Résumé:
Les difficultés qui sont le quotidien de la grande crise sont aussi le produit d'une difficulté croissante à envisager le vivre ensemble. La déconstruction de la société est le produit de la radicalisation de la modernité: plus rien n'est naturel et tout devient culturel, lequel est par essence individuellement ou socialement contestable.
De quoi détruire les repères et donc les marchés des entreprises politiques qui elles aussi ne peuvent que se déconstruire.
Pour les socio-biologistes il faudrait considérer la société comme une forme de super organisation du vivant. Dans cette perspective il faudrait s’appuyer sur le fait que le vivant se caractériserait par 3 principes fondamentaux : l’auto-conservation ou auto-construction, l’auto-reproduction, et l’auto-régulation.[1]
Sociobiologistes et Ethnologues
Le premier principe signifie que toute organisation vivante est dotée d’un équipement qui lui permet de se maintenir en vie, équipement procédant par prélèvement sur l’extérieur et assimilation de ce qui est prélevé. C’est, par exemple, l’air ou la nourriture. Ce principe dans sa traduction sociale pourrait signifier l’activité économique et son organisation en tant qu’organisation de travail. Avec une conclusion morale possible : il faudrait travailler pour vivre.
Le second principe, celui d’auto-production, signifie que les organismes vivants sont équipés pour reproduire la vie et la propager. A l’échelle d’un organisme complet, cela signifie la multiplication cellulaire et la question de la sexualité. Au niveau sociétal, cela signifie que la société peut être amenée à s’organiser pour reproduire la vie : famille, règles matrimoniales, etc. Historiquement la reproduction de la vie, et donc celle de la société, n’a rien d’évident et un pouvoir fort sera souvent présent pour instituer et contrôler la famille.
L’auto régulation enfin, correspond à l’idée que tout organisme vivant est équipé pour coordonner les activités de la réalité biologique. Ce sont de véritables outils de régulation ou de protection de la vie (température, lumière, contrôle des qualités des ingrédients de ce qui est constitutif de la vie, etc.). Au niveau sociétal, on peut imaginer que les règles de droit et l’organisation institutionnelle sont les outils d’auto-régulation de la société. Notons enfin qu’au niveau sociétal ce principe d’auto organisation découle des deux premiers : il faut réguler la production et la distribution de la nourriture ou des biens économiques en général, et il faut réguler la fonction sexuelle chargée de reproduire le monde.
Ces deux régulations, celle de la production et celle de la reproduction n’ont pas nécessairement la même importance, et leur hiérarchisation est variable selon les lieux et les époques historiques.
Selon le paradigme marxien, le « développement des forces productives » serait le moteur d’un processus historique. Ce paradigme est aujourd’hui contesté et on croit savoir qu’à l’aube de l’humanité, le défi de la reproduction, était probablement plus important que celui de la production. D’où une régulation aboutissant au contrôle du sex- ratio entre groupes, à l’engendrement de règles matrimoniales visant à assurer son équilibre, donc à assurer la circulation équilibrée des femmes en tant « qu’outils de reproduction du monde » et assurant in fine chez les intéressées, une condition de dépendance[2].
A l’inverse des animaux qui - vivant souvent en société - semblent obéir à une logique de la vie qui les dépasse (les abeilles constituent une société mais ne connaissent pas d’Histoire), les humains ont un regard sur leur propre vie et jouissent d’une capacité à interpréter les contraintes d’une nature biologique à priori indépassable.
C’est cette interprétation variable selon les lieux et les époques qui font que les humains ont une Histoire, et qu’au cours d’une même époque, puisse cohabiter voire s’opposer des visions et pratiques sociales différentes. Nous proposons d’appeler : « Cultures » ces visions et pratiques. Il y a donc dans la culture une certaine vision de la condition humaine en tant qu’êtres biologiques.
Dans un monde concret, il est probable que les individus qui y vivent, auront des difficultés à distinguer ce qui relève de la condition biologique stricte et ce qui relève de la pratique culturelle qui lui est associée. Ainsi les mythes que l’on rencontre dans toutes les cultures et qui, bien évidemment, correspondent à des pratiques sociales sont vécus comme faits naturels et correspondent à des vérités indépassables.[3]
Petit détour chez les économistes
Hayek qui travaille dans un tout autre registre que celui de l’Ethnologie considère que l’auto régulation du monde n’est pas faite de règles inventées par une pensée organisatrice, lesquelles dépassent chacun des acteurs qui les reçoivent, et sont vécues comme des faits de nature.[4]
Les deux régulations, qui expriment des visions et pratiques correspondantes et donc une culture, ne sont pourtant pas figées et il existe des transformations possibles, qui produiront l’histoire de l’ensemble social.
Le même Hayek nous présente ainsi une théorie de l’évolution culturelle donc une réinterprétation plus ou moins continue des contraintes proprement biologiques. Evolution correspondant aux principes suivants :
- C’est l'efficience du groupe - efficience par rapport à ses contraintes biologiques - qui est le critère de sélection des règles. Si une règle nouvelle profitable pour un individu mais nuisible pour le groupe émerge, elle ne deviendra jamais norme sociale, norme encore une fois vécue comme naturelle.
- Une règle ne s'apprécie jamais de façon intrinsèque, elle ne s'apprécie que dans un contexte de règles déjà existantes et d'un environnement. C'est la raison pour laquelle les normes sociales sont différentes d'un groupe à l'autre, d'une civilisation à l'autre, et qu’en conséquence il existe des Histoires différentes.
- L’individu n'a pas besoin de comprendre comment fonctionne le groupe pour contribuer à le faire fonctionner. Il croit agir comme il l'entend, mais sa conduite- qu'il peut croire éventuellement libre- est de fait inscrite dans les règles faisant émerger l'ordre social. Il ne sait donc pas qu'il contribue à reproduire la société et ignore la genèse et le pourquoi des règles qu'il respecte et reproduit. Il sait seulement qu'il faut se comporter de telle ou telle façon.
-Les règles efficientes sont fixées par causalité circulaire. Le passage de la conduite innovante à la norme, est aidé par des mécanismes (louange ou blâme) qui assurent l'imitation des comportements bénéfiques pour les nouveaux arrivants dans le groupe. Ces mécanismes permettent une vitesse d'évolution plus grande que dans la biologie et, des groupes moins efficients, peuvent intégrer les règles de groupes plus efficients, ce qui est un processus courant dans l'histoire des civilisations.
Retour à l’Ethnologie
Parmi toutes les règles validées dans une culture - règles qui encore une fois correspondent à une interprétation, ou à une façon de répondre aux grands défis imposés par la vie – il y a la religion. Présente dans toutes les cultures, elle en est l’élément le plus important car elle assure une structuration complète du monde, en répondant aux questions que l’intelligence des hommes laisse être des angoisses et interrogations. Et là aussi, nous retrouvons dans l’invariant de toutes les religions les regards posés par les sociobiologistes : cette vie, qu’il faut maintenir et réguler socialement, est donnée par des forces qui dépassent les hommes. D’où la grande généralité des mythes selon lesquels les hommes seraient endettés vis-à-vis des Dieux : la dette de vie, qu’il faut régulièrement rembourser par le biais de l’institution du sacrifice. D’où aussi, la très grande généralité des croyances et règles comportementales associées, concernant le maintien d’une vie au-delà de la vie terrestre. Bien évidemment, l’enveloppe religieuse sera infiniment variée et dépendra encore une fois de la représentation que se font les hommes de leur condition biologique.
Elle pourra se confondre entièrement avec le monde visible (« La nature est enchantée par les dieux ») et fera que ce qui est complètement culturel - les pratiques sociales- est lui-même invisible. Il n’existe pas à ce stade de séparation pensable entre nature et culture.
Plus tard, ou en d’autres lieux, elle pourra créer un dualisme avec ce qui est une autorité terrestre. Nous avons là toute la problématique de l’apparition des Etats[5] en tant qu’autorité instituant des règles, avec des entrepreneurs politiques qui vont asseoir leur domination et leur capacité prédatrice, en se servant de l’enveloppe religieuse. Et plus l’enveloppe va s’abstraire et faire naitre l’idée d’universel (contestation des polythéismes et développement des monothéismes), et plus ces accapareurs de règles, qu’Hayek hésiterait à appeler « règles de juste conduite », seront -dans un mouvement inverse- amenés à déclarer naturelles les lois qu’ils émettent. Nous avons toujours l’idée de nature : les lois ne sont que déclaratives des lois naturelles[6]. L’ordre humain, les institutions, etc. sont un fait de nature et il n’appartient pas aux hommes de pouvoir s’en détacher.
Expansion du culturel et étiolement du naturel
Il faudra attendra la naissance de la modernité pour voir débuter une réelle révolution épistémologique[7] : les hommes prennent conscience que l’ordre de la société ne résulte que de leur propre action. Les règles du jeu social sont ainsi progressivement éloignées de l’ordre de la nature, pour rejoindre celui de la culture. La frontière se déplace massivement au profit de l’immense empire de la culture que l’on n’a pas fini d’explorer.
Mais les choses ne sont pas simples. Les dieux, parfois incarnés, du polythéisme disparaissent au profit d’un Dieu qui s’éloigne mais qui reste présent. Il n’est plus dans le monde des choses mais il reste présent dans les lois concernant les choses, et lois que les hommes peuvent découvrir. Enfin, il reste complètement dans la vie dont il est l’initiateur et le décideur ultime.
D’où l’ambiguïté qui pourra un jour apparaitre concernant les débats sur les droits de l’homme. Puisque toutes les pratiques sociales relèvent du culturel, toujours renégociables politiquement, tentons de découvrir ce qui relève de la seule nature et que l’homme ne peut toucher. Les libéraux, notamment anglo-saxons, vont énoncer l’existence de 3 droits naturels : vie, liberté, propriété, sans se rendre compte qu’ils peuvent donner lieu à débats sur l’authenticité de l’affichage « droits naturels ».
A priori ces droits sont complémentaires, mais ils sont surtout hiérarchisés et tournent autour du socle de la propriété : pour me protéger contre ceux qui souhaitent prendre ma vie, il me faut être propriétaire de cette dernière. Maintenant je ne suis libre, que s’il m’est possible de faire respecter mes droits de propriété. Les fonctions vitales dégagées par les sociobiologistes relèvent ainsi de l’activité volontaire, aux fins de conserver (auto conservation) la vie et de la reproduire (auto production). On comprend dès lors que la vieille famille chargée de l’autoproduction, avec les rites sociaux qui lui étaient réservés, devient affaire de liberté contractuelle : nul pouvoir ne doit s’ingérer dans ce type d’affaires. Ce qu’on appelle droit de la famille ne saurait résulter d’injonctions de pouvoirs politiques ou religieux.
Pour autant, il existe une contradiction imaginable, celle fort inattendue entre les trois termes : propriétaire de mon corps, je puis décider (liberté) de me couper un doigt ou d’avorter. Dans ce dernier cas, il pourra être considéré qu’un tel geste, consiste à ne pas respecter le droit à la vie de celui qui n’est pas encore né. Une législation concernant l’avortement devient ainsi un fait culturel- donc fait relevant du politique- débouchant en toute hypothèse sur un non- respect de droits. Les droits de l’homme ne sont pas encore des droits naturels : ils ne se déduisent pas de la nature et restent politiques.
Si donc, le sujet n’est pas doté d’une nature de laquelle il serait possible d’extraire des droits, alors il devient un être indéterminé dont la seule nature serait d’être capable de revendiquer des aspirations.[8]Cela signifie que le rôle du politique revient alors, non pas à normaliser, mais à favoriser les opportunités ou les capabilités au sens d’Amartya[9] Sen ou de Martha Nussbaum[10]. Les sociologues en déduiront que les règles sociales qui limitent le champ des capabilités en introduisant une normalisation doivent être mises à distance. D’où « L’ABCD » de l’égalité dont il est parfois question aujourd’hui. Cette idée est déjà ancienne et reconnaissons qu’un Michel Maffesoli, avait il y a maintenant plus de 20ans parler d’indifférenciation, d’effacement des repères, notamment l’identité sexuelle et familiale.[11]
Dans cette perspective, les révolutions technologiques notamment offertes par les sciences et technologies médicales, élargissent considérablement le champ des capabilités, avec l’idée d’un homme tellement « augmenté », devenu tellement « bionique » que l’on pourrait se diriger vers un « au-delà de l’humain ».
Que deviennent les marchés politiques lorsque le culturel perd son socle naturel ?
Bien évidemment de telles lignes de forces brouillent les repères les plus solidement établis et vont questionner l’ensemble des marchés politiques.
Les entreprises politiques, dites de droite, auront de plus en plus de difficultés à rassembler conservateurs et libéraux. Les premiers se raidissent et se fondent encore sur une religion qui, certes ne fait plus des hommes, des endettés, mais des êtres définis par les forces de l’au-delà. Ainsi Il existe encore une nature et l’arbitraire de l’illimitation reste un interdit radical[12]. Curieusement, ce raidissement ne s’accompagne pas d’une limitation du libéralisme économique, qui lui fabrique les outils de l’illimitation. Les seconds considèrent à l’inverse, que les nouveaux droits sont le prolongement de la logique d’un marché économique mondialisé que l’on ne saurait brider : libéralisme économique et libéralisme culturel marchent d’un même pas, la mondialisation produisant presqu’automatiquement, l’effacement des vieux socles historiques des Etats et leurs traditions et valeurs dépassées. Bien évidemment, les conservateurs offriront beaucoup de résistance à l’effacement de l’Etat-nation, et les plus radicaux d’entre-eux, s’organiseront autour de rassemblements à forte identité tel celui qui anime le « printemps français ». Les libéraux peuvent aussi se diviser et se radicaliser, par exemple sur la question de l’avortement, dont on peut considérer qu’il est le lieu d’affrontement entre liberté, vie et propriété. Libéraux et conservateurs se divisent, mais la frontière est fort complexe et ne permet pas facilement d’identifier les groupes. Nous retrouvons Michel Maffesoli et l’idée de perte de sens des clivages politiques.
Les entreprises politiques dites de gauche, sont elles aussi en très grande difficulté car il apparait clairement que l’illimitation des droits dans le domaine culturel, ne peut logiquement pas entrer en contradiction avec une économie dont la régulation relèverait encore de l’Etat[13]. La liberté économique devenant ainsi un élément du stock de Capabilités qu’il faudrait développer. Le projet historique de la gauche libératrice ne veut plus connaitre de limites et l’encadrement des marchés économiques, devient fort curieusement une insupportable limitation de la liberté[14]. Le prix à payer est bien évidemment, la difficulté à intégrer tous les agents dans la grande machine salariale ou entrepreneuriale en situation de Grande crise. Les moins « productifs » qui, en raison de leur historicité, sont les mal placés de l’illimitation de l’économique, compenseront leurs difficultés par des revendications identitaires et tribales[15]. D’où une gauche qui, elle aussi, détruit le vieux socle de l’Etat-Nation. La branche libérale des entreprises politiques dites de droite peut s’allier à la nouvelle gauche. Bien évidemment, il y a la branche de la gauche qui n’en demandait pas tant et se contentait d’une libéralisation culturelle modeste, sans la mondialisation et l’illimitation de l’économique.
Il devient difficile, par temps de brouillard, d’élaborer des plans marketing pour les grandes entreprises politiques. Le volcan des droits nouveaux, ne cesse de cracher de nouvelles revendications de la part de sujets qui ont perdu toute idée de citoyenneté. La fin des droits naturels, jusqu’ici bien repérables au profit d’une infinité de droits culturels, peut annoncer la fin des grands duopoles politiques, au profit de ce que l’on nomme encore des populismes qui eux-mêmes peuvent souffrir d’un manque d’homogénéité[16].
La politique du vivre ensemble dans le nouveau contexte.
Le politique était, avec l’apparition des Etats, l’appropriation à des fins privées de l’extériorité de tout groupe humain, et une extériorité reposant elle-même, sur des fondations imposées par des contraintes biologiques bien dessinées par les sociobiologistes. Si les contraintes biologiques peuvent désormais être travaillées : dissociation de la sexualité et de la procréation, modification de l’ADN, augmentation du cerveau, etc., alors les fondations de l’extériorité ne permettent plus à cette dernière d’être légitimée. C’est ce qui permet à Dominique Schnapper de s’inquiéter de ce qu’il croit être « l’ultra démocratie »[17] laquelle deviendrait la corruption de la démocratie et au fond la fin de la société. De quoi détruire tout le raisonnement hayékien faisant émerger les « règles de juste conduite ».
Le politique, et ses entrepreneurs, peuvent-ils encore exister si le citoyen est complètement renversé au profit d’un nouveau souverain appelé individu désirant ? Il est sans doute difficile d’apporter une réponse précise, car si l’individu souverain rejette toute forme d’autorité et de contrainte publique- ce en quoi il conteste l’Etat qu’il juge être une externalité à réduire - il est simultanément fortement consommateur d’interaction sociale, notamment celle qui répond à sa formidable appétence d’égalité et de protection, laquelle passe par une forme d’Etat-social à construire ou à reconstruire.
De cet écartèlement peut-il naitre un nouveau monde ?
[1] CF par exemple l’ouvrage de Jacques Golberg : « Ethologie et Sciences Sociales », L’harmattan,2010.
[2] CF en particulier les travaux de Claude Meillassoux, en particulier son ouvrage : « Femmes greniers et capitaux », Maspero, 1974.
[3] Paul Veyne , après une longue démonstration, termine son ouvrage « Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes » (seuil, 1992) en s’exclamant : « Mais bien sûr qu’ils y croyaient ! ». Notons toutefois que les Sophistes, en particulier Protagoras, Gorgias, Antiphon et sans doute d’autres encore, introduiront une première idée de distinction entre nature et culture dans les concepts de « phusis » et de « nomos ».
[4] Nous avons là tous ses développements sur la qualification de ce qu’il appelle les « règles de juste conduite » qui ne sont ni naturelles ni artificielles, qui sont entre l’instinct et la raison, mais que les agents vivent comme règles naturelles. Nous renvoyons ici au tome 1 « Règles et ordre » de « Droit Législation et Liberté »,PUF, 1985.
[5] CF : http://www.lacrisedesannees2010.com/article-l-aventure-etatique-reprise-d-un-texte-ancien-119831125.html.
[6] C’est tout le sens qu’il faut donner à la réponse de François Quesnay au roi Louis XV qui lui demandait ce que devaient faire les princes : « Sire les princes n’ont rien à faire, ils doivent simplement se borner à déclarer dans le droit positif l’ordre naturel des choses ».
[7] On trouvera une analyse très sérieuse et très pédagogique de la modernité dans l’ouvrage de Jean Marie Domenach : « Approche de la Modernité », Ellipse, 1990.
[8] Nous avons ici la position de Claude Lefort. On pourra consulter une version résumée de ce point de vue chez Esteban Molina : « Le défi du Politique. Totalitarisme et Démocratie chez Claude Lefort », L’Harmattan, 2006
[9] Amartya Sen est prix Nobel d’économie et développe l’idée de Capabilité notamment dans : «Rationalité et Liberté en économie » Odile Jacob,2005.
[10] Cf : La version française de son ouvrage est :« Capabilités. Comment créer les conditions d’un monde plus juste », Climats,2012.
[11] CF : « Le temps des tribus », Livre de Poche, 1988. Remarquons que chez Maffesoli le passage à l’indifférenciation repose sur un processus, type fin de civilisation, et annonce d’un autre monde , problématique fort étrangère à l’idée de Capabilité, telle que comprise par les politistes et sociologues d’aujourd’hui.
[12] Un interdit qui peut aller jusqu’à l’interdit du libre exercice de la pratique scientifique. C’est ainsi qu’il faudrait mettre fin aux prétendues études du genre. La validité scientifique peut ainsi se décider sous la pression de la rue ou des sondages. Ce que dénoncent bien évidemment la plupart des politistes et sociologues. Nous retrouvons le débat du normatif et du cognitif :(http://www.lacrisedesannees2010.com/article-republique-monnaie-construction-europeenne-121969067.html). Notons enfin que la théorie du genre donne lieu à des débats parfois violents, ses détracteurs n’hésitant pas à la rapprocher du Lyssenkisme et à la pseudo science soviétique .
[13] Question bien analysée par Jean Claude Michéa notamment dans : « Les mystères de la gauche : de l’idéal des lumières au triomphe du capitalisme absolu », Climats, 2013.
[14] D’où de comiques débats à fronts renversés, où l’on voit un responsable européen de la régulation bancaire et financière, qui se dit de droite, défendre un projet de séparation bancaire (de gauche) contre un ministre socialiste des finances français, qui veut maintenir la banque universelle et ses pratiques fort libérales.
[15] D’où les rapports incertains concernant ce qui devrait être une politique moderne d’intégration des minorités : faut-il une égalité compensatrice ? créer des quotas ? faut-il réintroduire les langues régionales ? récuser l’Odonnance de Villers Cotteret ? etc….
[16] C’est le cas de FN en France avec une clientèle de la zone sud très éloignée culturellement et socialement de celle du nord du Pays.
[17] CF son dernier ouvrage : « L’Esprit démocratique des lois », Gallimard, coll. NRF Essais, 2014.