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22 mai 2017 1 22 /05 /mai /2017 17:04

Depuis la publication du billet, de nombreux lecteurs sont intervenus pour le critiquer et en améliorer son contenu.

Une première série de critiques concerne les prélèvements fiscaux auxquels les entreprises françaises sont assujetties dans des proportions bien plus grandes que dans la moyenne de la zone euro (18% du PIB contre 11% dans le reste de la zone). Un tel écart entraine aussi des taux de marge en France beaucoup plus faibles (32% contre 43% dans le reste de la zone) avec bien évidemment des conséquences sur l’investissement. Ces différences sont à examiner de près.

En premier lieu, les prélèvements en pourcentages sont d’autant plus élevés que la production est plus faible. Si le PIB français était plus élevé, à besoins de prélèvements fiscaux identiques en masse, le taux de prélèvement serait plus faible. Inversement, comme la croissance allemande est devenue structurellement plus élevée, on comprend que, cette année, la pression fiscale allemande va continuer de baisser ce qui va aggraver l’écart entre les deux pays. Ce qui compte, dans cette affaire de pourcentage de prélèvement, est autant le numérateur (masse prélevée) que le dénominateur (PIB). Ajoutons par ailleurs que la masse prélevée doit logiquement diminuer si le PIB est plus élevé en raison de besoins sociaux moindres ( moins de chômage, moins d’exclus, etc.) De fait la continuelle montée des prélèvements obligatoires en France est largement due à l’insuffisance de la croissance. Et si les prélèvements allemands commencent à diminuer c’est en raison d’une conjoncture de croissance plus élevée.

En second lieu, le poids des prélèvements résulte aussi du mode de gestion du coût de la reproduction de la force de travail. En France, le salarié reçoit le prix de sa reproduction immédiate : de quoi se nourrir, se loger, etc, en achetant directement sur le marché les biens et services nécessaires à la reproduction de la vie. Par contre, les coûts indirects de la reproduction de la vie : allocations familiales, chômage, maladie , vieillesse, etc. sont quasi entièrement socialisés et passent très majoritairement par la machinerie de la puissance publique. Depuis très longtemps mais surtout depuis la crise, ce coût est payé par les entreprises (prélèvements fiscaux et sociaux) et par de la dette émise par l’Agence France Trésor et par la CADES. Dans beaucoup d’autres pays de la zone, les salariés reçoivent davantage que le prix de la reproduction immédiate de la vie. A ce titre, au-delà de l’achat classique de biens et de services, ils doivent se livrer à l’achat moins classique de la reproduction de la vie lorsque les dits salariés sont malades, sont âgés, etc.

Si donc, il existe une grande différence dans le niveau de prélèvements publics obligatoires cela résulte de ces 2 causes : production davantage bloquée en France et mode spécifique des modalités concrètes de gestion du coût de la reproduction de la force de travail.

Parce que dans l’idéologie macronienne ce sont les prélèvements publics obligatoires qui expliquent la faiblesse de la production, il faut les diminuer en affaissant globalement les charges indirectes liées à la reproduction de la force de travail. Comme il est difficile de s’attaquer au salaire direct en raison des rigidités du marché du travail, ( difficile de supprimer les conventions collectives, les contrats à durée indéterminées, etc) , on s’attaque aux retraites, à la sécurité sociale, la valeur des logements etc.

La seconde série de critiques concerne la dette elle-même. C’est bien la dette publique de la France -et bien sûr toutes les autres dettes publiques- qui, nourrissant les soi-disant cigales…,nourrissent en retour des entreprises allemandes produisant beaucoup plus que les débouchés nationaux du pays. Sans ces dettes, les salariés français ne pourraient pas acheter les marchandises allemandes. La dette publique est donc bien ce qui permet d’équilibrer un monde fort mal organisé[JCW1] où les excédents et déficits commerciaux ne sont en aucune façon pris en considération. Mais cette fort mauvaise organisation nourrit magnifiquement la finance puisque plus de dettes c’est aussi plus de rente, avec par exemple 41 milliards d’intérêts pour le budget français de 2017 pour un déficit global de 67 milliards.

Un monde mieux organisé est ce que nous tenterons d’examiner dans la seconde partie du billet. Toutefois il est clair que la rente sur la dette publique n’est en aucune façon justifiée par des lois générales universelles et intemporelles. L’histoire nous apprend qu’il n’en fut pas toujours ainsi, ce qui nous permet de renvoyer le lecteur vers un livre très éclairant et trop méconnu[1]. Maintenant la théorie « Néochartalienne » de la monnaie confirme l’histoire, ce qui nous renvoie à d’autres publications[2]. Enfin le simple bon sens débouche sur l’étonnement : comment se fait-il que les Etats acceptent de payer un loyer sur leur propre monnaie ?

Pour comprendre ce qui est une évidence masquée, prenons une image : le lecteur connait-il un univers où il serait juridiquement interdit au propriétaire d’un verger d’en récolter les fruits et où , dans le même temps, il lui serait assignée l’obligation d’acheter les fruits d’un propriétaire voisin ? Il est bien clair que dans un monde remis sur ses pieds ce serait sur injonction du Trésor, et bien sûr sous contrôle démocratique, à la banque centrale d’émettre de la monnaie , une monnaie non artificiellement appuyée sur une dette.

 

 

 

[1] « L’ordre de la dette- enquête sur les infortunes de l’Etat et la prospérité des marchés » ; Benjamin Lemoine ; La découverte ; 2016.

[2] Nous renvoyons ici à l’excellent blog du trop vite disparu jean-baptiste Bersac et à ses nombreux billet et ouvrage. https://frappermonnaie.wordpress.com/

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B
La banque centrale des Etats-Unis, la Banque Centrale Européenne et la banque centrale japonaise sont devenues folles.<br /> <br /> La banque centrale des Etats-Unis, la Banque Centrale Européenne et la banque centrale japonaise rachètent sur les marchés internationaux des milliards d'actions et des milliards d'obligations.<br /> <br /> - Conséquence positive : les bourses du monde entier montent, montent encore, montent toujours.<br /> <br /> - Conséquence négative : la bulle boursière devient de plus en plus gigantesque. <br /> <br /> Quand cette gigantesque bulle boursière éclatera, le monde subira la pire crise de l'Histoire.<br /> <br /> Mercredi 7 juin 2017 :<br /> <br /> La taille des bilans respectifs de la BCE et de la BoJ dépasse celle de la FED.<br /> <br /> Regardez bien la taille des bilans des trois banques centrales :<br /> <br /> https://or-argent.eu/wp-content/uploads/2017/06/bilans-bce-fed-bof.jpg<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Pour la première fois de l’histoire, le bilan de la BCE ainsi que celui de la Banque du Japon est supérieur à celui de la FED.<br /> <br /> Selon les statistiques de la BoJ, son bilan a dépassé les 500 trillions de yens (4,48 trillions de dollars) à la fin mai. De plus, ces derniers chiffres montrent que les acquisitions de la Banque centrale japonaise ont considérablement ralenti durant ces derniers mois. À la fin du mois de mai 2017, le portefeuille de la banque centrale japonaise était en hausse de 70,7 trillions de yens par rapport à mai 2016, soit plus de 10 % en dessous de l’objectif officiel d’augmentation annuelle de 80 trillions de yens.<br /> <br /> Malgré cela, ce sont les achats de la BCE et de la BoJ qui maintiennent les marchés actions mondiaux en vie depuis la fin du QE3 de la FED.<br /> <br /> Et maintenant ?<br /> <br /> La FED a tenté de faire croire aux marchés qu’elle va procéder à la réduction de la taille de son bilan en laissant ses actifs arriver à maturité sans les renouveler. Ce qui augure une réduction de voilure très irrégulière au vu des dates d’échéance des actifs qui composent son portefeuille.<br /> <br /> À moins que quelqu’un reprenne le flambeau, le bilan de la FED va fondre et cela se finira mal pour les marchés actions mondiaux étant donné la corrélation entre la taille des bilans des banques centrales du « G3 » et les marchés actions américains.<br /> <br /> Charles Sannat.
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B
- En juin 2016, le Groupe Bilderberg avait sélectionné deux personnalités politiques françaises. Quelques mois plus tard, ces deux personnalités politiques ont été placées aux postes clés :<br /> <br /> Edouard Philippe est devenu premier Ministre.<br /> <br /> Sylvie Goulard est devenue ministre des Armées (C'est nouveau. La France n'est plus une nation. La France est devenue une région d'un ensemble plus vaste : l'Union Européenne. Donc on vient de supprimer la Défense nationale. Normal : il n'y a plus de nation.)<br /> <br /> - En juin 2014, le Groupe Bilderberg avait sélectionné deux hommes politiques. Là encore, ils viennent d'être placés aux postes clés :<br /> <br /> Emmanuel Macron est devenu président de la République.<br /> <br /> François Baroin est devenu chef de l'opposition.<br /> <br /> - En juin 2017, le Groupe Bilderberg n'a plus du tout besoin de sélectionner des hommes politiques français : ils ont déjà placé leurs pions.<br /> <br /> En juin 2017, l'accent est donc mis sur les journalistes, les éditorialistes, les faiseurs d'opinion. <br /> <br /> Objectif : faire un bourrage de crâne dans tous les médias français pour expliquer que la construction européenne, c'est génial, que l'Union Européenne, c'est génial, que l'euro, c'est génial, que la future armée européenne, ça va être génial, etc.<br /> <br /> Le Groupe Bilderberg a donc sélectionné pour faire sa propagande médiatique sept Français, tous européistes, tous chargés de répandre la bonne parole européiste :<br /> <br /> Henri de Castries, ancien patron d'AXA, président de l'Institut Montaigne <br /> Nicolas Baverez, journaliste, éditorialiste de l'hebdomadaire LE POINT<br /> Thomas Buberl, patron d'AXA<br /> Christine Lagarde, patronne du FMI<br /> François Lenglet, journaliste sur France 2<br /> Benoît Puga, ancien chef d'état-major<br /> Bruno Tertrais, patron de la Fondation pour la recherche stratégique<br /> <br /> http://bilderbergmeetings.org/participants.html
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B
Zbigniew Brzezinski vient de mourir.<br /> <br /> Cette ordure était le plus important théoricien de notre époque.<br /> <br /> Ce fumier était le théoricien du « tittytainment ».<br /> <br /> Rappel, pour ceux qui ne savent pas ce qu'est le « tittytainment » :<br /> <br /> Du 27 septembre 1995 au 1er octobre 1995, à San Francisco, le grand hôtel Fairmont accueille 500 membres de l’élite mondiale : chefs d’Etat, hommes politiques, dirigeants d’entreprises multinationales, universitaires, chercheurs, etc. <br /> <br /> Cette réunion du Fairmont se déroule dans le cadre de la fondation de Mikhaïl Gorbatchev. Elle a une grande importance historique. Elle fait intervenir George Bush père, George Schultz, Margaret Thatcher, Ted Turner de l’entreprise CNN, John Gage de l’entreprise Sun Microsystems, des dizaines d’autres personnalités de tous les continents … et bien sûr l'incontournable Zbigniew Brzezinski. Elle a pour thème « l’avenir du travail ».<br /> <br /> Lisez cet extrait :<br /> <br /> « L’avenir, les pragmatiques du Fairmont le résument en une fraction et un concept : « Deux dixièmes » et « tittytainment ».<br /> <br /> Dans le siècle à venir, deux dixièmes de la population active suffiraient à maintenir l’activité de l’économie mondiale. « On n’aura pas besoin de plus de main d’œuvre », estime le magnat Washington Sycip. Un cinquième des demandeurs d’emploi suffira à produire toutes les marchandises et à fournir les prestations de services de haute valeur que peut s’offrir la société mondiale. Ces deux dixièmes de la population participeront ainsi activement à la vie, aux revenus et à la consommation – dans quelque pays que ce soit. Il est possible que ce chiffre s’élève encore d’un ou deux pour cent, admettent les débatteurs, par exemple en y ajoutant les héritiers fortunés.<br /> <br /> Mais pour le reste ? Peut-on envisager que 80 % des personnes souhaitant travailler se retrouvent sans emploi ? « Il est sûr, dit l’auteur américain Jeremy Rifkin, qui a écrit le livre La Fin du travail, que les 80 % restants vont avoir des problèmes considérables. » Le manager de Sun, John Gage, reprend la parole et cite le directeur de son entreprise, Scott McNealy : à l’avenir, dit-il, la question sera « to have lunch or be lunch » : avoir à manger ou être dévoré.<br /> <br /> Cet aréopage de haut niveau qui était censé travailler sur « l’avenir du travail » se consacre ensuite exclusivement à ceux qui n’en auront plus. Les participants en sont convaincus : parmi ces innombrables nouveaux chômeurs répartis dans le monde entier, on trouvera des dizaines de millions de personnes qui, jusqu’ici, avaient plus d’accointances avec la vie quotidienne confortable des environs de la baie de San Francisco qu’avec la lutte quotidienne pour le survie à laquelle doivent se livrer les titulaires d’emplois précaires. C’est un nouvel ordre social que l’on dessine au Fairmont, un univers de pays riches sans classe moyenne digne de ce nom – et personne n’y apporte de démenti.<br /> <br /> L’expression « tittytainment », proposée par ce vieux grognard de Zbigniew Brzezinski, fait en revanche carrière. Ce natif de Pologne a été quatre années durant conseiller pour la Sécurité nationale auprès du président américain Jimmy Carter. Depuis, il se consacre aux questions géostratégiques. Tittytainment, selon Brzezinski, est une combinaison des mots entertainment et tits, le terme d’argot américain pour désigner les seins. Brzezinski pense moins au sexe, en l’occurrence, qu’au lait qui coule de la poitrine d’une mère qui allaite. Un cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettrait selon lui de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète. » <br /> <br /> Source :<br /> <br /> Hans-Peter Martin, Harald Schumann, « Le piège de la mondialisation », Solin Actes Sud, page 12.<br /> <br /> Pour en savoir plus sur Zbigniew Brzezinski :<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Zbigniew_Brzezi%C5%84ski<br /> <br /> https://fr.wikipedia.org/wiki/Tittytainment
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Z
Impact sortie de l'Euro sur gain de productivité et pouvoir achat<br /> <br /> On suppose que l'Euro ne survit pas au frexit. <br /> Dévaluation forte vis à vis deutchmark, réevaluation modeste vis à vis peseta et lire, dévaluation très modeste face au dollar.<br /> <br /> Vu % élevé d'activité intranationale et baisse franc modérée face au $, hausse des prix très modeste.<br /> Mais de même pour gains de productivité.<br /> <br /> Au final, la sortie de l'Euro c'est surtout un rééquilibrage de la parité franc deutchmark, ce qui est déjà bien mais loin d'être le remède miracle...
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Z
Par contre embêtant pour l'Allemagne qui voit sa monnaie réévaluée face au reste du monde.<br /> <br /> Ce pourrait être un moyen de pression pour inciter nos voisins à lâcher du lest : vous avez gros à perdre. Pas nous...

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