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10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 09:04

 

Résumé :

Les récentes décisions des ministres des finances de la zone euro accordant un délai de grâce de 2 mois à la Grèce et leurs conséquences sur le choix stratégique du parti au pouvoir à Athènes sont conformes à ce que proposent les conclusions de notre modèle de fonctionnement de la réalité sociale. Ce choix  entre «  poigne » et « clémence » et le pari qui s'en est suivi, sont des mesures de sauvegarde générale qui, au- delà des intérêts de la finance, sont un bon compromis entre entrepreneurs politiques européens soucieux de leur reconduction au pouvoir.

 

La Grèce est un Etat-Nation comme les autres et dispose   d’acteurs sociaux tels que précédemment définis[1] : entrepreneurs politiques et économiques, citoyens, salariés, consommateurs, épargnants.

Comme partout les entrepreneurs politiques, sous le parapluie idéologique d’un intérêt général, y assurent la captation des outils de la contrainte publique soit à leur profit soit en le partageant selon des modalités très diverses avec d’autres groupes sociaux.

L’édiction des règles du jeu social dans le pays - ce que nous appelions la « production de l’universel »[2]- connaissait toutefois, avant l’établissement de la monnaie unique,  quelques spécificités : non séparation de l’église et de l’Etat et donc captation partielle des règles par le clergé ; entrepreneuriat économique globalement peu puissant sauf dans des branches particulières ( Armateurs) ; citoyenneté enkystée dans la religion et aussi dans un puissant clientélisme politique ; salariés –en dehors de la fonction publique- peu nombreux, consommateurs peu organisés ; épargnants assis sur une  capital immobilier qui constituait l’essentiel de la sécurisation du patrimoine.

La privatisation du bien public monétaire (l’entrée dans l’euro zone) redessine le poids de la captation : les entrepreneurs politiques grecs deviennent des passagers clandestins[3] de l’eurozone d’autant plus importants qu’ils sont peu visibles à l’échelle de la zone : 2% du PIB de cette dernière.

Il en découle des déficits publics importants lesquels traduisent le poids de la redistribution vers les citoyens et salariés dont beaucoup sont dans une fonction publique clientéliste. Une redistribution payée par de la dette publique et privée.

Il en résulte aussi un laminage de l’entrepreneuriat industriel au profit de celui du négoce puisque désormais les grecs disposent d’une monnaie forte et parfaitement convertible : de quoi mettre en pleine lumière la sous-compétitivité grecque et la sanctionner brutalement. Un entrepreneuriat de négoce se met  en ordre de bataille et  laisse bien sûr une place essentielle à l’entrepreneuriat étranger (naissance et montée quasi hégémonique d’une Grande distribution à la française).

Il en résulte enfin des taux d’intérêt plus faibles qui permettent le développement du crédit.

Autant de caractéristiques qui autorisent un miracle de l’euro[4]….qui se manifeste par une envolée de la croissance économique, dont la contrepartie est constituée de déséquilibres publics et privés.

La crise grecque qui remonte aux crises des dettes souveraines vient contester le comportement de passager clandestin et donc les modalités de la captation : il faut, TroÏka oblige, réécrire les règles du jeu social, ce qui, dans un même geste, démonétise  l’entrepreneuriat politique grec. D’où l’idée de protectorat.

Plus récemment le jeu  complexe entre les différents marchés politiques et financiers se complexifie encore à l’occasion d’une éventuelle fin de tutelle sur l’entrepreneuriat politique grec.

Le « théâtre  grec » mais aussi européen à propos de la Grèce, fait intervenir les acteurs suivants :

- les entrepreneurs politiques au pouvoir en Grèce menacés par des élections rendues obligatoires en raison du mode de désignation du président de la République[5].

- les entrepreneurs politiques grecs dans l’opposition.

- des entrepreneurs politiques étrangers  menacés à court terme dans leur reconduction au pouvoir si un nouveau plan d’aide généreux devait être accordé (élections en Finlande, opposition des entrepreneurs politiques au pouvoir en Allemagne, Pays-Bas etc.)

- les entrepreneurs de la finance, notamment les banques, qui peuvent craindre une brutale remontée des taux et l’effondrement planétaire du système financier.

-tous les entrepreneurs politiques étrangers qui ont à craindre le déferlement d’un nouveau tsunami financier

- les régulateurs financiers avec, au premier rang, la BCE, mais aussi le FMI.

Bien évidemment ces acteurs sont eux-mêmes agités par les acteurs de base ou à l’inverse agitent des mandataires :

- Citoyens grecs qui refusent les dernières injonctions de la Troïka,

- Epargnants des pays du Nord de l’Europe, mais aussi du sud,

- Inspecteurs de la Troïka

- Ministres des Finances de l’Euro groupe.

La reconduction au pouvoir des actuels entrepreneurs politiques grecs passe de toute évidence par la fin du protectorat imposé par la Troïka. Son coût potentiel, à savoir une brutale remontée des taux et sa contagion planétaire, pouvant ne pas lui être imputable si elle met en avant le bouc-émissaire de la finance destructrice. Le pari n’est pourtant pas gagné.

Les autres entrepreneurs politiques au pouvoir de la zone euro ont à choisir entre une attitude dure qui mène à des élections législatives en Grèce avec un résultat débouchant sur un déclenchement possible du tsunami, et une attitude de clémence qui peut les fragiliser à l’intérieur de leur propre marché[6]. D'une certaine façon, ils sont eux aussi sous le régime du protectorat

La décision des Ministres des finances de la zone euro qui, dans la réunion du 8 décembre, accorde un délai de grâce de 2 mois est sage : elle permet de gagner du temps et ne déstabilise pas les principaux acteurs du jeu. Entre clémence et poigne il y avait encore un espace de compromis mutuellement avantageux.

Toutefois la décision du parti au pouvoir en Grèce de précipiter les élections pour la présidence de la, République n'offre aucune garantie de respect du contrat. Celle- ci dépend d'une foule de choix tactiques à venir: intérêt des entrepreneurs politiques de l'opposition au regard de l'élection présidentielle, choix du parti Syrisa au regard de la renégociationn sur le dette en cas d'accés au pouvoir, etc. Mais elle dépend aussi de variables non maitrisées dont celui de l'évolution des taux sur la dette souveraine n'est pas la moins importante,

Ces choix confirment notre modèle d’explication du fonctionnement du Monde avec comme paramètre fondamental la régulation des marchés politiques. La logique de l'intérêt de l'entrepreneuriat politique -même sous protectorat et donc même sous servitude volontaire- et la formidable contrainte de la reconduction au pouvoir qui en découle, est le paramètre déterminant des grands choix de société. Ce qu'on appelle l'âge économique de l'humanité  reste un âge politique indépassable.

 

 

 

 

[1] hthttp://www.lacrisedesannees2010.com/2014/10/pour-bien-comprendre-le-monde-d-aujourd-hui.

2htmltp://www.lacrisedesannees2010.com/2014/10/pour-bien-comprendre-le-monde-d-aujourd-hui.html

[3] http://www.lacrisedesannees2010.com/article-l-euro-implosion-ou-sursaut-43801089.html

[4] Il y a eu « miracle » et les grecs en sont bien conscients. C’est la raison pour laquelle l’immense majorité de la population souhaite encore rester dans la zone alors que la crise révèle que la monnaie unique n’était qu’une drogue.

[5] Il faut une majorité qualifiée pour désigner le président de la République, majorité qui n’existe pas aujourd’hui et qui sera impossible à atteindre pour l’actuel premier ministre. D’où des élections législatives probablement en février prochain.

[6] Par exemple contestation grandissante de la grande coalition allemande par L’AFD .

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commentaires

B
Les bulles touchent à leur fin.<br /> <br /> Les bulles immobilières, les bulles boursières, les bulles de l'extraction pétrolière, les bulles de dette privée, les bulles de dette publique, toutes ces bulles ne peuvent pas gonfler jusqu'au ciel.<br /> <br /> Aujourd'hui, on dirait que toutes ces bulles n'arrivent plus à gonfler.<br /> <br /> Elles tremblent.<br /> <br /> On dirait que tout va finir par éclater, au même moment.<br /> <br /> L'année 2015 va être passionnante.<br /> <br /> Lundi 15 décembre 2014 :<br /> <br /> De la chute du pétrole pourrait jaillir le prochain krach, selon certains opérateurs.<br /> <br /> La baisse des taux et l’abondance des liquidités provoquées par les actions massives des banques centrales à travers le monde ont poussé les investisseurs, à la recherche de rendement, à prendre des risques. Ils ont notamment financé la frénésie de forage de pétrole de schiste aux Etats-Unis. La chute des cours de l’or noir oblige les hedge funds à vendre leurs actifs les plus liquides pour rembourser les sommes empruntées pour spéculer sur le boom énergétique américain.<br /> <br /> La chute des cours du pétrole pourrait bien provoquer le prochain krach boursier, s’inquiètent des opérateurs de marché, abasourdis par la dégringolade de 45% du prix du baril de brut en six mois, passé sous 63 dollars pour le Brent (référence de la Mer du Nord) et sous 60 dollars pour le WTI (brut léger américain), au plus bas depuis cinq ans et demi. « Pour le moment, ce n’est qu’une simple correction emmenée par la chute des actions des compagnies pétrolières, mais ça pourrait bien vite se transformer en krach », craint un trader suisse. Un krach qui trouverait son origine dans la faiblesse des taux, l’abondance de liquidités et un ratio risque/récompense progressivement de moins en moins attractif sur les actions.<br /> <br /> Les investisseurs, en recherche désespérée de rendement, se sont massivement tournés vers les obligations dites à haut rendement, rémunératrices mais aussi très risquées puisqu’émises par des entreprises dont le risque de faillite est jugé élevé par les agences de notation qui classent leurs émissions de titres de dette dans la catégorie spéculative. « Le rush sur le ‘high yield’ (HY), comparable à celui sur le S&amp;P 500, a débuté en 2009 », rappelle Etienne de Marsac, gérant de performance absolue chez Ikano pour qui ce « choc pétrolier à l’envers » est « une catastrophe pour un pan entier de l’industrie américaine, celui du pétrole de schiste, dont les coûts de production sont élevés » tellement la chute des cours du brut a été forte et rapide. Il y a, selon lui, « une analogie évidente entre la bulle Internet qui a éclaté aux Etats-Unis en 2000 et la bulle de l’extraction pétrolière qui éclate aujourd’hui sous nos yeux. » <br /> <br /> http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/analyses-opinions/de-la-chute-du-petrole-pourrait-jaillir-le-prochain-krach-selon-certains-operateurs-1020118.php
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B
Le sentiment d'appartenance.<br /> <br /> Lundi 1er décembre 2014, l'institut de sondage IPSOS publie un sondage explosif sur le sentiment d'appartenance.<br /> <br /> Question posée par IPSOS :<br /> <br /> « Avez-vous le sentiment d'être avant tout :<br /> <br /> français : 49 % des personnes interrogées<br /> citoyen du monde : 22 % des personnes interrogées<br /> habitant de votre région : 15 % des personnes interrogées<br /> européen : 14 % des personnes interrogées »<br /> <br /> Vous avez bien lu : le sentiment d'être européen arrive en toute dernière position, avec seulement 14 % des personnes interrogées !<br /> <br /> Ce sondage montre que, 57 ans après la signature du traité de Rome, la construction européenne a complètement dégoûté les citoyens français. Il montre que le XXIe siècle verra la mort de l'Union européenne, et le retour aux indépendances nationales dans chacune des 28 nations de l'UE.<br /> <br /> En Europe, le XXIe siècle verra le retour des Etats-nations libres et souverains.<br /> <br /> L'idée européenne est une idée morte.<br /> <br /> http://www.ipsos.fr/decrypter-societe/2014-12-01-vivre-ensemble-entre-unite-et-diversites
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B
La soi-disant « reprise » aux Etats-Unis, c'était du pipeau.<br /> <br /> Que toutes les bourses du monde entier se préparent.<br /> <br /> Les semaines qui viennent vont être très agitées.<br /> <br /> Mercredi 10 décembre 2014 :<br /> <br /> USA: hausse surprise des stocks de brut, à 380,8 millions de barils.<br /> <br /> Les stocks de pétrole brut ont, contrairement aux attentes, augmenté la semaine dernière aux États-Unis, selon des chiffres publiés par le département américain de l'Énergie (DoE) mercredi. <br /> <br /> Les réserves de brut ont progressé de 1,5 million de barils, à 380,8 millions, lors de la semaine achevée le 5 décembre, alors que les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires s'attendaient à une baisse de 2,7 millions de barils.<br /> <br /> Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont, elles, progressé de 5,6 millions de barils, à 121,80 millions de barils, soit bien plus que la hausse de 600.0000 barils attendue par les experts.<br /> <br /> Les stocks d'essence ont de leur côté augmenté de 8,2 millions de barils, à 216,8 millions, dépassant là-aussi largement les prévisions des analystes (+2,2 millions de barils).<br /> <br /> http://www.romandie.com/news/USA-hausse-surprise-des-stocks-de-brut-a-3808-MB-au-0512/544875.rom
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