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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 23:00

On trouvera ci-dessous le texte intégral de mon intervention au titre d'une conférence prononcée  au profit de l’Association « Respublica » le 10 janvier.

  

« Je voudrais commencer par une réflexion sur la possibilité d’établir autre chose que des opinions dans ce qui touche les hommes dans leur vie en société.

Le cognitif du scientifique et le normatif du politique

Les physiciens font cet effort dans leur approche du monde : ils produisent des modèles savants lesquels sont confrontés au réel et en sortent confirmés ou infirmés. Cela ne veut pas dire, sur un plan philosophique, que la réalité est atteignable, ni qu’il n’existe pas de controverses scientifiques.

Pour autant les objets étudiés, par exemple un atome d’hydrogène ou le magnétisme, etc,  s’ils dépendent du mode d’observation, ne dépendent pas de l’action des hommes. Raison essentielle pour laquelle les physiciens sont dans le cognitif et en principe jamais dans le normatif.

Ce n’est pas le cas dans les sciences humaines où l’objet, par exemple le pouvoir ou la monnaie,  produit par l’interaction sociale - comme l’hydrogène ou le magnétisme sont produits par le mouvement de l’univers- dépend aussi d’une volonté transformatrice des hommes : le normatif ne cesse de rôder dans les sciences sociales. De fait, il se mêle au cognitif, chose bien normale puisque les réalités étudiées (pouvoir, monnaie etc.,) sont le fait d’une construction où l’intention joue nécessairement un rôle. Toute la difficulté étant de discerner ce qui, dans une interaction sociale, relève d’un résultat non intentionnel et qu’on appelle un fait social émergent, agréable ou non.

Prenons  un exemple de cette combinaison du cognitif et du normatif. Il s’agit du propos d’une députée européen, Madame Sylvie Goulard qui - répondant  dans une émission de Radio où un interlocuteur lui exposait que tous les prix Nobel d’économie s’étaient prononcés sur l’impossible durabilité de l’euro -  devait s’écrier : « je me moque des prix Nobel, car l’Euro est une construction politique ».  Ici, le savoir des prix Nobel relève du cognitif, tandis que la volonté politique relève du normatif. Ce que disent les prix-Nobel est que le fonctionnement de l’euro (volonté humaine) devra se faire dans une réalité structurelle incompatible et indépassable (Etats comme principe indépassable et ce qu’elles que soient les bonnes intentions de leurs entrepreneurs politiques). 

C’est de manière naturelle  que l’univers accouche de l’hydrogène. Ce n’est pas naturellement que le pouvoir devient Etat, ou la monnaie nationale devient monnaie unique. Les hommes peuvent associer l’atome d’hydrogène à d’autres atomes mais sont incapables de changer l’identité de l’hydrogène. Par contre, ils semblent capables de changer les modalités du pouvoir ou l’identité de la monnaie. Et cette capacité provient d’une volonté transformatrice qui se nourrit d’opinions ou d’intérêts. Depuis très longtemps existe une réflexion épistémologique chez les scientifiques, une réflexion qui semble  beaucoup moins intéresser les spécialistes des sciences humaines, en particulier les économistes, et évidemment beaucoup moins encore les entrepreneurs politiques.

Le « Big-Bang » de l’humanité et le repérage du cognitif

Une façon de s’éloigner des opinions et des intérêts, de démêler le cognitif et le normatif,  est de remonter dans le temps et expliquer l’objet étudié à partir de son apparition. C’est bien ce qui se passe dans les sciences de la nature et les investissements effectués pour remonter jusqu’au possible « Big- Bang ». C’est ce qu’on ne fait pas assez - ce que regrette Jacques Le Goff qui voudrait multiplier les spécialistes de la préhistoire - dans les sciences de l’homme en particulier la science politique ou l’économie.

C’est ainsi qu’on ne peut comprendre sérieusement la République, la démocratie, la monnaie et la mondialisation sans recourir à ce qui fut le probable big-bang de l’humanité. C’est en remontant l’univers que l’on comprend « l’essence » des objets qui le peuplent. C’est aussi en remontant l’histoire humaine que l’on doit comprendre «  l’essence » des objets qui la peuplent. Une réflexion très insuffisamment menée chez les entrepreneurs politiques qui ont pourtant fait leur métier d’approcher tout ce qu’a généré l’interaction sociale depuis l’aube de l’humanité.

Je ne vais pas aborder ici, faute de temps, les notions de pouvoir et d’Etat, par contre je vais m’intéresser au concept de monnaie pour comprendre ses liens avec le pouvoir.

N’insistons pas sur ce que j’appelle « la monnaie avant la monnaie et avant l’Etat » - celle proche du « big -bang » de l’humanité -  qui est faite d’objets assurant, non un échange marchand, mais un échange de dons (Malinovski), ou bien d’objets assurant le paiement de la violence sacrificielle envers les dieux créanciers des hommes, ou bien assurant le « paiement du neuf » mettant fin à la logique infernale de la vengeance réciproque.

Plus tard, ou en d’autres lieux, l’échange de dons s’accompagne d’échanges marchands (2 à 3000ans av.J.C) avec apparition de « monnaies anonymes » réserves de valeur liquide et nécessitant l’élection progressive d’un équivalent universel qui sera du métal.

Plus tard encore, le pouvoir politique prendra la place des dieux créanciers des hommes. Désormais les hommes déjà endettés vis-à-vis des dieux le seront bien davantage  envers le pouvoir politique, et la monnaie deviendra un instrument efficace de règlement de la dette envers l’Etat naissant (impôt monétaire). Parmi toutes les dettes envers le pouvoir, dont bien sûr la dette de sang, il y a l’impôt monétaire : l’Etat choisit la forme de monnaie susceptible d’assurer le paiement de la dette que les sujets lui doivent. La monnaie devient ainsi une monnaie légale, effet du pouvoir du prince qui imprimera son visage sur les pièces circulant à l’intérieur d’un espace défini par des frontières.

Vigilant sur la captation de la monnaie, il le sera aussi sur son émission et contrôlera les mines de métal.  Le pouvoir politique, devient ainsi banquier central et s’arroge volontiers une vertu qu’il ne saurait posséder : celle de représenter un intérêt supérieur

Plus tard encore, lorsque la violence du pouvoir s’apaisera sous la pression de sujets qui se révoltent, ou mieux encore tentent de faire fonctionner à leur profit les outils de la violence d’Etat, le pouvoir monétaire sera progressivement partagé entre grands banquiers et Etats. Pouvoir politique et monde de la finance partagent progressivement les outils de la contrainte publique. Le pouvoir cède ainsi de plus en plus souvent une partie de son pouvoir monétaire (le fameux cours légal) qu’il confie à des organisations qui bientôt émettront leur propre monnaie à l’ombre de l’Etat.

Champs de forces et repérage des statuts du pouvoir et de la monnaie

2 champs de forces se dessinent ainsi presque spontanément : la verticalité de l’Etat qui impose des règles du jeu : force juridique du cours légal, d’une fixation de taux de change, d’une définition de l’espace de convertibilité, etc. ; et  l’horizontalité exigée par le monde des affaires surtout soucieux de voir un espace monétaire sans limite, c’est-à-dire pouvant dépasser celle des frontières que les Etats fixent souverainement. Bien évidemment cette horizontalité serait plus satisfaisante encore, si le pouvoir de création monétaire était abandonné par des Etats rendant pleinement autonome leur banque centrale.

Ce survol très rapide de l’histoire est révélateur que la monnaie n’est pas une construction abstraite détachée de l’interaction sociale et obéissant à une raison technocratique. Ce qu’on appelle monnaie est un fait complètement politique, fait qui ne pouvait pas ne pas émerger. Le fait étatique est un fait quasi universel qui se consolide avec un objet, la monnaie, qui l’aide grandement dans son universelle ascension : la monnaie est l’une des épées du pouvoir, l’un des instruments de sa violence. Et même la forme de la monnaie –l’élection du métal précieux – n’est pas un choix qui aurait pu être autre : elle est le simple résultat de l’interaction sociale. Elle est donc un fait social émergent, un fait qui ne pouvait probablement pas être évité. De la même façon la notion de frontière ne pouvait guère être évitée puisque les Etats sont obligés de définir leur espace de prédation en concurrence avec les autres Etats. D’où la notion de souveraineté, notion qui nie l’existence d’un pouvoir au- dessus de celui des Etats. La monnaie devient ainsi –automatiquement pourrions- nous dire un fait de souveraineté. « Battre monnaie est un attribut de la souveraineté ».

Le modèle Etat+ Monnaie+ frontières est donc devenu de façon presque spontanée un modèle universel, ce qu’on appelle le stade de l’Etat-Nation. Voilà pour le cognitif.

Par contre s’il est des forces qui s’imposent à tous (les hommes ne font pas l’histoire qu’ils veulent), il est aussi des opinions pouvant correspondre à des choix (les hommes font l’histoire)…et nous pénétrons, probablement au-delà des opinions dans ce qui pourra être le normatif. Avec probablement une frontière floue entre le cognitif et le normatif.

L’introduction du normatif : les aires culturelles ou idéologiques 

Lorsque les Etats deviennent  République ou démocratie, les choses peuvent devenir fort complexes, car vont intervenir maintenant, des opinions sur l’essence du pouvoir et de la monnaie. Opinions que l’on ne rencontre pas dans une discussion de scientifiques sur la nature de l’hydrogène.

Si l’on est anglais la démocratie doit être contenue, car le choix majoritaire d’un peuple peut très bien contrarier les libertés individuelles. Les droits de l’homme au sens anglo-saxon  (vie, liberté, propriété) peuvent être bafoués par une majorité. Dans le monde anglo-saxon, il existe surtout des individus et la société n’est que le résultat inattendu de l’interaction sociale.

Si l’on est allemand, la démocratie ne peut s’inscrire que dans le cadre d’un respect de la Totalité, voire la soumission au groupe, avec curieusement un respect des choix du groupe que même l’Etat doit respecter. L’Etat se doit d’être fort, non pas pour imposer ses choix, ceux des entrepreneurs politiques au pouvoir, mais pour respecter les lois que le groupe s’est fixés. L’Etat ne peut manipuler le droit des gens et se trouve prisonnier de règles qui le dépassent.

Si maintenant on est français, la démocratie c’est d’abord l’égalité. Il n’existe pas de liberté sans l’égalité, ce qui peut signifier une altération de la valeur propriété si fondamentale pour les anglo saxons. L’Etat peut beaucoup de choses   s’il respecte l’égalité.

En résumé, dans le monde anglo-saxon la démocratie c’est le respect de la propriété, bouclier de la liberté ; dans le monde germanique c’est la soumission au groupe : ma liberté s’exerce dans le cadre d’un groupe ; dans le monde français, c’est l’égalité qui fait ma liberté.

Ces opinions viendront travailler les deux axes dessinés dans l’histoire humaine depuis son big-bang : l’axe vertical du pouvoir et de la monnaie, et l’axe horizontal du monde marchand et de la monnaie.

Le monde anglo-saxon voit d’un mauvais œil le fait que le pouvoir se mêle de monnaie. La monnaie doit être une affaire privée et si une monnaie s’impose c’est en raison de la confiance particulière que l’on accorde à tel ou tel banquier qui, suffisamment sérieux, procure une grande sécurité et donc une grande valeur à la monnaie qu’il crée. Liberté, propriété  et marché, ne contiennent pas de limite venant les surplomber. Maintenant, s’il faut une banque centrale pour régler le marché interbancaire, il convient qu’elle soit plutôt privée, ou au moins  indépendante. Avec le souci de la protection des banques du second degré, y compris lorsqu’elles ont créé une bulle  de dettes. C’est dire que, dans le monde anglo-saxon, l’indépendance l’est par rapport à l’Etat mais ne l’est pas par rapport à la profession.La verticalité n’est plus que pointillé et l’horizontalité s’impose.  

Lorsque l’on est français, lorsque  donc l’Etat bénéficie d’une place essentielle, la souveraineté monétaire reste une affaire importante et la Banque centrale est  privée, mais d’essence complètement publique (Bonaparte en est le créateur). Son travail sera massivement celui d’un contrôle des banques du second degré et un financement du Trésor : la verticalité s’impose à l’horizontalité. 

Lorsque l’on est allemand, il y a méfiance d’une confusion entre banque centrale et Etat. Il faut une banque centrale complètement indépendante,  qui ne se laisse manipuler ni par les banquiers ni par le Trésor. Et son objectif est clair : garantir la valeur de la monnaie comme un Conseil Constitutionnel garantit le respect de la Constitution. La verticalité s'impose à tous. 

Lorsque l’on introduit des cultures et les volontés et normes sociales correspondantes, le couple verticalité/horizontalité (cognitif) demeure, mais prend des couleurs différentes.

Quelle norme culturelle va finalement s’imposer et comment gérer la crise ?

Conseils sur la gestion de la crise européenne 

Le modèle – très étranger à la culture française- de  l’indépendance de toutes les banques centrales dans le monde va s’imposer à la fin du 20ièmesiècle. Mais sur une base fort ambiguë s’agissant du contenu du concept  d’indépendance : la conception anglo-saxonne est différente de la conception allemande. L’une doit garantir la valeur de la monnaie et l’autre non.

Cela signifie que la crise financière de 2008 a été gérée sur une logique de « bail-out »….que l’Allemagne a dû accepter – malgré elle - en raison d’une insuffisante surveillance de son propre système financier désormais très malade.

Dans la logique propriétariste du monde anglo-saxon, l’effondrement financier est aussi un effondrement monétaire, et donc un effondrement de la société….que l’Etat, malgré lui, doit garantir. Il est donc paradoxal mais logique, que la stratégie du "bail-out" soit finalement retenue….ce qui –au-delà du prélèvement fiscal massif - devra passer par un endettement supplémentaire des Etats …facilité par du "Quantitative Easing"….mettant potentiellement en cause la stabilité monétaire. Précisément, cette mise en cause n’est guère acceptable quand on est allemand, et aujourd’hui l’Allemagne exige que l’on se prépare à une stratégie de « Bail-In » même timide en raison du sacro- saint respect de la monnaie, comme bien aussi respectable que l’indépendance de la justice. Clairement le "Quantitative Easing" est une atteinte portée à la valeur de la monnaie.

Dans la logique égalitaire de la France, le « Bail- out » présente un caractère plus scandaleux, car avec une banque centrale obéissante, le poids de la crise aurait pu être reporté en totalité sur une émission monétaire faisant suite à de lourdes sanctions sur les propriétaires et créanciers des banques.

Maintenant ces différences culturelles, et notamment la conception allemande, empêchent la construction européenne et probablement va déboucher sur  la fin de la forme actuelle de l’euro.

 Le présent de la zone euro est le produit de forces de dislocation non voulues mais bien réelles : cloisonnement des marchés financiers, «  spreads » de taux, « spreads » d’inflation, etc.

Il peut être mis fin à cette dislocation par d’énormes transferts de ressources vers le sud, comme il existe des transferts nationaux entre la région parisienne et le bassin minier du Nord- Pas- De- Calais. Le problème est que l’Allemagne ne peut en tant qu’Etat souverain accepter de tels transferts que ses marchés politiques, surveillés par la cour Constitutionnelle de Karlsruhe,  ne peuvent générer.

Il pourrait aussi être mis fin – mais sans doute provisoirement- à cette dislocation en recourant à un "Quantitative Easing" massif et sélectif de la part de la BCE. Au-delà de l’interdit juridique, le problème est que l’Allemagne ne peut accepter l’érosion monétaire qui selon elle pourrait en résulter.

Bien évidemment  le passage au fédéralisme complet avec une BCE à la française est tout simplement impensable.

Les objets et institutions tels l’Etat ou la monnaie engendrés par l’interaction sociale depuis le big-bang de l’humanité, devraient faire l’objet d’une étude approfondie ( le côté cognitif) avant toute manipulation et transformation (le côté normatif). A l’inverse de l’hydrogène qui reste hydrogène, les objets sociaux sont évidemment transformables, mais lorsque les différences culturelles sont importantes les surprises peuvent devenir grandes, voire dangereuses. La construction européenne ne peut faire l’économie d’une telle réflexion, laquelle mènera à effectuer des choix plus apaisés. Evitons les risques de confrontation en manifestant de la  pugnacité dans l’erreur, et passons de ce qui divise à ce qui pourrait rassembler. 

   Mesdames et messieurs je vous remercie pour votre attention. »

 

-

 

 

 

 

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16 janvier 2014 4 16 /01 /janvier /2014 06:44
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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 16:55
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15 janvier 2014 3 15 /01 /janvier /2014 16:38

                         

En allant à l’essentiel, le pacte de responsabilité -présenté le 14 janvier dernier par le Président de la République - est un échange de productivité publique (administrative et sociale) contre des marges plus grandes pour les entreprises. En effet la fin des cotisations familiales serait financée par moins de dépenses à volume inchangé de services publics, ce qui signifie des marges plus élevées contre des rendements plus élevés dans la sphère publique.

Sans inventaire, et donc de façon très approximative, cet échange n’est pas irréaliste, puisque cela suppose - pour réussir une exonérations de 35 milliards d’euros  de charges- un gain de productivité d’environ 3% (les dépenses publiques totales se montant à environ 1200 milliards d’ euros).

Toutefois la vraie question est celle des conséquences macroéconomiques d’un tel échange.

Conséquence 1

En première lecture l’augmentation de la productivité administrative et sociale développe – en première vague- 2 effets directs : une hausse des marges et une baisse de la dépense publique pour un même montant.

Le second effet est clairement récessif puisque la demande globale va s’en trouver affectée : moins d’achats par les administrations et moins de dépenses de salaires pour des fonctionnaires et assimilés moins nombreux.

La question est donc de savoir si le premier effet est porteur d’une demande globale accrue venant compenser, voire surcompenser l’effet récessif qui vient d’être mis en évidence.

Conséquence 2

La hausse des marges devient - de fait - des  gains de productivité pour les entreprises, gains qui peuvent développer, selon les choix des entreprises au moins 3 effets de seconde vague : baisse de prix des biens et services produits (du revenu est donc distribué aux acheteurs) ; hausse des salaires (du revenu est distribué aux producteurs directs) ; hausse des profits des entreprises (du revenu est mis en réserve ou distribué aux propriétaires et actionnaires).

Reste à savoir comment se trouvent répartis les gains de productivités et ce qu’ils deviennent. D’où une troisième vague de conséquences.

Conséquence 3

Si les gains de productivité sont entièrement redistribués aux salariés, une hausse de la demande globale vient compenser l’effet récessif, et ce à priori pour un montant semblable. Peu de changements macroéconomiques interviennent et la croissance reste ce qu’elle était avant toute décision.

Si les gains de productivité sont entièrement redistribués vers les profits, l’effet de récession n’est gommé que si les profits sont entièrement investis (dépenses de RD + investissements) et viennent alimenter une demande nouvelle de biens d’équipements. Cette hypothèse laisse toutefois une grande interrogation : comment justifier des investissements nouveaux alors que la demande globale diminue ? Question très justement posée par Philippe Murrer dans son dernier article de La Tribune.

Si les gains de productivité sont cédés aux consommateurs (entreprises et ménages), il y a ici hausse du pouvoir d’achat pouvant déclencher de nouvelles conséquences en termes de demande : la quatrième.

Conséquence 4

Les choses deviennent ici plus complexes car le revenu distribué sous la forme d’une baisse des prix peut affecter la demande domestique mais aussi la demande étrangère.

Si en raison d’une élasticité/prix  faible de la demande étrangère (les marchandises nationales ne sont pas qualitativement très intéressantes), le revenu n’est redistribué qu’à l’intérieur de l’espace domestique, nous retrouvons le cas de figure où un effet d’expansion vient simplement compenser un effet récessionniste.

Si maintenant l’élasticité/prix de la demande étrangère est très élevée, l’effet d’expansion de la demande globale peut devenir très important et dépasser l’effet de récession. Avec un entrainement vertueux possible : la demande internationale augmentant, l’investissement se trouve justifié, investissement développant un nouvel effet d’expansion.

S’agissant de la France, il est clair que les élasticité/prix sont variables et que certains secteurs disposent de réels avantages à l’exportation pour peu qu’il soit possible de diminuer les prix en diminuant les charges. Au total le chemin de la baisse des prix à l’exportation est le seul qui puisse surcompenser les effets récessionnistes de la baisse des dépenses publiques proposée par le  Président de la République.

Conclusions

Clairement, on ne peut reprocher à un gouvernement de veiller à une amélioration de la productivité dans les activités publiques. En termes simples cela signifie la diminution du cout unitaire du service rendu, de quoi par conséquent produire encore plus de biens publics à pression fiscale constante.

Par contre on perçoit bien au terme du raisonnement très simple que nous venons de mener qu’une modification du taux de change serait autrement efficace, une efficacité pouvant même renforcer la puissance créatrice de services publics.

Si en effet une baisse du taux de change, calculée pour générer une marge globale supplémentaire de 35 milliards d’euros pour les entreprises était décidée, il serait aisé de retrouver la croissance… ce qui n’empêcherait nullement de veiller par ailleurs à la productivité des services publics.

Toutefois nous retombons ici sur le sujet de l’euro dont chacun sait qu’il correspond à un débat interdit…

 

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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 10:58
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13 janvier 2014 1 13 /01 /janvier /2014 09:56
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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 23:00

 

Aprés un premier développement publié le 2 janvier, On trouvera ci-dessous une partie de la suite du texte de mon intervention prévue pour la fin de ce mois. Ce texte est court et  extrait  d'autres développements qui, étrangers au thème général du Blog,  n'ont pas à  figurer ici.

Bien évidemment il est vivement conseillé pour les arrivants sur le blog de lire la première partie.

 

....Vous pourriez considérer qu’un pouvoir qui n’aurait plus la main qui tremble serait pour vous une bonne solution. La renationalisation de la monnaie fait disparaitre jusqu’à l’idée même de dette publique ce qui permettrait le maintien de l’Etat-social à la française. Cela permettrait par exemple de régler d’un seul coup la grave affaire des emprunts toxiques des hôpitaux publics ou des collectivités publiques qui, par effet de contamination, a pu toucher votre secteur. Une main qui ne tremble plus permettrait aussi selon les écologistes d’assurer la transition vers ce nouvel état du monde que serait l’économie « décarbonnée » avec une banque centrale qui finance sans limite des investissements pharaoniques en contrepartie « d’actifs carbone » inscrits à l’actif de son bilan.  

Pour autant, ce qui est probable n’est jamais sûr et il faut savoir que la métastabilité peut être maintenue, car il existe de puissants intérêts à ce que les catalyseurs évoqués, soient contenus par des décisions permettant de gagner- une fois de plus -  du temps.

Gagner du temps est fondamental pour les entrepreneurs politiques dont l’objectif, de reconduction ou de conquête du  pouvoir, privilégie une stratégie prudente – celle qui maintient les choses en l’état – et qui éloignent les décisions ambitieuses et risquées dans un univers mondialisé.

 Gagner du temps, est tout aussi fondamental pour les entrepreneurs de la finance qui n’ignorent évidemment pas la gravité de la situation, et pour lesquels le report des grandes décisions reste un immense profit.

Ces deux groupes devenus oligarchie relativement homogène, avec carrières permettant le cas échéant  de passer de l’un à l’autre et réciproquement, ont probablement des intérêts de long terme divergents. Les entrepreneurs politiques - après les évènements de 2008-  n’ignorent plus qu’ils sont prisonniers des entrepreneurs de la finance. Et ces derniers savent qu’ils dépendent des décisions des premiers.

Le cas européen est à nouveau exemplaire : l’euro est bien devenu le bateau de ces deux passagers clandestins. Les entrepreneurs politiques, qui à l’époque ne savaient peut-être pas, ont tiré de grands avantages symboliques de la mise en place de l’euro, et la mise en cause de la monnaie unique, reste un débat interdit pour la génération correspondante. Mais les entrepreneurs de la finance savent aussi que la fin de l’euro, qui – en première lecture - ne serait pas une catastrophe pour la finance spéculative,  serait pourtant un tsunami : la fin de l’euro- zone ne pouvant déboucher  que sur la fin de la privatisation de la monnaie avec ses immenses avantages, et la réapparition d’un pouvoir politique reprenant le pouvoir monétaire. 

C’est ce jeu complexe qui maintient la métastabilité et fait la résilience du dispositif institutionnel.

Un jeu qui a même pu se cristalliser en gangue idéologique, au cours de la génération suivante, avec désormais des acteurs dirigeants politiques et financiers, qui ont été intellectuellement nourris – par l’Université- aux bienfaits de la dérégulation financière et de la monnaie unique, et sont devenus véritablement incapables de penser autrement. En 2014, 2015, etc, et plus loin encore si possible, tout sera fait pour maintenir le système en l’état.

 

Le scénario de la prolongation de la métastabilité.      

Si donc l’ancien monde perdure quelques années encore, les restrictions budgétaires se feront de plus en plus lourdes pour tenter l’impossible à savoir le « containment » de la dette publique. Les deux groupes- entrepreneurs politiques et financiers, alliés et pourtant opposés, iront- simple question de survie - le plus loin possible dans le rétrécissement de l’Etat-social. Et ce, sans espoir de sortie puisque la crise financière n’est que le reflet de la crise de la mondialisation. C’est dire que si la « Revue Générale des Politiques publiques » (RGPP) n’avait pas encore touché votre secteur, la « Modernisation de l’Action publique » (MAP) qui atteindra nécessairement toute les collectivités territoriales frappera de plus en plus durement votre branche professionnelle. Le ministère français de la Défense a été lourdement frappé par la crise (budget de 45,4 milliards d’euros en 2008, mais seulement 39,1 en 2012 et entre 31 et 32 milliards pour les prochaines années), d’autres le seront, et on ne voit pas pourquoi votre secteur ne serait pas frappé lui aussi. Je vous laisse le soin  d’imaginer une telle baisse de vos ressources en si peu de temps.

 

Le scénario du nouvel état du monde.

Si maintenant le nouvel état du monde devait se mettre en place très rapidement, vous auriez pourtant tort de considérer que ce monde ne serait que la restauration de l’ancien.

Le rétablissement probable de la souveraineté monétaire avec tous ses attributs crée effectivement un nouveau monde, mais à l’inverse de la métastabilité du mélange gazeux oxygène/hydrogène qui parvient dans l’instantanéité à un nouvel état stable (l’eau), l’arrangement institutionnel nouveau consomme du temps pour se mettre en place. Si les nouveaux taux de change laisseront un vrai espoir de futur à l’industrie, et indirectement à vos activités de sous-traitance de celle-ci, il faudra plusieurs années avant de pouvoir bénéficier d’un «  effet prix » avantageux. Il faudra aussi gérer de nouveaux problèmes sociaux : que faire de tous les métiers, souvent très hautement qualifiés, liés à la spéculation désormais probablement limitée ou interdite : traders, et back-office des banques de financement et d’investissements, entreprises d’audits et de conseils, entreprises de notation et d’évaluations, cabinets juridiques, quants, bureaux d'analyses, etc. ? Cela ferait dans un premier temps beaucoup de chômeurs supplémentaires.

Le rétablissement de la souveraineté monétaire ne peut non plus correspondre à l’oubli d’une bonne gestion de la monnaie. La création monétaire par la banque centrale se doit  d’être guidée par un marché des changes qui lui, définira un taux de change à surveiller. C’est dire que la suppression de la prédation financière ne libèrera pas facilement votre branche d'activité  de sa contrainte budgétaire. La fin de "l'argent- dette" n'est pas l'évaporation de toute contrainte monétaire. 

Mais ce nouvel état du monde ne sera pas non plus que la restauration de l’ancien car les exigences sur votre offre sont déjà et resteront rapidement  croissantes : Apparition et développement des nouveaux problèmes sociaux que la fin de la crise ne règlera pas d’un trait de plume, très forte croissance de l’espérance de vie de vos usagers, augmentation de la population vieillissante, fort développement des technologies de l’industrie médicale et explosion des coûts de la santé, croissance de 31% des effectifs de pauvres entre 2002 et 2011, etc. C’est dire que vraisemblablement votre secteur devrait connaitre une croissance probablement plus élevée que la croissance économique… à supposer que cette dernière soit  restaurée par une hypothétique fin de crise. Et si le poids du secteur augmente au niveau macroéconomique, il est difficile d'imaginer que l'on accepte qu'il fonctionne à rendements simplement constants. 

Il faut donc en conclure que la collectivité ne pourra probablement pas se désintéresser de la composante coût des services rendus. Oui, dans un monde dé- financiarisé ayant reconstruit un autre modèle de régulation de la mondialisation, votre secteur redeviendrait à la fois coût et débouché, comme au bon vieux temps des trente glorieuses, mais il faut reconnaitre que sa composante coût ne peut être oubliée dans un débat sur la productivité globale de l’économie. Et cette contrainte se portera sur toutes les rentes de protection  vous concernant - elles sont nombreuses et importantes - ou concernant votre environnement immédiat : rente des médecins, des laboratoires, de l’industrie pharmaceutique, etc.

 

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 08:47
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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 16:31
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2 janvier 2014 4 02 /01 /janvier /2014 14:56

Mes lecteurs trouveront ci- dessous la première partie d'un texte correspondant à une intervention prévue pour la fin de ce mois. Une seconde partie sera mise en ligne ultérieurement, et de plus amples détails seront donnés le 22 janvier. Le propos tenu , au bénéfice de non spécialistes, est d'une approche simple et concerne bien sûr l'état de la crise en ce début d'année.

 

 

 

La France constitue l’un des pays qui a été le plus loin dans la construction d'un Etat-social avec aujourd’hui des dépenses publiques représentant plus de 56% de la richesse produite dont la moitié (33%) relève des dépenses sociales.

Votre secteur se situe à l’intérieur de cette moitié et en occupe une part très importante. Ce poids très lourd de l’Etat- social devait logiquement aboutir à une compétition entre groupes en quête de protection – professions de santé, retraités, associations, etc.- groupes recherchant aussi parfois rentes et privilèges que l’on « achète » par le biais des marchés politiques.  L’Etat-social est donc aussi fait de clientélismes politiques qui l’amène à un « grossissement » autoentretenu. Parce que le fil conducteur d’un Etat-social est d’assurer la protection par la solidarité et non par la charité, ou tout dispositif ayant recours au marché (marché de l’assurance par exemple), alors nécessairement les agents sont invités à rechercher cette protection par des règles et donc les marchés politiques, plutôt que de recourir aux marchés économiques. Votre secteur en particulier- parmi bien d’autres qui se sont  édifiés en corporations (Taxis, Opticiens, etc.) - préfère la loi au marché. La contre- partie du clientélisme politique, des rentes et privilèges associés, est nécessairement une affectation discutable des ressources et donc un Etat-social à productivité améliorable. Réalité qui sert de bouc- émissaire aux bénéficiaires potentiels de la mondialisation.

Le passage à la mondialisation s’est fait dans le cadre d’une contestation forte des Etats-nations et pour ce qui concerne l’Europe, la fin des souverainetés monétaires.

La contestation des Etats-nations correspond au fait que l’on va éloigner progressivement le dispositif d’assurance anti-crise de la période antérieure. Il devient possible- fin des barrières tarifaires et effondrement des coûts de transport et communication aidant  - de produire à l’étranger dans des conditions économiques beaucoup plus avantageuses. Le salaire, amélioré de ses charges devenues très lourdes avec la construction de l’Etat-social, devient un vrai problème pour les entreprises nationales désormais concurrencées sans limite par des entreprises à bas coût. D’où le lancinant problème de compétitivité.

En théorie il eut été possible de construire une autre forme de mondialisation passant par l’édification d’un Etat-social mondial. En théorie, car en pratique la multiplication des Etats et des marchés politiques planétaires interdisait pareille construction. Dans ce contexte, les vieux Etats-nations  vont tenter de maintenir l’Etat-social national à crédit. D’où le tout aussi lancinant problème de baisses de charges (impôts , cotisations sociales) que l’on tente de diminuer avec de la dette …et qui pour autant ne peuvent  diminuer en raison de l’approfondissement d’une mondialisation qui va toucher de plus en plus de secteurs sur lesquels il faudra réagir : il faut limiter l’Etat-social, mais l’exacerbation de la concurrence mondiale fait de nouveaux dégâts qu’il faut colmater avec davantage de ressources….donc de prélèvements que l’on doit néanmoins diminuer….

Alors que dans l’économie mondiale du stade de l’Etat-nation, les échanges restaient équilibrés- et avec eux restaient en équilibre les offres et demandes nationales de marchandises- avec le choix de la contestation de l’Etat-nation, on se dirige vers une crise planétaire de surproduction. L’explication est simple : si, antérieurement, les salaires et charges de l’édification de l’Etat- social correspondaient simultanément à un coût et à un débouché, au stade de la mondialisation, ces charges ne sont plus que des coûts à museler pour mieux assurer la compétitivité à l’échelle planétaire. La mondialisation choisie est dislocation de l’Etat-social, alors qu’il était théoriquement possible d’édifier une mondialisation avec Etat-social mondial. Petit à petit, les vieux Etats développés sont passés d’une "constitutionnalisation" de l’Etat-social, à la "constitutionnalisation" d’un libre échange et  libre circulation du capital, soit une concurrence « libre et non faussée » comme il sera dit en Europe.

C’est ce changement de paradigme – des échanges croissants de marchandises, capitaux services contestant les Etats-nations – qui créent une crise planétaire de surproduction (tous doivent exporter, disposer d’un excédent commercial,  ce qui est évidemment impossible). Et cette crise fut retardée par l’endettement, à commencer par l’immense endettement américain. Ainsi très longtemps les déficits américains ont produit  l’illusion de l’enrichissement US ….et la croissance chinoise…

La mondialisation, telle qu’elle fut construite, supposait donc la mise en place d’une « machine à faire de la dette » dans la plupart des pays. Et c’est l’explosion de la dette qui va révéler à partir de l’année 2008 l’étendue de la crise.

Une machine à faire de la dette, est supportable si la création monétaire qui lui correspond, est le fait des Etats qui- contrôlant leur banque centrale- n’ont pas à payer d’intérêt pour un quelconque service de la dette. Ce ne sera plus le cas avec, notamment dans l’Euroland, la fin de la souveraineté monétaire. Désormais à la dette va correspondre une immense rente pour les titulaires d’épargne. 

Le schéma de la grande crise est donc le suivant :

 

 àMondialisation et contestation des Etats-nations et de leur Etat-social. "Constitutionnalisation" progressive de la  libre-circulation  généralisée  (années 80).

 

 àFin des salaires et charges simultanément coûts et débouchés. (années 90).

 

 àRecherche obligatoire de compétitivité par tous les Etats. Concurrence de plus en plus exacerbée entre entreprises.  (années 90).

 

 àExcédent mondial de production par rapport à une demande à museler (années 1990).

 

 àCrise de surproduction masquée par maintien d’une demande artificielle (« machine à faire de la dette »- fin des années 1990).

 

àCrise aggravée dans le cas de la perte de souveraineté monétaire et l’irruption d’un marché de la dette publique (fin des années 1990).

 

 àApparition de gigantesques rentes financières et inégalités sociales rapidement croissantes. (années 2000).

 àExplosion de la dette privée (USA, Irlande, Espagne, etc.) et publique (tous les anciens pays développés).  Apparition concrète de la grande crise (2008).


 àContestation croissante des Etats en particulier ceux qui avaient construits un grand Etat- social et qui doivent désormais en museler le périmètre.

 

 àDéveloppement de l’individualisme et rejet de l’autre pour accéder à l’échelle sociale.


 àRefus de nouveaux entrants sur les marchés : crispation sur la rigidité du marché du travail, tendances protectionnistes.


 àRenforcement de la contestation croissante des Etats et généralisation des populismes (risque de décomposition sociale).

 

La réalité au seuil de l’année 2014.

 

Jusqu’ici, la gestion de la grande crise s’est bornée à faire « rouler la dette » sans pouvoir la réduire. La réduire serait une catastrophe planétaire en raison de son impact sur la demande globale.

Les dettes publiques se sont considérablement accrues depuis 2008 en raison de l’effondrement financier et des choix effectués : les actifs bancaires se sont effondrés (immobilier US, Irlandais, Espagnol, etc.) et donc les Etats se sont portés au secours du système, ce qui a aggravé leur dette publique. Ainsi les dettes publiques irlandaise et espagnole pourtant faibles en 2007 (respectivement 25 et 36% de PIB) vont bondir (respectivement 124 et 95% de PIB en 2012). Il est vrai que le choix fut de faire payer le contribuable pour sauver les banques, un coût de sauvetage qui au total pour l’ensemble de l’Union européenne s’est monté selon la commission à 1611,9 milliards d’euros. Mais ce n’est pas tout et  selon Eurostat, le ratio de la dette publique rapportée au PIB de la zone euro aura encore augmenté de 4 points en 2013, ce qui représente 400 milliards de dette publique supplémentaire, soit 20% du PIB de la France…. Nous sommes très loin d’une simple stabilisation de la dette. Et encore plus loin d’une possible réduction.

Selon le FMI, cette croissance de la dette continuera en 2014 et atteindra en pourcentage du PIB : 174% pour la Grèce, 133% pour l’Italie, 125% pour le Portugal, 121% pour l’Irlande, 105% pour la Belgique, 99% pour l’Espagne, probablement 95% pour la France , 96% pour le Royaume- Uni, 90% pour l’Allemagne, mais aussi 107% pour les USA et 242% pour le Japon. Avec un nouveau venu dans le club: la Chine en serait arrivée à 56%.

L’accès direct aux banques d'émission  pour monétiser classiquement la dette étant interdit dans le cadre du système européen de banques centrales, les marchés financiers ont refusé d’aider les Etats les plus en difficulté, d’où une montée considérable des taux d’intérêt sur la dette publique de nombreux Etats : Irlande, Grèce, Italie, Portugal, Espagne , etc. Avec des services de la dette (paiement des intérêts) proprement ahurissants (83 Milliards d’Euros pour la seule Italie en 2013, soit approximativement 6% de son PIB…pour les seuls intérêts donc la seule rente financière…)

A partir de 2011, il fut  décidé de plans de rigueur qui, par hausse des impôts et diminution des dépenses publiques, permettraient de réduire les déficits publics, le tout sous la haute surveillance des autorités européennes. Logiquement, ces plans de rigueur affaissent les débouchés des entreprises : je ne puis dépenser ce qui m’est prélevé sous la forme d’un impôt supplémentaire, et moins de dépenses c’est moins de commandes pour ceux qui directement ou indirectement vivent de la dépense publique ( magasins dont le chiffre d’affaires est aussi fait de la dépense de ceux qui vivent d’allocations diverses, entreprises du secteur social et médico-social, entreprises du secteur de la santé, des travaux publics, entreprises d’armements, etc.).

Et cet affaissement des débouchés dans un contexte de crise de surproduction (essence de la crise) ne peut qu’aggraver les tendances à la dépression économique. Tendance aujourd’hui largement constatée notamment en zone Euro, avec il est vrai une certaine résistance de la France qui connait un plan de rigueur beaucoup plus modéré (les salaires directs progressent encore de 1,6% en 2013 dans un  contexte- en termes de prix- de quasi déflation  : +0,7%....d’où aussi un taux de marge de 27,7% au troisième trimestre 2013 contre 40,1% en Allemagne).

Cette résistance de la France fait que son secteur médicosocial est en pratique encore sanctuarisé et ne connait pas véritablement la grande crise.

Un grand débat est ouvert en France sur la question des effets relatifs des deux outils (impôts supplémentaires ou diminution des dépenses publiques) en termes de baisse de l’activité économique . l’Impôt supplémentaire frappe en principe les revenus élevés et donc plutôt des apporteurs d’épargne, tandis que les diminutions de dépenses publiques frappent plutôt des revenus faibles (secteur social), donc des agents qui épargnent moins et consomment l’intégralité de leur faible revenu. La question peut ainsi être formulée : quelle est la stratégie qui aura le moins d’impact négatif sur la demande globale et donc sur la capacité des entreprises à écouler leurs marchandises ? La question qui agite beaucoup les entrepreneurs politiques n’est pas tranchée en théorie.

Ce qui en revanche est certain, est que les politiques de rigueur sont et resteront un échec collectif pour la zone Euro....et pour le reste du Monde... Ainsi,  pour la seule France dont la politique de rigueur est relativement modérée, la non croissance qui s’en suit, s’est traduit en 2013 par des recettes fiscales inférieures de 10 milliards d’euros par rapport aux prévisions, d’où un déficit public qui reste élevé (4,2% du PIB).

 

Parce que la rigueur fut extrême dans un certain nombre de pays : Irlande, Portugal, Grèce, Espagne, etc. et qu’elle s’est manifestée sous la forme de forte hausse des prélèvements publics obligatoires et de coupes drastiques : diminution des retraites, des salaires, des dépenses sociales et médico-sociales, certains d’entre–eux redeviennent officiellement compétitifs : Espagne, Irlande. L’explication est simple : l’Etat-social s’est fortement réduit, ce qui signifie un allègement de charges pour des entreprises qui redeviennent compétitives. Avec la possibilité d’obtenir des échanges extérieurs excédentaires (les importations baissent faute de consommateurs, et les exportations augmentent car le coût du travail s’est fortement réduit).

 Cette compétitivité nouvelle est artificielle et affaiblit les autres pays. Artificielle car elle ne correspond pas à une amélioration de l’efficience productive (une chaine d’assemblage en Espagne n’est pas plus moderne qu’un chaine française) et surtout les pays en question ont connu et connaissent toujours un effondrement de l’investissement (plus de 30% de baisse de l’investissement global au Portugal, en Espagne en Grèce par rapport à l’année 2005). La compétitivité n’est donc acquise que sur la baisse du coût du travail et de l’Etat- social et surtout, elle n’est pas durable dans un contexte de non- investissement qui va jusqu’à atteindre l’Allemagne. Elle affaiblit maintenant les autres pays qui ne peuvent réagir qu’en diminuant davantage encore les rémunérations directes et indirectes. La France doit ainsi se méfier de la nouvelle compétitivité espagnole sur toute une série de produits.

Au surplus, la rigueur pour la compétitivité, n’a pas permis de contenir la dette qui continue sa vertigineuse croissance. Une croissance qui sera entretenue en 2014 par une  déflation qui rôde déjà dans nombre de pays. La déflation est ce qu’il faut éviter car elle est en principe une machine destructrice. Lorsque les prix baissent durablement, les agents économiques ont intérêt à retarder leurs achats pour bénéficier d’un pouvoir d’achat supplémentaire, ce qui ruine les débouchés et la production, donc provoque la dépression. C’est la raison pour laquelle les banques centrales se fixent des objectifs d’inflation autour de 2%. Maintenant la déflation, si elle se manifeste, rend plus couteuse la dette  puisque le taux d’intérêt réel se voit augmenté du taux de la baisse des prix. A titre d’exemple, si les taux de l’intérêt sur la dette publique italienne à 10 ans étaient de 5% en 2010, lorsque le taux d’inflation était de 3%, cela signifiait un taux réel de la dette de 5-3=2%. Si aujourd’hui, en 2014, le taux d’inflation n’est plus que  de 0,8%, le taux de l’intérêt sur la dette publique se monte à 5-0,8= 4,2%. La déflation risque ainsi, si elle devait se confirmer, d’alourdir considérablement la charge de la dette. Or les dernières informations ne sont pas positives et si l’évolution de l’inflation dans la zone Euro était encore de 2,5% en 2012, elle tendait à se fixer à 0,7% en fin d’année 2013. Avec un risque majeur pour l’Irlande (-0,1%) et l’Europe du sud très endettée : 0% pour le Portugal, 0% pour l’Espagne, 0,8% pour l’Italie et – 1,9% pour la Grèce. L’explosion de la Grèce, incapable d’affronter sa dette publique dans un contexte de défiance et de baisse des prix, reste une hypothèse raisonnable.

 

Le contexte fort étrange de la zone Euro ou la cocotte-minute européenne.

 

En raison de la compétitivité de l’Allemagne et de ses excédents commerciaux correspondants à près de 7%de son PIB (record mondial), mais aussi en raison d’une compétitivité nouvelle de certains pays du sud, l’euro zone connait un important excédent commercial (122,8 milliards sur les 10 premiers mois de l’année 2013 soit un doublement par rapport à la même période de l’année 2012). C’est dire qu’elle pourrait développer sa demande interne jusqu’ici combattue par des politiques d’austérité. Un début de développement de la demande interne semble être la voie prise par la nouvelle grande coalition allemande.

Dans le même temps, toujours au niveau européen, les déficits publics restés nationaux sont considérables et nécessairement fragmentés. Avec un grand clivage des taux selon qu’il s’agit de pays du nord ou de pays du sud. L’importance de la dette publique des pays du nord, y compris la France – environ 5500 milliards d’euros – font des titres publics correspondants (bons du Trésor) une source de placement sûre et parfaitement liquide. Clairement, cela signifie que les épargnants japonais, chinois, etc. voient dans la dette publique des pays du nord une source de placement sûr et toujours liquide en raison de la grande profondeur du marché. C’est dire que l’Euro devient une monnaie de réserve choisie par les épargnants du monde entier, y compris ceux du sud de la zone euro, acheteurs de dette européenne de bonne qualité.

Excédents extérieurs globaux et drainage de l’épargne mondiale, tendent à fabriquer un euro fort défavorisant un Sud et une France en position plus difficile : sa capacité exportatrice est insuffisante et ne peut supporter des prix trop élevés à l’exportation.

La fragmentation financière de la zone ne peut que se poursuivre, avec des taux réels élevés dans le sud ( d’après XERFY, pour les emprunts à 10 ans nous avions, fin 2013, 9,5% en Grèce, 4% en Espagne) et des taux faibles dans le nord ( 0,6% en Allemagne)  , même pour la France qui continue de jouir d’une position très privilégiée sur les taux ( 0,04% sur les emprunts à 3 mois soit quasiment 0 selon l’AFT). Cette fragmentation contribuera à détruire le tissu industriel du sud (depuis 2007 réduction de la production correspondante de 30% pour l’Espagne et la Grèce) où à le satelliser (sous- traitance) autour des donneurs d’ordre allemands (la compétitivité espagnole peut partiellement transformer le pays en petite Chine au profit de la grande économie allemande).

La BCE se trouve de plus en plus incapable de maintenir des taux identiques dans toute la zone, homogénéité souhaitable pour l’émergence d’une construction authentique d’un espace économique commun.

Il faudrait pour cela un « quantitative easing » différencié aux proportions gigantesques au profit du sud. Solution que l’orthodoxie monétaire allemande ne peut accepter.

 

Les risques de l’avenir proche

 

Le problème est que la situation est globalement métastable, c’est-à-dire que nous sommes dans une configuration institutionnelle à priori solide, mais qui pourrait très vite se transformer en un autre monde à partir d’un évènement d’importance jugée secondaire.

La métastabilité est un phénomène étudié par les scientifiques, par exemple une combinaison gazeuse qui se transforme brutalement en liquide, ce qui nous fait penser à l’oxygène et à l’hydrogène qui se combinent pour faire apparaitre un autre état qui est l’eau. Mais c’est aussi un phénomène qui peut s’étudier dans les sciences sociales, par exemple la transformation brutale de la configuration institutionnelle soviétique en société de marché. Le monde soviétique que l’on croyait éternel, se transforme brutalement et en fait apparaitre un autre. Et le changement brutal apparait sur la base d’une entropie peu visible qu’un évènement fortuit fera basculer en ce que certains pourraient appeler une catastrophe, et que d’autres appelleront une heureuse révolution. L’évènement fortuit, ou déclencheur, est ce qu’on appelle un catalyseur pour ce qui est de la chimie.

Dans les sciences sociales on parlera volontiers d’un « effet aile de papillon » initiant un schéma de causes et de conséquences inattendues d’ampleur continuellement croissante.

Le monde se trouve dans une situation de blocage institutionnel comme l’était l’URSS : il faut continuer la mondialisation car on ne voit pas qu’il serait possible de l’arrêter, mais la continuer c’est prolonger la crise générale de surproduction à l’échelle de la planète ; il faut arrêter la croissance, mais nous restons majoritairement convaincus que cet arrêt mènerait au désastre économique ; il faut pérenniser la monnaie unique par la construction d’une Europe fédérale garantissant des transferts vers le Sud, mais de tels transferts sont impensables du point de vue du Nord, etc.

S’agissant, pour nous européens, de ce dernier point, le risque est qu’un évènement secondaire, un catalyseur inattendu, vienne assurer une transformation institutionnelle radicale au moins en Europe, mais vraisemblablement à l’échelle de la planète.

Il est possible d’en dresser une liste bien sûr non exhaustive :

--> Les « tests de résistance » des banques que la BCE va organiser tout au long du printemps 2014 confirment  et mettent en lumière les analyses de KPMG selon lesquelles les créances douteuses sous le tapis des banques se montent à 1500 milliards d’euros dont 600 pour l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Il s’agit d’un premier catalyseur potentiel déclenchant une panique et l’effondrement du château de cartes.

--> Le passage obtenu à Bruxelles d’une stratégie de « Bail-out » (on fait payer les contribuables) à une stratégie de « Bail-in » partiel (les actionnaires et créanciers supportent partiellement les faillites bancaires) n’est pas accepté par les marchés qui prennent peur et entrainent un effondrement. Il s’agit d’un second catalyseur potentiel possible.

 

--> La Grèce et/ ou le Portugal, incapables de faire face à l’accroissement de leur dette publique, bloquent les négociations du printemps prochain avec la « Troïka » et quittent la zone Euro. Il s’agit d’un troisième catalyseur potentiel possible.

 

--> Le référendum prévu au titre de l’indépendance de la Catalogne ( 9 novembre 2014) se déroule malgré la grande bataille juridique qui s’est mise en place sous la houlette du premier ministre espagnol et donne un oui à l’indépendance. Ni Bruxelles, ni Madrid  ne reconnaissent  l’indépendance. Il s’agit d’un quatrième catalyseur potentiel possible.

 

--> Les élections européennes de juin 2014 font apparaitre une montée des populismes venant bloquer les négociations concernant des contrats de redressements des pays du sud voulus par l’Allemagne, et contrats déjà repoussés en Décembre 2013 sous la houlette de nombre de pays. Les capitaux quittent le sud pour rejoindre le nord et entraînent une fragmentation financière extrême. La reprise est définitivement bloquée dans le Sud. Voilà un cinquième catalyseur potentiel possible.


--> les discussions concernant la recapitalisation de Peugeot -10 milliards d’Euro à rassembler -tournent mal et l’entreprise dépose le bilan. Avec toutes les conséquences imaginables sur les entreprises sous-traitantes.  Devant la catastrophe, l’Etat français nationalise l’entreprise mais n’en pas les moyens et Bruxelles s’y oppose. De proche en proche, les marchés s’irritent et le taux sur les bons du Trésor flambent, ce qui  ruine les actifs bancaires lourdement chargés de dette publiques. Voilà un sixième catalyseur potentiel possible.


--> Les marchés prennent conscience que l’union bancaire décidée le 18 décembre dernier n’est qu’un leurre : l’Allemagne empêche la mutualisation des risques, la caisse de mutualisation ne sera opérationnelle qu’en 2026, cette dernière est beaucoup trop réduite face au risque potentiel ( 56 milliards alors que le coût du sauvetage 2008 des banques s’est monté à 1611,9 milliards, que les risques aujourd’hui sur les seuls produits dérivés à l’échelle mondiale s’évaluent selon Alpha Value à 693000 milliards de dollars, que la dite caisse de mutualisation ne pourra pas emprunter, etc.). Là encore un nouveau catalyseur est possible : le septième.


--> Devant le premier succès du « Tapering » (réduction de 10 milliards de création monétaire mensuel par la FED)  de Monsieur Bernanke, son successeur à la direction de la banque centrale américaine, Janet Yellen, constatant la forte reprise de l’économie US (4,1% au dernier trimestre 2013) décide de mettre fin au Quantitative Easing et à ses effets pervers sur l’inflation des actifs. Il en résulte un dégonflement de tous les actifs bancaires et une possible panique financière. Là encore, un nouveau catalyseur potentiel : le huitième.

 

--> l’Annonce du programme d’émission de dette publique pour l’Espagne et l’Italie , respectivement 210 et 470 ( !) milliards d’euros pour l’année 2014, dans un contexte de « Tapering » américain, rend tout simplement impossible un tel projet. Remarquons au passage le caractère ahurissant de la situation italienne: 470 milliards d'euros à emprunter en 2014 représente 30% de son PIB! (14% pour l'Esapgne et moins de 9% pour la France). Là encore affolement des marchés et nouveau catalyseur potentiel : le neuvième.

 

On pourrait bien sûr découvrir d’autres évènements à effet aile de papillon. Ajoutons que cet effet bénéficie lui-même d’un "catalyseur sociétal accélérateur" : recul général de la raison au profit des émotions, décrédibilisation des entreprises politiques, montée de l’individualisme et des effets de foule, eux-mêmes facilités par les interconnexions à la vitesse de la lumière issues des nouvelles technologies.

 

De ces scénarios il convient de retenir qu’à l’instar de l’URSS des années 80, le monde se trouve en situation de métastabilité, état qui n’incite guère à la mise en place de grands projets : la politique est devenue simple gouvernance de l’existant.

Tous ces catalyseurs possibles risquent de transformer brutalement le monde. Une nouvelle « Grande Transformation » comme dirait Karl Polanyi. Sans qu’il soit évidemment possible de préciser sa date de naissance, ni le nouvel arrangement institutionnel qui le constituera, on peut légitimement penser que les scénarios imaginés aboutissent tous à une panique financière.

Toutefois, il parait évident qu’à l’inverse de la dernière panique qui a conforté la puissance de la finance (les entrepreneurs politiques ont fait le choix du « bail-out »), ils seront cette  fois obligés de passer par le « Bail-in » et devront par conséquent reprendre le pouvoir. Si en 2008 la main du pouvoir s’est faite tremblante avec un coût de la crise qui a pu être reporté sur les contribuables, la nouvelle crise ne sera plus politiquement acceptable et sera probablement gérée avec brutalité au détriment de la finance. La métastabilité a pu être pérennisée aux grands avantages des entrepreneurs politiques et de la finance en 2008. Ce sera beaucoup plus difficile dans la période à venir si un nouvel effet aile de papillon devait s’enclencher.

Les étapes semblent évidentes et concerneront le maillon faible de la mondialisation c’est-à-dire l’Europe.

Le marché de la dette publique ne pouvant plus fonctionner en raison des taux, et les titulaires de comptes paniqués exigeant des billets ou transférant massivement leurs avoirs dans le pays centre, c’est –à- dire l’Allemagne, les pouvoirs publics seront obligés de renationaliser la monnaie et procéder à la saisie du système bancaire. (L’exposition des banques aux dettes souveraines reste colossale : 474,1 milliards d’euros pour l’Allemagne, 225,2 pour la France, Plus de 400 pour l’Italie, environ 300 pour l’Espagne, etc.)

Cela peut passer en France par l’activation de l’article 16 de la Constitution, et donc la mise sous tutelle de la Banque de France, chargée d’alimenter à coût nul le Trésor, d’instaurer un contrôle des changes, de rapatrier la monnaie fiduciaire au profit de la nouvelle monnaie, etc. Dans le même temps le Trésor est chargé du remboursement de la dette publique dans la nouvelle monnaie nationale, ce qui est prévue par les contrats de prêts qui sont dans leur immense majorité des contrats de droit français. Bien évidemment un taux de change est institué pour l’ensemble des transactions internationales. Inutile d’aller plus loin, il s’agit bien d’un nouvel état du monde, un nouveau projet européen, un nouvel arrangement institutionnel en devenir.

 A suivre.....dans quelques jours... 

 

 

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