivent dégonfler la demande intérieure, aussi en réduisant les dépenses publiques, qui va acheter?
Nous le voyons il est impossible de na pas évoquer la question essentielle, souvent abordée dans ce blog: la configuration actuelle de la mondialisation, avec des chaines de la valeur très découpées pour répondre à la vieille crise du fordisme, n'a fait que développer un écart croissant, entre offre globale mondiale et demande globale mondiale. Ecart comblé jusqu'ici, par la machine à faire de la dette, dont l'épuisement se matérilise en crise financière gérée faute de solution de façon de plus en plus accrobatique . Les châteaux de cartes sont comme les courbes: ils ne peuvent monter jusqu'au ciel.
A l'inverse, constatons qu le contrôle qualité des raisonnements économiques, n'arrive pas, lui, à décoller.