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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 04:20

Plutôt qu’étudier en profondeur la validité de la loi de Say, une bonne partie des théoriciens de l’offre continue à s’épancher sur les méfaits d’un keynésianisme qui, adapté à une reconstruction ou un rattrapage, deviendrait  inopérant dans  une économie de l’innovation.[1] En clair le texte de Franklin D. Roosevelt « Comment j’ai vaincu la crise » [2] serait aujourd’hui complètement inadapté.

 

 Prétendus méfaits d’un keynésianisme primaire.

La liste des méfaits d’une relance par la demande serait longue :

-Elle ne pourrait jouer positivement que si elle évite une montée des importations et donc se trouverait confortée par des entreprises domestiques plus compétitives, réalité qui supposerait une macroéconomie de l’offre. L’argument est fort et se trouve régulièrement repris par des auteurs qui constatent que c’est, curieusement, le keynésianisme français qui permet de rendre plus supportable les politiques d’austérité des pays du sud de la zone euro[3].

- La non réduction des dépenses publiques ne permettrait pas de relâcher la pression fiscale et ses effets d’encouragement sur l’offre et la compétitivité.

- Les politiques de subventionnement des entreprises ne permettent pas  une allocation optimale du capital (effets de rente ou de capture) et ses impacts sur une offre compétitive.

- Un smic trop élevé correspond à l’exclusion des jeunes et des travailleurs peu qualifiés, lesquels vont constituer une poche de pauvreté.

- Une demande trop sécurisée par une dépense publique abondante freine la concurrence, l’innovation, la productivité et la croissance. A titre d’exemple le poids garanti et croissant des dépenses d’éducation, n’empêcherait pas la diminution des performances des Tests PISA.

On pourrait multiplier les arguments visant à décrédibiliser le keynésianisme.

 

Prétendus bienfaits de l’offre compétitive.

A contrario, parce que la croissance nouvelle ne peut se nourrir d’une reconstruction ou d’un rattrapage, voire d’une simple généralisation d’une norme technologique[4], il serait nécessaire d’une part d’accroître la productivité de la machinerie gouvernementale  et, d’autre part,  d’adopter des mesures visant à accroitre la mobilité sociale.

L’amélioration de la productivité de la machinerie gouvernementale se matérialiserait par plusieurs canaux :

- La diminution de la pression fiscale, notamment sur le capital, permettrait l’encouragement de l’investissement et la croissance.

- la réorganisation de cette même pression en faveur d’outils dynamisant la croissance : orientation vers la TVA, vers les taxes sur les propriétés et transactions immobilières aux fins de décourager l’allocation de capital vers l’immobilier et favoriser l’entreprise, etc. Dans une perspective semblable on pourrait évoquer les mesures de simplifications administratives.

-  La suppression d’emplois publics dont les effets sur la demande globale sont immédiats permettrait toutefois une augmentation de l’offre de travail dans le secteur privé.

-  La réorganisation du système de soin passant par une réelle maitrise des dépenses et donc celles de la prescription médicale.

-  La réorganisation du système des retraites dont la simplification permettrait la fin de son illisibilité et des surcoûts de gestion qui lui sont associés. Cette réorganisation passerait probablement par une augmentation du nombre d’annuités  de cotisations.

 

L’accroissement de la mobilité sociale passerait elle aussi par de multiples canaux :

 - La réforme du marché du travail visant à augmenter le taux d’emploi des jeunes, à réduire la dualité du marché, à rendre efficace les dépenses de formation professionnelle, etc.

- La réorganisation du marché des biens et services avec la fin des professions fermées et branches d’activités sous régulation publique: énergie, distribution, industrie médicale, etc.

- La suppression des niches fiscales.

Nous retrouvons là nombre de propositions que l’on pouvait recenser dans le rapport Attali[5].

 

La bienfaitrice compétitivité… ou l’évidence suicidaire…

Bien évidemment les hausses de productivité sont intrinsèquement peu discutables : la machine économique globale est plus créatrice de richesse, si dans l’ensemble de ses composantes, il existe des diminutions de couts unitaires, soit par diminution de rentes organisationnelles soit par « destruction créatrice », ou diminution du coût direct du travail ou du capital. C’est au demeurant un tel processus qui a historiquement permis les 30 glorieuses du fordisme triomphant. Avec toutefois une condition fondamentale : l’offre toujours croissante et toujours plus compétitive, bénéficiait aussi d’une demande dont la croissance était elle-même planifiée et politiquement organisée à l’intérieur d’un espace défini comme « Etat-Nation ».

A l’époque c’est en rigidifiant les rémunérations que les débouchés d’une offre compétitive furent assurés : politiques de rémunération, développement d’annexes du salaire toujours plus importantes quantitativement et souvent assorties de clauses règlementaires fort contraignantes. Et ces éléments de rigidité furent introduits pour assurer – au sens de garantie assurantielle  indépendante de toute conjoncture économique-  ce qui ne l’était pas à l’aube du régime fordiste.

 Précisément, à cette époque – celle de l’aube du régime fordiste - existait ce que les marxistes appelaient une « contradiction entre la création et la réalisation de la valeur ». Le passage progressif au fordisme entrainait une augmentation considérable de la productivité dans les branches qui vivaient son éclosion, alors même que les rémunérations restaient celles de la période antérieure. A l’époque, sans augmentation rapide de la demande internationale, existait  un problème de débouchés, c’est-à-dire une demande insuffisante pour absorber une  production rapidement croissante. Cette contradiction devait engendrer la crise de 1929, laquelle sera finalement dépassée par la rigidification d’une demande dont la croissance devait suivre les gains de productivité. Cette dimension du problème bien perçue depuis fort longtemps est aujourd’hui complètement négligée par les théoriciens de l’offre[6].

Dans le contexte européen d’aujourd’hui, il faut pourtant signaler que cette compétitivité recherchée est davantage affaire de diminution de la rigidité des rémunérations que de réels gains de productivité[7]. Et donc la question se pose de savoir comment l’offre compétitive nouvelle, largement reflet d’une baisse globale des rémunérations, peut-elle se déployer et rencontrer les débouchés correspondants. Alors que jadis l’offre croissante se nourrissait de sécurisation de la demande, aujourd’hui elle semblerait se nourrir d’incertitudes elles-mêmes  effets de la flexibilité et de la baisse des rémunérations.[8] Le paradoxe de la situation ne peut être résolu que par le biais du recours aux exportations.

L’explication est simple : le débouché n’est plus local, mais mondial, il n’est garanti que par la  compétitivité. La libre circulation du capital permettant la dissémination des innovations de process et de production, il ne reste plus comme élément fondamental de différenciation que le niveau des rémunérations localement administrées. Cela signifie un marché intérieur déclinant au profit d’un marché extérieur croissant, avec toutes ses conséquences en termes de fin de l’auto centrage des activités au profit d’une extraversion vécue comme optimisation des chaines de la valeur. En clair il faut pour être compétitif, comprimer le marché intérieur (situation inverse de celle des trente glorieuses) qui seul pourra garantir la croissance des exportations. Jadis il fallait rigidifier et gonfler les rémunérations, aujourd’hui il faut les déréglementer et les diminuer. Jadis la compétitivité déployait ses effets revenus à l’intérieur du territoire de l’Etat- Nation. Aujourd’hui ses mêmes effets revenus ne sont plus maitrisables.

En mondialisation la compétitivité est incontournablecomme elle l’était au temps du vieux fordisme auto centré. Avec des conséquences très différentes : jadis la « destruction créatrice » engendrait mécaniquement une offre plus performante absorbée par une demande régulée, le tout se soldant par une croissance vigoureuse. Aujourd’hui, cette incontournable compétitivité, au-delà d’une tendance à la baisse planétaire des salaires,  se solde par une nouvelle contradiction entre la « création et la réalisation » donc une crise mondiale de surproduction[9], que la montée vertigineuse de la finance et de la dette tente vainement de gommer.

 

Miracles et destructions contagieuses.

Le théâtre planétaire de la crise de surproduction  est évidemment fortement contrasté. Ceux que l’on appelle les gagnants de la mondialisation, parce que plus compétitifs connaissent des taux de croissance très élevés et forts destructeurs pour les vieux pays qui n’arrivent pas assez vite dans la course à la baisse des rémunérations[10]. On notera toutefois que les zones de forte compétitivité se déplacent : La chine doit abandonner une partie de sa production textile au Bengladesh, au Cambodge, à l’Ethiopie, etc. Autant de déplacements engendrés par l’aggravation de la crise (les pays européens, notamment ceux du sud qui s’alignent sur la dominante de compétitivité offrent de moins en moins de débouchés aux émergents) et déplacements qui ne pourront que l’aggraver davantage encore : la Chine est elle- même invitée à fonctionner sur la base d’une dette continuellement croissante[11].

Il est donc logique que même les émergents les plus dynamiques finissent par rencontrer le piège de la crise : si la très forte croissance se fait quelque peur redistributive, cela signifie la perte de compétitivité et l’éloignement du miracle.

On comprend ici toute la difficulté du développement du marché intérieur chinois : celui-ci n’a de l’avenir qu’au prix d’un effondrement de compétitivité qui ne pourrait être combattu efficacement que par la construction d’un Etat-nation authentiquement fordien s’éloignant de la mondialisation…..

On comprend mieux aussi ce qu’on appelle la théorie du « piège du revenu intermédiaire [12]» qui s’étonne que les pays à forte croissance se trouvent soudainement bloqués lorsque le périmètre des classes moyenne,  suffisamment élargi,  concerne une part significative de la population. Ces pays, initialement bénéficiaires, c’est-à-dire ayant tiré leur épingle du jeu de la surproduction mondiale par rapport aux débouchés, en deviennent progressivement les nouvelles victimes. Après avoir longtemps exporté de la stagnation et importé de l’activité, la Chine est aujourd’hui de plus en plus obligée de créer localement de l’activité par des investissements publics lourds financés par de la dette. A contrario ses difficultés à exporter de la stagnation chez ses clients provoquent en retour de la stagnation chez ses fournisseurs, d’où un effet de dissémination de la crise[13].

La mondialisation a jusqu’ici imposé une compétitivité qui repose massivement sur la course à la baisse des rémunérations. Sa recherche éperdue qui a pris l’expression mondialement connue de « réformes structurelles » renforce la puissance de la grande crise des années 2010. La crise enlise les sociétés. Sortir de l’enlisement par les réformes structurelle consiste à passer du statut d’enlisé à celui d’englouti. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il ne faut rien réformer mais qu’il faut au préalable revoir complètement le cadre de l’actuelle mondialisation.



[1] Parmi les auteurs suspectant la non adaptation du keynésianisme nous avons au-delà des libéraux comme Hubert Landier et David Thesmar, des auteurs réformistes tels Philippe Aghion ou Gilbert Cette.

[2]« Comment j’ai vaincu la crise », ensemble de texte repris et publiés par Christian Chavagneux aux éditions  Les Petits Matins- Alternatives Economiques, 2014.

[3] Les tenants de ce point de vue sont par exemple en France Olivier Passet (XERFY) et Jean- Marc Vittori (Les Echos).

[4] Ce qui fut le cas du fordisme à l’issue de la seconde guerre mondiale. Notons au passage que les innovations de rupture sont aujourd’hui largement absentes et seraient à mettre en rapport avec le court-termisme de la finance ( cf l’article de Jean- Paul Pollin : « Mais où est passée la troisième révolution industrielle ?, Les Echos du 3/4/2014).

[5] Rapport sur la libération de la croissance française, La Documentation Française, 2008.

[6] Curieusement, dans les années 80 des économistes keynésiens- qui tout aussi curieusement   sont largement devenus des théoriciens de l’offre- ont lourdement insisté sur cet aspect des choses. Qu’on en juge : en parlant de cette période intermédiaire menant aux trente glorieuses, voici ce qu’écrivaient Jean-Hervé Lorenzi, Olivier Pastré et Joëlle Toledano : « Le taylorisme, mode de rationalisation du seul travail, définit les conditions d’une production de masse sans apporter une quelconque solution à l’écoulement de cette production. En cela, le taylorisme fait inconditionnellement sienne la célèbre loi des débouchés. La crise de 1929 va se charger de lui apporter le démenti des faits ». Cf  page 81 de : « La crise du XXIème siècle » Economica, 1980.

[7] Cf l’article de Jean Paul- Pollin déjà cité.

[8] Comment en effet comprendre que par exemple l’agence pour l’emploi grecque qui occupe dans des activités précaires 300000 chômeurs pour 486 euros versés pendant 5 mois peut faciliter les débouchés d’une offre compétitive nouvelle ?

[9]Christophe Ramaux note que la moitié de la consommation française (843 milliards d’euros sur 1673) est supportée par de la dépense publique) toute réduction de  cette dernière provoque des effets dépressifs. Cf  Le Monde du 19/4/2014 : « La dépense publique est un précieux levier de croissance ».

[10] Dans sa phase ultra-gagnante, la Chine a pu créer jusqu’à plus de 40 millions d’emplois par an…essentiellement dans des activités industrielles tournées vers l’exportation. De quoi considérer que la Chine exportait du chômage pour importer de l’emploi. Dans le même temps la sous consommation se développait : entre l’année 2000 et aujourd’hui la consommation passe de 50 à 35% du PIB.

[11] Cette dernière a commencé avec le pharaonique plan de relance de 2008 : 485 milliards d’euros …pour des infrastructures dont le taux d’engagement dans la réalité économique s’avère aujourd’hui problématique. Avec bien sûr une autre conséquence très lourde : l’accumulation de créances  douteuses, il est vrai garanties par une institution publique. Sans une fantastique accumulation de dettes, la croissance chinoise serait estimée à 3 ou 4% l’an.

[12] Le « Middle- income trap » fut identifié par Barry Eichegeen et repris par les travaux récents de Donghyun Park et Kwanho Shin.

[13] Selon le N° d’avril des « Perspectives économiques mondiales » du FMI, le recul de la croissance des émergents depuis 2012 est imputable pour 25% au ralentissement chinois. Phénomène qui va jusqu’à la désindustrialisation de ceux qui s’y étaient engagés : le Brésil par exemple. On pourrait multiplier les exemples. Ainsi le solde commercial entre l’Espagne et la France est passé d’un excédent (pour la France) de 6,3 milliards d’euros en 2007 à un déficit de 1,9 milliards entre mars 2013 et Mars 2014 : les réformes structurelles consistent ainsi à se passer les "patates chaudes" de la crise.

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commentaires

B
Mercredi 30 avril 2014 :<br /> <br /> Les autorités américaines voudraient attaquer au pénal BNP Paribas et Credit Suisse.<br /> <br /> C’est une information exclusive du « New York Times » , tombée hier soir sur le site du quotidien : les autorités américaines seraient sur le point de lancer des poursuites pénales contre deux<br /> banques. Incidemment, il s’agit de deux banques européennes : Credit Suisse et BNP Paribas.<br /> <br /> Si ces poursuites sont confirmées, elles devraient faire l’effet d’un coup de tonnerre à Wall Street, car elles traduiraient la volonté des autorités américaines de taper un cran plus fort sur un<br /> secteur financier qui a reconnu un grand nombre de manquements, voire de tromperies, au cours des dernières années.<br /> <br /> http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0203471705963-les-autorites-americaines-voudraient-attaquer-au-penal-bnp-paribas-et-credit-suisse-667930.php
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H
Par deux fois, un historique édifiant par sa cassure de 1980 (Thatcher/Reagan) a été effacé par le "modérateur" (qui a sans doute confondu taux longs, les seuls utiles à aux investissements de<br /> l'économie réelle, et taux courts).<br /> <br /> Or, ces chiffres tout autant que leur commentaire sont confirmés par Wikipedia ("Historique des taux d'intérêt réels 1981-2012)<br /> http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_d%27int%C3%A9r%C3%AAt_r%C3%A9el<br /> <br /> Voir également: http://www.les-crises.fr/historique-des-taux-souverains/<br /> (cf "Taux d'intérêt net" au commentaire: Les marchés ouvrant les yeux, les taux vont retrouver leur niveau antérieur – la différence étant que la dette a fortement augmenté depuis, et que le coût<br /> des intérêts va s’avérer insupportable…)<br /> Il est, en effet, utile de rappeler que la chute durable de croissance observée après les Trente Glorieuses, ainsi que la remontée des inégalités (qui ont aujourd’hui retrouvé leur niveau de la «<br /> belle époque » des années 20), correspond à la cassure des taux d’intérêt réels qui fit échouer la gauche unie de mai 81 en France, et provoqua le tournant de la rigueur de 1982/83 !<br /> <br /> CETTE "GUERRE QUE LES RICHES ONT GAGNÉ"...<br /> <br /> C'est en grande partie celle des rentiers dont parle Piketty dans son "Capital au XXe siècle", c'est à dire ceux pour qui, à partir d'un certain niveau, l'argent doit pouvoir s'auto-reproduire par<br /> l'inégalité r > g (taux d'intérêt supérieur à la croissance).<br /> <br /> HISTORIQUE MONDIAL DES TAUX D’INTÉRÊT RÉELS<br /> (Source: Banque mondiale)<br /> http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMTendanceStatPays?codeTheme=2&codeStat=FR.INR.RINR&codePays=FRA&codeTheme2=2&codeStat2=NY.GDP.MKTP.KD.ZG&langue=fr<br /> (cf chiffres réels listés en bas de page, de 1961 à 2004)<br /> <br /> FRANCE<br />
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B
Mercredi 23 avril 2014 : Eurostat publie les chiffres de la dette publique du quatrième trimestre 2013.<br /> <br /> Dans l'Union Européenne, neuf pays sont en faillite.<br /> <br /> 1- Médaille d’or  : Grèce. Dette publique de 318,703 milliards d’euros, soit 175,1% du PIB.<br /> <br /> 2- Médaille d’argent  : Italie. Dette publique de 2069,216 milliards d’euros, soit 132,6 % du PIB.<br /> <br /> 3- Médaille de bronze  : Portugal. Dette publique de 213,631 milliards d’euros, soit 129 % du PIB.<br /> <br /> 4- Irlande  : dette publique de 202,920 milliards d’euros, soit 123,7 % du PIB.<br /> <br /> 5- Chypre  : dette publique de 18,442 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB.<br /> <br /> 6- Belgique  : dette publique de 387,159 milliards d’euros, soit 101,5 % du PIB.<br /> <br /> 7- Espagne  : dette publique de 960,676 milliards d’euros, soit 93,9 % du PIB.<br /> <br /> 8- France  : dette publique de 1925,292 milliards d’euros, soit 93,5 % du PIB.<br /> <br /> 9- Royaume-Uni : dette publique de 1460,975 milliards de livres sterling, soit 90,6 % du PIB.<br /> <br /> La question est :<br /> <br /> “QUAND ces neuf pays vont-ils se déclarer en défaut de paiement ?”
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B
Mardi 22 avril 2014:<br /> <br /> La deuxième guerre civile.<br /> <br /> Par Bernard Maris<br /> <br /> En 1992, François Mitterrand a ouvert une deuxième guerre de 30 ans en croyant par la monnaie unique arrimer l’Allemagne à l’Europe.<br /> <br /> L’Allemagne réalise sans le vouloir par l’économie ce qu’un chancelier fou avait déjà réalisé par la guerre : elle détruit à petit feu l’économie française. Certes, elle n’est pas responsable de<br /> cette situation, au contraire ; elle n’est jamais intervenue dans la politique intérieure de la France, elle a tendu la main aux Français du temps de Balladur pour réaliser un début d’unité fiscale<br /> et budgétaire (qui lui fut refusée).<br /> <br /> C’est François Mitterrand qui à deux reprises a voulu arrimer la politique monétaire de la France à celle de l’Allemagne, détruisant une industrie française qui n’allait pas bien fort : en 1983<br /> d’abord, avec le tournant de la rigueur et la politique du « franc fort », en 1989 ensuite, en paniquant après la réunification Allemande, et en avalisant celle-ci au prix d’une monnaie unique et<br /> d’un fonctionnement de la BCE calqué sur celui de la Bundesbank.<br /> <br /> Plus de vingt ans de guerre économique ont passé, et l’industrie Allemande a laminé les industries italienne et surtout française. Aujourd’hui la guerre est terminée et gagnée. La part des<br /> exportations de l’Allemagne en zone euro représente 10% du total. Le reste est hors zone euro, aux Etats-Unis et en Asie. L’Allemagne n’a plus besoin de la zone euro. Au contraire : la zone euro<br /> commence à lui coûter cher, à travers les plans de soutien à la Grèce, au Portugal, et à l’Espagne, à tel point qu’elle songe elle aussi à quitter l’euro.<br /> <br /> Il est bien évident que ni la Grèce, ni le Portugal, ni l’Espagne, ni même la France et l’Italie ne pourront jamais rembourser leur dette avec une croissance atone et une industrie dévastée. La<br /> zone euro éclatera donc à la prochaine grave crise de spéculation contre l’un des cinq pays précités.<br /> <br /> La Chine et les Etats-Unis contemplent avec ravissement cette deuxième guerre civile interminable, et se préparent (pour les Etats-Unis une deuxième fois) à tirer les marrons du feu. La Chine et<br /> les Etats-Unis pratiquent une politique monétaire astucieuse et laxiste. On pourrait ajouter à la liste des pays pratiquant une politique monétaire intelligente la Corée du Sud, et aujourd’hui le<br /> Japon. La Grande-Bretagne, elle, prépare tout simplement un référendum pour sortir de l’Europe.<br /> <br /> On a le choix : sortir de l’euro ou mourir à petit feu. Sinon, le dilemme pour les pays de la zone euro est assez simple : sortir de façon coordonnée et en douceur, ou attendre le tsunami<br /> financier.<br /> <br /> Une sortie coopérative et en douceur aurait le mérite de préserver un peu de construction européenne, un tsunami sera l’équivalent du Traité de Versailles, les perdants étant cette fois les pays du<br /> Sud. Et au-delà des pays du Sud, toute l’Europe.<br /> <br /> La sortie douce et coordonnée est assez simple, et a été déjà envisagée par nombre d’économistes. Il s’agit tout simplement de revenir à une monnaie commune, servant de référentiel aux différentes<br /> monnaies nationales. Cette monnaie commune, définie par un « panier de monnaies » nationales, atténue les spéculations contre les monnaies nationales.<br /> <br /> C’est un retour au SME (Système monétaire européen) ? Oui. Des marges de fluctuations autour de la monnaie commune. Une stabilisation de la spéculation par des limitations des mouvements de<br /> capitaux, stabilisation qui pourrait être accrue par une taxe type Tobin sur ces mêmes mouvements de capitaux.<br /> <br /> Mais le SME a échoué direz vous… Oui, parce que le SME ne s’était pas donné les moyens de lutter contre la spéculation, et n’avait pas adopté une « Chambre de compensation » comme la souhaitait<br /> Keynes dans son projet pour Bretton Woods (abandonné au profit du projet américain).<br /> <br /> Le meilleur moyen de rendre l’Europe odieuse, détestable pour longtemps, de faire le lit des nationalismes les plus étroits, est de poursuivre cette politique imbécile de monnaie unique associée à<br /> une « concurrence libre et non faussée » qui fait se pâmer de joie ceux qui en profitent, Chinois, Américains et autres BRICs.<br /> <br /> Bien évidemment la mainmise du politique sur la monnaie ne suffit pas à faire une économie puissante : la recherche, l’éducation, la solidarité sont certainement aussi importantes. Mais laisser les<br /> « marchés » gouverner les pays est tout simplement une honteuse lâcheté.<br /> <br /> (A suivre)<br /> <br /> Bernard Maris.<br /> <br /> http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2014/04/20/sortie-de-leuro-bernard-maris-vire-sa-cuti-3/
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