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5 janvier 2017 4 05 /01 /janvier /2017 10:36

 

Le billet suivant est rédigé par Henri Temple Professeur à la faculté de droit de Montpellier. Juriste réputé et avocat spécialisé dans le Droit économique international, il a écrit de nombreux ouvrages dont le plus récent : « Théorie Générale de la nation » (l’Harmattan, 2014) fut préfacé par notre collègue Gérard Lafay et intéresse particulièrement le Blog.

Je remercie mon ami JCW de m'avoir exceptionnellement ouvert une page dans son blog que je lis depuis les origines. Toujours en adhérant aux idées et aux critiques. Le logicien et le juriste que je suis vont conforter et aggraver le jugement qui est le sien. Car face à l'oligarchie toute puissante nous ne serons de trop, à apporter les munitions, qui sont propres à chacun d'entre nous, à ce combat. Le combat de la survie française. Et, plus généralement, pour l'humanisme.

Impossible disparition de l'euro, nous affirme M. Artus.


En réalité c'est plutôt de son impossible survie qu'il s'agit. Car l'euro n'est pas une monnaie mais un artefact monétaire: il ne répond pas, en effet, à la définition unanimement acceptée de ce qu'est une monnaie (notamment, il échappe au contrôle de la nation dont il est cependant censé être adapté aux réalités et aux nécessités).
Certes l'autodestruction, inévitable à terme, de l'euro fera apparaître des difficultés transitoires. Comme celles des dettes souveraines ou privées. Mais ces difficultés ne seront pas plus graves que celles que vit l'actuel euro qui, ruinant les économies, les ménages et les banques (notamment au sud de l'Europe), amène les gouvernements et la BCE à déverser, en pure perte, des milliards d'euros dans ce puits sans fond.
Quant à la dette (2200 milliards d'euros, 4 fois le budget de l'état),à tort qualifiée de "souveraine «-alors qu'elle est la négation de la souveraineté- il suffira de l'abolir. Par un acte, lui, véritablement
souverain. Ou, à tout le moins d'en abroger les intérêts (45 milliards par an). En effet cette dette est illégitime, jamais consentie par le peuple souverain ; et elle enrichit les oisifs et les riches, et appauvrit le travail et les plus pauvres (Montesquieu).Le Royaume Uni, le Danemark, la Suède, la Suisse, ne vivent-il pas(mieux) sans l'euro ?

La non substituabilité des importations par des production nationales.


En résumé il serait impossible de renoncer à la douce drogue du made in China. Mais n'est-ce pas là la façon -ma foi bien prospère- dont vivait la France d'avant le Traités de Maastricht et de Marrakech
(OMC) ? Et avant la fin de l'accord (GATT) multi-fibres par exemple ?Certes, à présent, des filières complètes ont disparu du sol national, soit qu'elles aient été délocalisées, soit même anéanties.
Mais la France a su, plusieurs fois dans son histoire, surmonter ce stress industriel : notamment à la fin de XVIIe siècle (Colbert), et en 1945 (de Gaulle).
En outre, trois taxes de bon sens économique et environnemental pourraient mettre fin à cette soumission au Cheval de Troie des importations :
- une taxe carbone sur des produits venant de très loin,
- une taxe sur les productions déloyales. Les facteurs de déloyauté sont connus : dumping, basse qualité, conditions de production contraires à l'environnement, aux droits sociaux, aux libertés
publiques...
- la TVA sociale qui a si bien réussi au Danemark et à l’Allemagne (Schröder), mais que Borloo avait été incapable de défendre face à Fabius (de mauvaise foi), lors d'un face à face de triste mémoire, et
pour cela abandonnée par Sarkozy. On ajoutera que, à ce jour, entre deux entreprises françaises, il est interdit (et puni) de vendre "à un prix abusivement bas". Ce PAB est calculé en fonction des coûts de production. Pourquoi devrait-on, accepter des firmes chinoises ce que l'on réprime des firmes
françaises ? Il suffirait d’appliquer aux produits chinois les coûts français les plus bas et de taxer l'excédent. Il en va de notre survie collective ( instinct légitime de conservation) et D.Trump semble bien décidé à en découdre : suivons son brise-glace...

Proche de la précédente ''vérité'' la prétendue impossibilité (pour
une économie nationale) de satisfaire la demande
.

Comme l'assène à juste titre JCW, l'euro, en détruisant la compétitivité de nos usines, a déstructuré le tissu industriel, et il est donc responsable de la faiblesse relative de l'offre au sein de l'Europe. De plus le choix n'est pas entre le tout et le rien. Aucun économiste sensé ne refuse l'idée d'importation ou ne prône l'autarcie.
Mais si importation il doit y avoir ce doit être aux conditions loyales du marché domestique et les prix, s'ils sont inférieurs, ne doivent l'être que dans des proportions telles que les produits locaux
ne seront pas exclus du marché. Des taxes effectueront l'adaptation. Taxes à l'export du pays émetteur ; ou taxes à la frontière de la nation importatrice.

Pour conclure : évidemment d'accord avec JCW sur l'idée de réappropriation de la souveraineté.

Qu'il me permette de suggérer un prolongement de sa pensée. Pourquoi la souveraineté ? Parce que la philosophie politique prime sur tout: mais qui donc veut empêcher -et pourquoi ?- les peuples de choisir leurs règles économiques et sociales ? Le contrat social et -au plan international- les contrats
bilatéraux de commerce seront amenés à remplacer les ''usines à gaz" institutionnelles (ALENA, UE, Trans pacifique, TAFTA...) en train d'exploser sous nos yeux. Car les nations réclament désormais de
recouvrer leurs libertés.
Vive la planète multipolaire passionnante qui vient au monde en 2017 !

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commentaires

L
Bonjour et merci pour vos excellents articles. Vous serait-il possible de nous indiquer un lien vers le blog que vous suivez depuis longtemps, comme dit dans votre article ?<br /> Merci et très bonne année Monsieur
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J
Je n'ai pas de blog particulier. Pour l'article évoqué il s'agit de la lecture des Echos. Par contre je vous conseille beaucoup le site de Jacques Sapir, également Flasheconatixis, et bien d'autres'. Mais également il faut lire beaucoup et si vous êtes un peu économiste, lisez tout ce qui concerne la monnaie vue par quelqu'un d'autre qu'un pur économiste, par exemple l'ouvrage de Michel Agliette:"La monnaie, entre dettes et souveraineté" Odile jacob, 2016. Bien à vous
S
Bonsoir M. Werrebrouck<br /> <br /> Très intéressant commentaire; cependant, en ce qui concerne la désindustrialisation de la France, accuser l'Euro fait montre d'une mémoire sélective et courte. Issu d'une famille d'industriels, je peux vous dire qu'il y a de sérieux arguments pour faire remonter le début de cette désindustrialisation bien avant l'arrivée de l'Euro. Il y a le tournant catastrophique du premier choc pétrolier en 1973 et les désastreuses décisions stratégiques du patronat français d'alors et de ses exécutants- notamment leur petit télégraphiste VGE.<br /> Mon père s'est battu en Afrique pour sa compagnie, sans la moindre aide de l'Etat Français trop occupé à ses petites magouilles politico- financières avec les dirigeants des protectorats tandis que les entreprises d'autres pays européens pouvaient compter sur le soutien logistique et financier sans faille de leurs états. <br /> L'arrogance, la vanité et la collusion incestueuse entre la haute fonction publique, le milieu ( politique) et les principaux groupes d'intérêts privés en France sont bien plus responsables de l'état présent de notre tissu industriel que l'Euro! <br /> Mais il est vrai que dans un pays toujours géré par les disciples de Robert d'Artois, l'Euro ne permet plus de masquer la réalité par la dévaluation chronique !<br /> Cordiales salutations.
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J
Bonsoir monsieur, vous avez sans doute raison et avant l'euro, il y a toute la période qui le prépare, ce que l'on appelait à l'époque de François Mitterrand la déflation compétitive. Quant à la dévaluation chronique, admettez que quelques années après la guerre le choix allemand fût celui d'une monnaie sous évaluée. Cela n'a toujours pas changé et admettez qu'il devient politiquement peu admissible qu'un pays connaisse un excédent extérieur de 10 points de PIB sans jamais réévaluer. La monnaie est toujours un choix politique et ne peut donc qu'être un objet de complète souveraineté. Regardez les USA. Bien à vous.

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